L’opposition tient dimanche ses derniers meetings en Afrique du Sud avant des élections législatives mercredi qui pourraient marquer un recul historique de l’ANC au pouvoir depuis la fin de l’apartheid.
La plus grande formation d’opposition, l’Alliance démocratique (DA) a commencé à rassembler ses sympathisants près de Johannesburg dans la matinée.
A la tête d’une coalition incluant une dizaine d’autres petits mouvements politiques, le parti qui prône des réformes libérales comme la privatisation du secteur public est crédité d’environ 25% des intentions de vote. Menée par John Steenhuisen, 48 ans, l’organisation encore largement perçue comme un mouvement blanc a du mal à élargir sa base.
Dans un stade de Benoni d’une capacité de 20.000 places, des partisans munis de T-shirts, drapeaux et parasols arborant le slogan « Sauvons l’Afrique du Sud », installés au pied d’une scène où des artistes locaux ont mêlés musique country et amapiano, ont affirmé à l’AFP vouloir « le changement ».
« Je suis ici pour que mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants aient un avenir meilleur », a expliqué à l’AFP Ann Adams, une boulangère de 69 ans.
« Je veux que les choses changent, je suis fatiguée des mensonges » après trente ans de règne du Congrès national africain (ANC), a renchéri Maria Choene, 42 ans, mère de trois enfants au chômage.
Le même jour, le parti du sulfureux ex-président Jacob Zuma (2009-2018) a appelé ses partisans à une démonstration de force dans la province rurale du Mpumalanga (est), bastion traditionnel du Congrès national africain (ANC).
La formation baptisée Umkhonto We Sizwe (MK), qui pourrait rafler jusqu’à 14% des voix le 29 mai, selon des enquêtes d’opinion, et comptait M. Zuma comme tête de liste, a accaparé la campagne.
Mais l’ancien pilier de l’ANC de 82 ans, encore jugé pour corruption, a finalement été déclaré inéligible à quelques jours du scrutin en raison d’une condamnation à la prison en 2021. Sa photo apparaîtra toutefois sur les bulletins de vote déjà imprimés.
– « L’ANC a échoué »-
Les partis d’opposition qui ont chacun promis de faire tomber l’ANC veulent rallier un maximum de soutiens auprès des quelque 27,6 millions d’électeurs inscrits.
En Afrique du Sud, les électeurs choisissent leurs 400 députés, qui désignent ensuite le prochain président. Une cinquantaine de partis sont en lice.
A lire: Elections en Afrique du Sud: dernier meeting de l’ANC dans un contexte incertain
Samedi, lors du dernier rassemblement de l’ANC dans un énorme stade de Johannesburg qui n’a pas fait le plein, le président Cyril Ramaphosa a encore souligné dans un discours fleuve les progrès accomplis depuis la fin de l’apartheid pour les 62 millions de Sud-Africains.
Le chef d’Etat de 71 ans, qui compte rester pour un second mandat, a répété qu’une victoire de son parti est selon lui inéluctable. Le parti historique risque pourtant, pour la première fois, de perdre sa majorité absolue au Parlement, oscillant entre 40 et 46% dans les sondages.
De nombreux électeurs, partagés entre loyauté pour l’ANC qui a libéré le pays du joug de l’apartheid et une désillusion grandissante nourrie par un quotidien toujours marqué par un chômage endémique ainsi que des pénuries d’eau et d’électricité trente ans après l’avènement de la démocratie, pourraient se détourner du parti historique.
La multiplication des affaires de corruption impliquant des figures du parti a aussi profondément entamé la confiance des électeurs.
« Un amour qui ne fonctionne pas doit cesser. L’ANC a eu sa chance et a échoué », constate Isaac Tembo, un chômeur de 66 ans dans les rangs de la DA dimanche.
En passant sous la barre des 50%, le parti au pouvoir serait contraint à nouer des alliances. Les experts prédisent des négociations serrées dans les jours suivant le vote autour de la formation d’un prochain gouvernement de coalition.
Source: Agence France-Presse
