De la délégation à la dépossession, la logique semble floue chez les citoyens. Selon le politologue, les Camerounais ne sont plus dans une République, mais dans une République déléguée. Un régime où le pouvoir ne se transmet plus par le peuple, mais par paraphe.
Vincent Sosthène Fouda flingue le gouvernement. Dans une réflexion intitulée Cameroun : « De la délégation à la dépossession » qu’il vient de produire. Le journaliste tire à boulets rouges sur le régime en place. « La République vacille, non pas sous le poids de ses ennemis extérieurs. Mais sous le silence complice de ses propres institutions ».
« Le Cameroun, ce grand corps politique que l’histoire coloniale n’a jamais su vêtir d’une Constitution digne de ce nom. Est aujourd’hui victime d’une gangrène institutionnalisée. Celle d’un pouvoir délégué qui, par excès de durée et de zèle, s’est mué en dépossession », décrit l’écrivain.
Une République déléguée
Il observe. Depuis 2019, « la délégation de signature présidentielle au Secrétaire général de la présidence n’a pas seulement déséquilibré. Le système bicéphale que prétend organiser notre Constitution ». Elle a, selon lui, codifié une monarchie administrative. Où les « Très hautes instructions » ne viennent plus du sommet, mais de ses ombres.
Pour l’écrivain, le président est devenu une abstraction que l’on cite sans preuve. Une volonté qu’on interprète à loisir. Et cela, inquiète-t-il, nul ne semble s’en offusquer. Pourtant, fait-il observer, ce pays ne manque pas d’intellectuels, mais il manque de courage. Aussi ne manque pas de lois, mais de leur application.
« Le Sgpr agit, dicte, sanctionne. Tandis que le Premier ministre semble gouverner par permission tacite. Nous ne sommes plus dans une République, mais dans une République déléguée. Un régime où le pouvoir ne se transmet plus par le peuple, mais par paraphe », dénonce l’homme politique.
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Institutions en panne
Pour lui, les institutions sont en panne non pas faute de compétences, mais parce qu’elles sont piégées par l’opacité. Et la peur de penser autrement. « Chaque haut fonctionnaire scrute les plis du regard du Sgpr. Pour y deviner l’avenir de sa carrière. La loyauté se mesure non plus à la Constitution. Mais à la proximité du bureau présidentiel. Ainsi meurt la République », déplore Vincent Sosthène Fouda.
Et d’aviser : « l’histoire nous enseigne que toute délégation sans retour devient fatalement une usurpation. Et lorsque les institutions ne corrigent pas les déviations, la rue, tôt ou tard, s’en charge. Les peuples, eux, ne délèguent jamais leur souffrance ».
« Ils la crient, la gravent sur les murs et parfois l’explosent dans les urnes. L’heure est venue de reprendre notre récit national. Non dans les salons de l’hyperprésidence. Mais dans les marges où se jouent les vrais combats ».
















