Accra, Ghana
Amnesty International a dénoncé jeudi l’adoption la veille par les députés ghanéens d’une loi restreignant drastiquement les droits de la communauté LGBT+ au Ghana, faisant suite aux condamnations des Etats-Unis et de l’ONU.
Au lendemain de ce vote en faveur de la loi dite « des droits sexuels humains et des valeurs familiales ghanéennes », Amnesty International s’est dite « choquée et profondément déçue », d’autant plus que « le Ghana a été élu membre du conseil des droits de l’homme de l’ONU » en octobre 2023.
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« Cette loi est l’une des plus draconiennes en Afrique et criminalise encore plus la communauté LGBT+ », a déclaré l’ONG jeudi dans un communiqué, alors que la loi « punit quiconque soutient les personnes LGBT+, dont les défenseurs des droits de l’homme, les professionnels de la santé, les journalistes, les professeurs » d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.
Selon les dispositions du projet de loi, les personnes se livrant à des activités LGBT+ encourent une peine d’emprisonnement allant de deux mois à trois ans. En outre, « la promotion » de l’homosexualité est passible d’une peine de prison allant de cinq à 10 ans.
Ce texte avait été déposé au Parlement en 2021 mais son vote avait toujours été différé.
Au Ghana, pays très religieux à majorité chrétienne, les relations entre personnes de même sexe sont interdites mais il n’y a eu aucun cas de poursuite aux termes de la loi datant de l’ère coloniale.
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Cependant, les personnes queer (dont l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ne correspond pas aux modèles dominants) y sont régulièrement la cible de discriminations.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a estimé mardi soir que l’adoption de cette loi par le Parlement ghanéen est « profondément perturbante ».
« Le projet de loi est contraire à la Constitution du Ghana et aux obligations et engagements régionaux et internationaux librement contractés en matière de droits de l’homme », a-t-il ajouté en demandant que « ce texte ne soit pas promulgué ».
Les Etats-Unis se sont également dits « profondément troublés » par cette loi, qui « menace les libertés d’expression, de presse et de réunion de tous les Ghanéens ».
« Restreindre les droits d’un groupe dans une société, c’est porter atteinte aux droits de tous », a affirmé le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, dans un communiqué, en soulignant qu’une telle loi pourrait aussi nuire aux investissements étrangers au Ghana.
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Pour entrer en vigueur, la loi doit encore être promulguée par le président ghanéen, Nana Akufo-Addo.
Mais ce dernier quittera le pouvoir en décembre, après deux mandats, et pourrait ne pas vouloir compromettre son image à l’étranger en validant cette loi condamnée par une partie de la communauté internationale et les défenseurs des droits humains.
Le vote de la loi a pour l’heure donné lieu à peu de réactions politiques internationales, certains experts estimant que plusieurs acteurs diplomatiques tentent de convaincre le président ghanéen de ne pas adouber ce texte.
Ironiquement, le parlement ghanéen a adopté cette loi deux jours avant la journée internationale zéro discrimination, le 1er mars.
Source: Agence France-Presse