Ekani Ottou :”La surfacturation de l’import-habituation a aveuglé nos dirigeants.”

Voici la vraie Import Substitution stratégique!*

Expliquez-moi un peu, si on doit importer le carburant que nous consommons, pourquoi on ne le prend pas officiellement au Nigéria à côté à 200frs au prix de gros?

On est d’accord que nos 100 barils/jour ne sont pas transformés, que notre demande de 80 millions de litres mensuelle n’est que le tiers de ce que nous vendons en brut, mais pourquoi dépendre des lointains traders internationaux quand nous avons un géant pétrolier qui raffine son brut à côté ?

Le Grand Nord du Cameroun est alimenté à 80% par le raffiné du Nigéria mais de manière informelle et délicate et le litre “à la pompe” là-bas revient à 400 frs; et le même État qui nous sature avec une structure de prix alambiquée ici, consomme ce carburant !

La souveraineté et l’exclusivisme dont on se gargarise vis-à-vis de notre carburant ne peut-elle pas nous faire prendre des décisions qui soient bénéfiques pour nos populations qui souffrent le martyre ?

Comment peut-on faire dire au Président la même bêtise chaque année “Conjoncture internationale”… Le Nigéria par son pétrole raffiné moins cher ne fait pas partie de l’international ?

Ah, le carburant du Nigéria, le zoua zoua serait impropre pour nos véhicules… J’ai entendu cette idiotie quand j’étais plus jeune. Dites un peu, les officiels qui utilisent ce carburant dans le grand Nord, leurs moteurs ont coulé quand?

L’aliénation de nos dirigeants et cette propension à vouloir acheter tout de l’extérieur lointain alors que plus de la moitié de ce que nous utilisons peut être produit et transformé localement (ils disent qu’en Occident, les produits sont de qualité) les a fait inventer un autre spectre de leur incompétence : L’import substitution.

Au lieu donc de dépendre de Total, SGS etc. et de toute la gamme des trafiquants de prix qui augmentent les coûts du liquide qui fait tourner tout dans notre fragile économie, en attendant de construire une raffinerie qui puisse transformer notre brut, substituons nos traders trop chers, transport trop cher, backshishs trop chers, et permettons à nos concitoyens de s’en sortir.

Le Nigéria n’est pas notre ennemi, une décision pareille pourrait booster notre économie et qui sait ce que nous pourrions aussi vendre à moindre coût au Nigéria, l’énergie par exemple.

Même en Angola, on peut négocier le prix du raffiné en Brent ou en autre chose.

La surfacturation de l’import-habituation a aveuglé nos dirigeants.

Ils disent qu’ils sont Chrétiens. Ludovic Lado a peut-être raison, ça doit être dans les écoles confessionnelles où ils ont été formés qu’il faut aller chercher cette propension à la tromperie.

S’il vous plaît, allez dire au Président que nous pouvons acheter le carburant raffiné au Nigéria et vendre à la pompe partout au Cameroun à 400 frs voire moins. On ne nous parlera plus de subvention ou que le FMI est monté descendu.

On pourra ainsi continuer à vendre notre brut en l’état en attendant que nous nous débarrassions de ceux qui nous racontent des histoires à dormir debout sur le plan géostratégique.

                                                                                      Ekani Ottou, homme politique

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