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Les Mbororo, minorité ethnique, revendiquent leurs droits

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Les Mbororo du Cameroun exigent leur intégration sociale, politique, économique et culturelle.

Enquête

Affirmer leurs présences dans l’espace social, politique, économique et culturel mais aussi ouvrir le débat sur les difficultés rencontrées par le peuple Mbororo à travers le Cameroun, c’est l’appel lancé par ce peuple minoritaire du Cameroun dans l’espace national et international. A priori, les Mbororo axent les festivités organisées pendant trois jours pour célébrer l’identité Mbororo et peul à travers des activités récréatives: courses hippiques, fantasia, exposition des œuvres d’art et autres objets du patrimoine culturel de leur peuple.

En vedette, comme l’explique le président du comité d’organisation du festival Finatawa, Inoussa Amadou, la “Caria”, démonstration de l’art guerrier Mbororo y occupe une place de choix. “Le festival Finatawa (héritage, en langue peul) est aussi l’occasion de fédérer les peuples autour des activités sportives. Nous avons invité douze équipes issues des peuplades de la région de Ouest.”

Pour le Lamido de Didango, Sa Majesté Wakili Ali, “La tenue du festival Finatawa est aussi l’occasion de réitérer la culture de la paix qui caractérise les peuls et les Mbororo. C’est surtout l’occasion d’interpeller nos frères et sœurs camerounais sur la nécessité de prôner et cultiver la paix dans notre beau pays le Cameroun.” Paix et cohésion auxquels aspirent les Mbororo du Cameroun.

Moins de 10% de la population

Ouvrir et tordre le coup aux stéréotypes est une nécessité, comme le souligne Inoussa Amadou. Ethnie représentant moins de 10 pour cent de la population du Cameroun, les Mbororo sont connus comme une ethnie constituée d’éleveurs Peuls. Une peuplade nomade qui est autant exposée à l’insécurité, à l’exclusion foncière et à de nombreux abus. Des caractéristiques que partagent les Mbororo et les  pygmées du Cameroun.

Si l’on observe une forte concentration des campements Mbororo autour de la réserve de pâturage de la Benoue, dans la région du Nord, la minorité ethnique fait également partie des composantes démographiques et sociologiques des régions de l’Ouest, de l’Est et du Nord-ouest et sur l’étendue du septentrion.Leurs présences sont aussi perceptibles dans les zones frontalières avec le Tchad, le Nigeria et la République centrafricaine. Peuples connaissant des mutations observables depuis quelques décennies, les Mbororo sont de plus en plus semi-sédentaires et se définissent en nombre comme agro-pastoraux.

Réunis autour de l’association pour le développement social et culturel des Mbororo (Mbuscoda), le peuple est régulièrement ciblé par les coupeurs de route et les kidnappeurs qui sévissent dans certaines localités du Grand-Nord. Particulièrement exposés aux changements climatiques qui affectent considérablement leur mode de vie, ils sont obligés de souvent déplacer leurs habitats. Des mutations qui ont des impacts considérables sur le reste de la population camerounaise, dépendante de la production bovine dont ils détiennent presque la moitié du potentiel national, comme le souligne le ministre de l’élevage, Docteur Taïga.

Impôts parallèles

Le plaidoyer des Mbororo implique aussi leurs difficultés d’accès à la propriété foncière. Difficultés liées à la forte croissance démographique que connaît le Cameroun et l’appropriation de leurs espaces de vie par les populations dites autochtones. Chassés de leurs habitats dans les régions septentrionales, ils doivent faire face à des conflits meurtriers qui les déciment. Des conflits provoqués par les incursions et les tensions ethniques reccurentes dans les zones d’habitat Mbororo.

Peuple nomade, les Mbororo sont aussi soumis à l’insécurité fiscale. Ces éleveurs adeptes de la transhumance sont soumis à des taxations “arbitraires” des autorités administratives, communales ainsi que traditionnelles. Ali Abdoulaye, berger raconte que “Certains chefs traditionnels du Nord exigent que nous payions des impôts pour accéder aux pâturages. Presque tous exigent aussi le paiement de la “Zakkat”, une aumône reversée aux chefs religieux locaux. Il en est de même de certains éléments des forces de maintien de l’ordre qui exigent le paiement des amendes abusives au passage des pasteurs Mbororo et leurs bétails.

Crise anglophone

Le déclenchement et la persistance de la crise qui sévit dans la région du Nord-ouest a profondément dégradé le mode de vie des Mbororo dans cette région. L’escalade de la violence qui s’y vit à amplifié les actes de violence et de rançonnements dirigés contre les Mbororo. Difficile d’obtenir des données officielles à ce sujet, seule certitude, plusieurs parmi eux ont été kidnappés et assassinés dans ce contexte.

De nombreuses victimes racontent avec émotions et désolation des scènes de vols de bétails ainsi que des pillages perpétrés par des bandes armées dans des localités de la région du Nord-ouest.

Joseph Olinga Ndoa

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