Au village Nang-Mana près de Nanga-Eboko, le fleuve Sanaga a encore arraché deux vies. Deux adolescents de 17 et 19 ans ont été emportés par le courant.
Ce jour-là, une simple partie de baignade devait apporter un moment de détente entre les jeunes du village Nang-Mana. Pourtant, elle s’est transformée en tragédie. Quelques jours plus tard, un seul corps a été retrouvé tandis que l’autre demeure introuvable.
Vincent Paul Ngoa, leur frère aîné, a vu la scène. Sa voix reste tremblante lorsqu’il se souvient. « Nous étions cinq au départ. Trois ont survécu. Mes deux frères cadets se sont noyés », raconte-t-il. Le drame a été fulgurant. Selon les témoins, quelques secondes ont suffi pour que le courant entraîne les deux garçons loin du rivage.
Vincent Paul a tenté l’impossible. « J’ai couru vers la pirogue. J’ai essayé de tirer ceux qui luttaient encore, mais je n’ai pas pu. Mes deux cadets étaient déjà sous l’eau », murmure-t-il, le regard vide. Sa culpabilité silencieuse se lit dans chacun de ses gestes. Dans la famille, l’incompréhension domine. Les parents ne trouvent pas les mots et ne parviennent pas à accepter la disparition soudaine de leurs enfants. La maison familiale est plongée dans un silence pesant, brisé seulement par les pleurs étouffés de la mère.
Après vingt-quatre heures de fouilles, les secours ont repêché le corps du plus jeune. Âgé de 17 ans, il était élève en classe de 3e au lycée rural de Nanga-Eboko. Le corps de son frère aîné manque toujours à l’appel, laissant la famille suspendue entre espoir et désespoir.
Répétitions de noyade
Dans la localité encore appelé cité des manguiers, le choc est profond. Ce drame n’est pas le premier. Les habitants évoquent d’autres noyades survenues ces derniers mois dans la Sanaga. Ces répétitions alimentent la peur. Elles soulèvent des questions. S’agit-il de simples accidents ? Ou y aurait-il une part de mystère dans ces disparitions ? Dans cette communauté habituellement paisible, les interrogations se multiplient et les habitants veulent comprendre.
