“De l’eau, à manger et la dignité”, la trinité des réfugiés soudanais au Tchad (MSF)

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“De l’eau, de la nourriture et la dignité” sont les trois choses que réclament les réfugiés qui ont fui en masse les violences au Soudan pour se réfugier au Tchad, raconte jeudi le président international de MSF.

“J’ai constaté moi-même que MSF fait de son mieux pour fournir de l’eau, même si c’est en-dehors du champ d’expertise d’une organisation médicale”, souligne Christos Christou, dans un entretien à l’AFP, tout juste revenu de la région, de ses camps de réfugiés dans l’est du Tchad et du Darfour au Soudan.

Trois choses que réclament les réfugiés soudanais au Tchad

 

A lire: Guerre au Soudan : 230.000 mères et enfants risquent de mourir de faim (ONG)

 

 

Dans les camps, MSF est souvent le principal voire le seul pourvoyeur d’eau.

“Nous fournissons parfois de 70 à 80% de l’eau et malgré cela, ce n’est pas suffisant”, insiste le responsable, rappelant que l’on estime à 20 litres d’eau par personne et par jour le besoin dans cette région.

Si grâce à l’organisation certains réfugiés ont accès à 13 litres d’eau par jour, ailleurs cela peut chuter à 3 litres seulement, a-t-il souligné.

MSF fournit ainsi l’essentiel de l’eau dans les camps de Adré, Aboutengue, Metché et al-Atcha. La saison sèche approche et les températures atteignent alors les 50 °C.

“Et la nourriture non plus n’est pas suffisante” lui ont expliqué tous ses interlocuteurs.

 

– “Ils s’effondrent en larmes” –

 

Christos Christou insiste aussi sur un bien moins tangible: “la dignité”.

“J’ai rencontré beaucoup de gens qui ont perdu des collègues, des membres de leur famille, qui ont vu beaucoup de souffrances et d’atrocités, mais il se sont montrés vraiment résilients”, explique le médecin.

“Ils ont eu assez de force jusqu’à l’arrivée au camp” où ils espéraient se voir fournir les moyens de reconstruire leur vie.

“Quand cela ne vient pas, ils s’effondrent et commencent à pleurer en face de moi”, raconte le responsable.

Soudan

 

A lire: Le Soudan au bord de “la pire crise de la faim au monde” (PAM)

 

 

Plus de 600.000 personnes ont fui les combats qui font rage au Soudan depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir.

 

Ils ont fait des milliers de morts et plus de huit millions de déplacés, selon l’ONU.

“Nous avons besoin de beaucoup plus d’acteurs, d’agences des Nations unies et de nombreuses autres organisations, d’être plus présents sur le terrain” explique le docteur, qui dit comprendre “les graves problèmes de financement” auxquels sont confrontées en particulier des agences onusiennes.

Il faut coordonner mieux et agir plus rapidement souligne t-il.

“Ce que j’ai moi-même constaté, c’est aussi un nombre croissant de personnes qui fuient ces jours-ci”, insiste le responsable.

 

– “Toutes les deux heures” –

 

Christos Christou a aussi pu se rendre au Darfour, la région frontalière avec le Tchad, pour faire le tour des opérations de MSF sur place.

“Rien qu’en traversant la frontière et en prenant la route du Darfour, vous pouvez voir et imaginer le niveau de violence et les atrocités qui se sont produites ces derniers mois”, explique le responsable, notamment le niveau de destruction à El-Geneina au Darfour-Ouest.

Le Darfour, déjà le théâtre d’un génocide en 2003, est dans une situation humanitaire catastrophique et en situation d’urgence alimentaire, juste un cran en-dessous du plus grave niveau de l’ONU.

Une étude menée par MSF dans un camp près de El-Facher, le chef-lieu du Darfour-Nord, a frappé Christos Christou.

Trois choses que réclament les réfugiés soudanais au Tchad

 

A lire: Soudan : l’aide humanitaire vitale pour le Darfour bloquée par les autorités (ONG)

 

 

“Des enfants meurent dans des proportions inacceptables – de l’ordre d’un enfant mort toutes les deux heures – à cause de la malnutrition et de très mauvaises conditions de vie”, dénonce le médecin.

A Zalingei, la capitale du Darfour-Centre, “j’ai également été choqué d’apprendre qu’un grand hôpital là-bas ne fonctionnait presque plus du tout”, hormis les urgences et les besoins médicaux des mères et des enfants.

“De nombreuses autres activités vitales manquent. Les programmes de vaccination font complètement défaut et il y a très, très, peu, voire aucun autre acteur (humanitaire) en ce moment” sur place, souligne le médecin.

 

 

Source: Agence France-Presse

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