L’augmentation des prix des hydrocarbures à la pompe vient alourdir le climat social.
C’est acté. Après le discours du chef de l’État à la nation, annonçant l’augmentation des prix du super et du gasoil, les pompes débitent 840 Francs CFA pour le super et 828 Francs CFA pour le gasoil. Le communiqué signé du Secrétaire général du Premier souligne que les prix des autres produits restent inchangés. Le litre de pétrole coûte 350 Francs CFA et la bonbonne de gaz s’obtient à 6500 Francs CFA. La même communication indique que le gouvernement envisage de mettre en œuvre, à brève échéance, les mesures d’accompagnement. Le revenu des agents publics est revalorisé de 5 pour cent du salaire de base. Dans le même temps, les autorités gouvernementales envisagent aussi d’ouvrir un dialogue avec le secteur privé sur le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). De même qu’il est annoncé l’allègement de certaines charges fiscales et douanières dans le secteur du transport.
L’augmentation des prix des hydrocarbures au Cameroun intervient dans un contexte de stagnation du prix du baril de pétrole sur le marché international. Le baril estimé à 159 litres coûte 77 Dollars, soient 46 mille 354 Francs CFA. En valeur unitaire, le litre de pétrole est acheté à 290 Francs CFA sur le marché international.
Hausse du coût de la vie
La nouvelle hausse des prix du super et du gasoil, après celle de février 2023, vient rajouter au coût des produits de consommation connexe au super et au gasoil. Dans la réalité, l’augmentation des prix du super et du gasoil ouvre le champ à la hausse des coûts du transport. Hausse qui impacte nécessairement sur les prix de tous les produits.
Dans les faits, l’augmentation des produits hydrocarbures à la pompe, à l’exception de la République centrafricaine place le Cameroun au rang de Pays ayant les prix les plus élevés en hydrocarbures, dans la sous-région Afrique Centrale. Une réalité au-delà des simulations économiques énoncées par des économistes et des parlementaires.
Surtaxation du carburant
Économiste en vue, le Docteur Kakdeu explique que ” le carburant est cher au Cameroun pour deux raisons : d’abord, le choix du régime en place de traiter avec des traders qui font dans la spéculation.” Mais aussi, souligne la même source,” le choix du gouvernement de procéder à la surtaxation du carburant.” Dans les faits, le gouvernement prélève 26 taxes sur chaque litre de Super, gasoil et pétrole.
Député à l’Assemblée nationale, l’honorable Cabral Libii soutient que les prix pratiqués sur les carburants au Cameroun sont “excessifs”. Le député propose la suppression de certaines taxes pour améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs. L’honorable Cabral Libii, sur la base d’une enquête propose la suppression du prélèvement des 47, 88 Francs CFA institués sur chaque litre de Super, gasoil et pétrole. La même suggestion s’applique à la redevance portuaire, à la taxe sur la valeur ajoutée sur les redevances portuaires, le passage dépôt à la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) ainsi que le marquage chimique à l’Hydrac. Des suppressions qui devraient réduire les prix du super et du gasoil de 200 Francs CFA, au moins.
Le gouvernement doit rendre des comptes
Les experts s’accordent à dire que les ventes à l’export du pétrole camerounais, estimées à 600 milliards de Francs CFA doivent permettre au Cameroun d’équilibrer ses dépenses d’achat, elles, estimées à 400 milliards de Francs CFA. Dans son enquête, le député indique la nécessité pour le gouvernement et la Société nationale des hydrocarbures (Snh), de rendre compte des 500 milliards de Francs CFA prélevés chaque année.
L’augmentation des prix du super et du gasoil, intervient dans un contexte social tendu. Quoi qu’il soit annoncé des revalorisations salariales pour les personnels de l’administration publique, la proportion de 5% évoquée par le gouvernement est loin d’équilibrer les ratios entre les prix pratiqués au Cameroun et les rémunérations proposées.
Joseph Olinga Ndoa