Les prochains engagements de décarbonation des Emirats arabes unis, d’Azerbaïdjan et du Brésil seront conformes aux exigences pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, ont annoncé mercredi les trois pays, présidents respectifs de la COP28 et des deux suivantes, dans une lettre pressant les pays d’en faire autant.
Enjeu majeur des négociations climatiques, la troisième salve de NDC, censée fixer des objectifs précis pour l’horizon 2035, doit se conclure à la COP30 de Belém au Brésil, fin 2025.
Ceci implique que les pays soumettent leurs engagements d’ici février 2025.
Or les choses bougent peu jusqu’à présent, selon plusieurs observateurs.
Simon Stiell, patron de l’ONU Climat, a mis la pression le premier, rappelant le 14 mars que ces nouveaux plans seront les documents “les plus importants” produits depuis le début du siècle, au vu des impacts croissants de la crise climatique et du retard accumulé.
“En tant que trois pays en développement représentant différentes régions du monde, les présidences de la COP28, de la COP29 et de la COP30 démontreront leur engagement en soumettant des NDCs alignées sur 1,5°C”, écrit à son tour mercredi l’inédite “troïka des présidences” des conférences climatiques annuelles de l’ONU.
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Les engagements actuels des Emirats, dont l’investissement dans les hydrocarbures continue d’augmenter, sont jugés “hautement insuffisants” et ceux du Brésil “insuffisants” par les experts du Climate Action Tracker (CAT).
Hôte de la COP29 en novembre, l’Azerbaïdjan, non évalué par le CAT, a publié sa nouvelle feuille de route en octobre: elle vise -35% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, et -40% d’ici 2050. L’objectif reste loin de la neutralité carbone pour ce pays dépendant de l’économie pétrogazière.
Pour espérer sauver la limite de 1,5°C, la nouvelle salve “doit comporter des objectifs (…) qui permettent de réduire les émissions de 43% en 2030” par rapport à 2019, et de 60% d’ici 2035, rappelle la troïka, citant les chiffres du Giec.
Or les engagements actuels mènent à -2% d’ici 2030, selon l’ONU. Ce qui se traduirait par un réchauffement allant jusqu’à +2,9°C d’ici 2100, alors que nous en sommes à au moins +1,2°C aujourd’hui.
Mardi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé le “chaos climatique” en marge du bilan de l’Organisation météorologique mondiale (OMM): décennie de chaleur record, concentration record de CO2, acidification des océans, doublement du rythme d’élévation des mers, recul des glaciers…
– Pression sur les pays riches –
“Le contraste est saisissant entre l’engagement public de la troïka en faveur du climat et leurs plans simultanés d’expansion de la production d’énergies fossiles”, tacle Harjeet Singh, de l’Initiative pour un Traité de non-prolifération des énergies fossiles,
“Ces pays doivent se dégager des intérêts liés aux fossiles et mener une action climatique par l’exemple, en faisant pression sur les nations plus riches qui continuent de se soustraire à leurs responsabilités historiques et morales”, déclare-t-il à l’AFP.
Pour les pays développés, des “NDC très ambitieuses devraient inclure des ressources financières, technologiques (…) pour les pays en développement”, souligne d’ailleurs la troïka.
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Après l’accord inédit de la COP28 sur une “transition hors des énergies fossiles”, avec de larges marges de manoeuvres pour leur utilisation à moyen terme, la COP29 sera focalisée sur l’argent nécessaire pour financer la transition et l’adaptation climatique dans les pays plus pauvres.
De son côté, la troïka annonce qu’elle conduira une série d’actions pour aider les pays à lever les freins techniques et économiques à leurs ambitions. Elle réclame une plate-forme collaborative avec les agences onusiennes et annonce une “série de réunions politiques de haut niveau” lors des grands rendez-vous de la géopolitique du climat.
Le premier cette année se tient jeudi et vendredi à Copenhague, où sont attendus les ministres et négociateurs d’une quarantaine de pays, dont le nouvel émissaire américain pour le climat John Podesta.
Source: Agence France-Presse
