Vers la prochaine étape de la paix : dans l’ombre d’une trêve vacillante, le Qatar et l’Égypte élèvent la voix. Médiateurs et garants, ils exigent le retrait des troupes israéliennes de Gaza et plaident pour l’envoi urgent d’une force internationale. Leur appel dépasse la simple diplomatie : il incarne la volonté de transformer une pause fragile en horizon de stabilité, de faire de Gaza non plus un champ de ruines mais un espace où la paix peut enfin s’esquisser.
Cette déclaration n’est pas seulement diplomatique. Elle traduit la tension d’un équilibre précaire, où chaque geste peut faire basculer la paix ou rallumer la guerre. Dans ce théâtre fragile, l’appel des deux pays devient une image forte : celle d’une résistance collective pour donner corps à une trêve encore suspendue au fil du temps.
Ces mesures ne sont qu’un volet de la deuxième phase du plan du président Donald Trump. Objectif : mettre fin à la guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
– La trêve révèle ses fractures –
La première phase du plan, lancée avec la trêve du 10 octobre, prévoyait l’échange : otages vivants et morts contre des centaines de prisonniers palestiniens. Depuis mercredi, il ne reste plus qu’un seul corps d’otage à Gaza.
Elle incluait aussi un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza, qui ont conservé le contrôle d’environ 50% du territoire.
« Moment critique », prévient le Premier ministre qatari. Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani insiste : pas de cessez-le-feu réel sans retrait total des forces israéliennes et retour de la stabilité à Gaza. Déclaration faite samedi à Doha.
« En ce moment, nous nous réunissons », souligne-t-il. Le Qatar, la Turquie, l’Égypte et les États-Unis travaillent ensemble pour avancer vers la prochaine phase.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, et son homologue qatari ont insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts pour appliquer l’accord de paix, étape par étape.
Le ministère égyptien a précisé que cette position commune a été réaffirmée lors de leur rencontre en marge de la conférence. Ainsi, les deux diplomates affichent une volonté claire : maintenir la dynamique et transformer les engagements en actes.
– Le Hamas écarte un désarmement immédiat –
La deuxième étape du plan, qui n’a pas encore été approuvée, prévoit aussi le désarmement du Hamas.
Samedi soir, le mouvement islamiste palestinien a annoncé sa disposition à remettre ses armes dans la bande de Gaza à une autorité palestinienne locale. Cette décision serait conditionnée à la fin de l’occupation militaire israélienne.
« Nos armes sont liées à l’existence de l’occupation et de l’agression », a déclaré dans un communiqué Khalil al-Hayya, chef du Hamas pour Gaza et principal négociateur du mouvement islamiste palestinien, qui ajoute : « si l’occupation prend fin, ces armes seront placées sous l’autorité de l’État. »
Interrogé par l’AFP, le bureau de M. Hayya a précisé qu’il parlait là d’un État de Palestine souverain et indépendant.
Le chef du Hamas a en outre signifié clairement le refus de son mouvement du déploiement d’une force internationale dans la bande de Gaza qui aurait pour mission de le désarmer.
« Nous acceptons le déploiement de forces de l’ONU en tant que forces de séparation, chargées de surveiller les frontières et de veiller au respect du cessez-le-feu à Gaza », a-t-il spécifié.
– Force internationale en débat –
Des discussions sur la structure de cette force internationale de stabilisation et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, également présent à Doha. Israël s’oppose à la présence en son sein de forces turques, jugeant la Turquie trop proche du Hamas.
Le premier objectif de cette force doit être « de séparer les Palestiniens des Israéliens », a souligné M. Fidan.
Les ministres des Affaires étrangères d’Égypte et du Qatar ont appelé à la formation rapide d’une force de sécurité, a indiqué le ministère égyptien.
Les pays arabes et musulmans hésitent à participer à cette nouvelle force, qui pourrait mener à combattre des Palestiniens.
La trêve reste très fragile dans le territoire palestinien dévasté. Israël a bombardé à plusieurs reprises la bande de Gaza. Selon la défense civile locale, placée sous l’autorité du Hamas, plusieurs centaines de personnes ont été tuées. L’armée israélienne affirme agir en représailles à des violations du cessez-le-feu par le mouvement islamiste palestinien.
Le ministre turc des Affaires étrangères a jugé que « le désarmement » du Hamas « ne peut pas être la première chose à faire dans le processus ». « Nous devons procéder dans le bon ordre, nous devons être réalistes », a-t-il déclaré.
– Pas de « déplacement » des Gazaouis –
Le ministre égyptien a réaffirmé sa position. Le poste-frontière de Rafah, rouvert par l’accord de trêve, ne servira pas à déplacer la population palestinienne. Cette précision vise à couper court aux spéculations. Il servira uniquement à acheminer l’aide humanitaire et médicale.
Vendredi, l’Égypte, le Qatar et six autres pays à majorité musulmane ont exprimé leur profonde inquiétude. Ils réagissaient à l’annonce d’Israël, qui prévoit d’ouvrir ce passage uniquement pour permettre la sortie du territoire palestinien.
Le Caire a nié avoir accepté cette mesure. Les autorités ont insisté : le passage doit rester ouvert dans les deux sens. Leur position est claire, ferme et sans ambiguïté.
L’attaque du 7 octobre a fait 1 221 morts en Israël. La majorité était des civils. Selon le bilan officiel compilé par l’AFP, le chiffre souligne l’ampleur du drame. En conséquence, le pays reste marqué par la violence. De plus, les autorités insistent sur la gravité de l’événement. Enfin, ce décompte rappelle la vulnérabilité des populations face aux assauts soudains.
L’offensive israélienne a causé plus de 70 000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. La majorité des victimes sont des civils. L’ONU juge ces chiffres fiables, bien qu’Israël les conteste.
© Agence France-Presse
















