Les cloches ont sonné. Le pape Léon XIV a canonisé sept nouveaux saints. Parmi eux : le premier saint papou, un archevêque victime du génocide arménien, un médecin vénézuélien surnommé « médecin des pauvres ».
La cérémonie s’est tenue dimanche, sur la place Saint-Pierre. Et elle marque une nouvelle étape du pontificat américain.
La messe a commencé à 10h30. Lieu: place Saint-Pierre. Le pape Léon XIV a canonisé sept figures. Parmi elles : trois religieuses dévouées aux pauvres et aux malades, Bartolo Longo, ancien prêtre sataniste devenu apôtre du rosaire. Un contraste fort. Et une cérémonie marquée par la rédemption.
Né en 1841, Bartolo Longo était avocat. Il a renoncé au satanisme. Il a embrassé la foi catholique. Et il a fondé le sanctuaire pontifical de la Vierge du Rosaire à Pompéi.
– Sept visages, sept blessures transfigurées –
Dans le cortège des canonisations, deux figures se détachent par leur silence et leur sacrifice. Peter To Rot, premier saint papou, laïc et père de famille, exécuté par les Japonais pour avoir défendu le mariage chrétien. Ignazio Choukrallah Maloyan, évêque arménien, arrêté, torturé, sommé de renier sa foi — et mort en 1915 pour avoir dit non.
Leur canonisation est plus qu’un hommage. C’est une reconnaissance posthume, une réparation spirituelle, une mémoire rendue visible. Et dans le geste du pape Léon XIV, une tension : celle d’un pontificat qui inscrit la sainteté dans les blessures de l’Histoire.
José Gregorio Hernández Cisneros, laïc vénézuélien, a été canonisé. Né en 1864, mort en 1919. Médecin des pauvres. Déjà vénéré dans son pays. Le pape François l’avait qualifié de « proche des plus faibles ».
Maria Carmen Elena Rendiles Martinez était religieuse. Vénézuélienne. Née sans bras gauche.Malgré son handicap, elle a fondé la Congrégation des Servantes de Jésus, qu’elle a dirigée jusqu’à sa mort en 1977. Et elle devient la première sainte du Venezuela.
Devant 70 000 fidèles, le pape Léon XIV a pris la parole. Il a salué les sept nouveaux saints. Des témoins. Des gardiens de la foi. « Ils ont gardé la lampe allumée », a-t-il déclaré.
Le pape Léon XIV a conclu son homélie par un appel. Il a invoqué les sept nouveaux saints. Qu’ils nous soutiennent dans l’épreuve. Qu’ils nous inspirent dans notre marche vers la sainteté.
– « Bienfaiteurs de l’humanité » –
Dans son homélie, le pape Léon XIV n’a pas seulement nommé les saints. Il les a typifiés. Il a tracé une cartographie spirituelle, une grille de lecture du sacré incarné.
Quatre figures émergent : Les martyrs, qui ont payé leur foi de leur vie, Les missionnaires, qui ont semé la parole dans les terres lointaines, Les fondateurs, qui ont bâti des congrégations comme on érige des bastions, Les bienfaiteurs, qui ont soigné, nourri, relevé — sans attendre de miracle.
Ce classement n’est pas neutre. Il révèle une tension : celle d’un pontificat qui veut faire de la sainteté une stratégie d’impact. Une sainteté active, incarnée, transmise.
Le cardinal Marcello Semeraro a pris la parole. Il a lu les portraits des sept futurs saints. La foule a applaudi. Puis le pape Léon XIV a prononcé la formule de canonisation. Un décret. Une reconnaissance officielle. Ils sont désormais saints.
Deux religieuses italiennes ont été canonisées. Vincenza Maria Poloni, fondatrice de l’Institut des Sœurs de la Miséricorde de Vérone. Elle a soigné les malades dans les hôpitaux. Maria Troncatti, missionnaire en Équateur. Elle a consacré sa vie aux populations indigènes. Deux vies. Deux vocations. Deux saintetés incarnées.
Les fenêtres de la place Saint-Pierre se sont ouvertes comme des balcons de mémoire. Sept portraits, immenses, suspendus dans le vent — sept visages appelés à devenir figures éternelles.
Puis, dans un silence tendu, Léon XIV est apparu. Premier pape américain, vêtu d’une soutane blanche cérémonielle, coiffé d’une mitre immaculée. Devant lui, les évêques et cardinaux, eux aussi drapés de blanc, formaient un cortège presque spectral.
Ce n’était pas une procession. C’était une dramaturgie. Une liturgie visuelle où chaque détail — vêtement, rythme, regard — portait la tension d’un passage : de l’humain au sacré, du visible à l’exemplaire.
– De la place Saint-Pierre à l’éternité –
Après la cérémonie, Léon XIV a ensuite fait un tour dans sa papamobile, parcourant la célèbre place Saint-Pierre avant de descendre la Via della Conciliazione, artère principale menant au Vatican pour bénir des fidèles.
Il s’agit de la deuxième cérémonie de canonisation présidée par le pape américain depuis son élection à la tête de l’Église catholique le 8 mai.
En septembre, il a proclamé saints les Italiens Carlo Acutis – un adolescent surnommé « geek de Dieu » emporté par une leucémie à l’âge de 15 ans en 2006 – et Pier Giorgio Frassati, considéré comme un modèle de charité, décédé en 1925.
La canonisation – étape finale vers la sainteté dans l’Église catholique, succédant à la béatification – est le fruit d’un long processus et ne peut être approuvée que par le pape. Elle requiert trois conditions: être mort depuis cinq ans au moins, avoir mené une vie chrétienne exemplaire et avoir accompli au moins deux miracles.
Source: Agence France-Presse
















