Le Pr Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, est en larmes après le décès d’Anicet Ekané. Dans un message, il parle de tragédie du moment présent. Voici l’intégralité de son message…..
« Ils l’ont tué, ils ont tué le président du Manidem, Georges Anicet Ekané, depuis ma déclaration du 25 septembre 2025. C’est sur la base de la résolution du Conseil national du Mrc, du 6 septembre 2025. Par laquelle il était laissé à chaque électeur la liberté de voter en son âme et conscience.
Pour un candidat de l’opposition de son choix, je m’étais imposé le silence. Car notre parti était et demeure à ce jour dirigé par le président national par intérim, M. Mamadou Yacouba Mota. J’ai repris la parole le 17 octobre, face à la gravité des premières violences post-électorales. Pour exhorter à la retenue, à l’esprit de discernement, au respect de la vie humaine et du verdict des urnes.
La tragédie du moment présent
La tragédie du moment présent m’impose de prendre à nouveau la parole, simple militant que je suis de mon parti. Après la concertation d’usage en raison des liens qui se sont tissés entre le Président Anicet Ekane et nous. Dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Sa mort en détention heurte violemment les consciences. Je porte en mon âme son deuil que ravive le souvenir de chacune de nos rencontres, pourtant si peu nombreuses.
Je m’étais promis de rendre visite au président Ekane, au professeur Jean Calvin à Aba’a Oyono et à Djeukam Tchameni. Après la convention extraordinaire du Mrc, prévue le 29 novembre 2025. Ce jour-là, j’ai convenu avec quelques-uns des avocats qui accompagnent ces détenus politiques.
De faire cette visite hier, lundi 1ᵉʳ décembre 2025, à 9 heures. Le jour-dit, alors que je m’approchais du Secrétariat d’État à la Défense. Où ils sont détenus, au camp Yeyap, à Yaoundé, j’ai appelé un des avocats pour avoir leur position.
C’est avec le décès d’Anicet Ekane qu’on m’a accueilli. Le président Georges Anicet Ekane a été assassiné par la haine de Maurice Kamto. L’exécration du Mrc, la détestation d’Issa Tchiroma Bakary, le mépris de la démocratie et l’angoisse du changement. Au regard des circonstances qui entourent sa mort, celle-ci ne peut être regardée autrement que comme un authentique crime d’État.
Une nouvelle page du martyrologue camerounais
Cher Anicet, malgré les épreuves de la vie et la violence de la prison que tu avais déjà expérimentées par le passé. Toujours pour tes opinions politiques, je crois pouvoir dire, de la distance qui était la mienne. Que tu n’as jamais renoncé à tes convictions nationalistes.
Je parle de ton attachement profond à un Cameroun véritablement libre, souverain et soucieux du bien-être de tous ses enfants. Malgré des moments de confusion et de relâchement, ces convictions sont restées comme une veilleuse au fond de toi.
Il faut plaindre les âmes errantes, vides de toute substance, qui se moquent de tout, rient de tout. Et qui, dans leurs desseins ténébreux, croient pouvoir banaliser ta mort héroïque. Ils espèrent pouvoir distraire le peuple camerounais, comme ils l’ont fait si souvent dans le passé.
Face à des morts jamais élucidées et échapper ainsi à leurs responsabilités juridiques, politiques, morales et historiques. Pour l’assassinat froidement exécuté d’un compatriote malade, dirigeant politique connu. Uniquement pour cause de divergence dans les choix politiques. Ta mort fertilisera la lutte de notre peuple pour son émancipation totale.
Ton holocauste suit ceux des héros nationaux qui t’ont précédé sur le long chemin de cette lutte. Tu inaugures une nouvelle page du martyrologue camerounais, celle de l’assassinat en détention de leaders et militants politiques camerounais, pas des Camerounais. Sur les uns et les autres plane désormais le même spectre de la mort, par la main noire du règne des ténèbres.
Disparition d’Anicet Ekane : L’hommage d’un ex-ministre de Biya
À qui sera le tour suivant ? Pour ma part, comme toi, je suis né ici, je vis ici et je mourrai ici. Si le pire devait arriver, nous l’attendrions ici, dans la dignité. Et les humiliations répétées n’y changeront rien.
Une nouvelle phase de la lutte
Cher Anicet, ta mort inaugure une nouvelle phase de la lutte. Celle où les Camerounais sont revenus de toutes leurs illusions. Mais où leur ardeur sera décuplée afin que tu ne sois pas mort en vain. Et qu’ils aient un jour l’occasion de célébrer ta grandeur d’âme, le panache avec lequel tu as quitté la scène. Au terme d’un parcours remarquable en cette année 2025.
Car, de la grandeur, tu nous en as montrée. Au moment où nous t’avons approché pour obtenir l’investiture du Manidem à l’élection présidentielle d’octobre dernier. Alors que tous avant toi avaient exigé de l’argent, on en est resté ensemble sur les idées. Et tu fus manifestement sensible à l’appel de l’Histoire.
Lorsque je me fis auprès de toi l’écho de cet appel, j’ai pu noter à quel point il a résonné en toi. Mais je ne pouvais me douter que tu entrerais aussi vite au Panthéon des martyrs de la lutte du peuple camerounais. On se préparait à te poser des lauriers bien mérités le moment venu.
Maintenant que la vie t’a été arrachée sans pitié à la lutte. Ceux qui exécutent la danse macabre dans notre pays croient en leur victoire éternelle. Mais notre lutte commune, celle de tout le peuple camerounais, se poursuivra. Plus puissante que jamais, sur des générations encore s’il le faut. Mais elle aboutira.
La paix de ton visage, que j’ai contemplé lundi matin sur ton lit de mort, est le serment que tu nous en donnes. La lumière brillera sur le Cambrou, inévitablement. May your soul rest in perfect peace. »















