Selon le rapport de la Conac 2023, la corruption fait perdre 114 035 922 502 FCFA à l’Etat.
Le rapport 2023 de la Conac le révèle d’ailleurs. Ledit document annuel sur l’état de la Corruption au Cameroun a été présenté jeudi 26 septembre à Yaoundé par le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac), le Rev. Dr Dieudonné Massi Gams.
Le patron de la Conac a indiqué en s’appuyant sur les enquêtes de l’institution qu’il préside, que les décisions du Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) et de celles du Tribunal criminel spécial (Tcs) en 2023, établissent un préjudice financier subi par l’Etat du Cameroun du fait des actes de corruption et des infractions assimilées, à hauteur de 114 035 922 502 Fcfa (cent quatorze milliards trente-cinq millions neuf cent vingt-deux mille cinq cent deux Fcfa).
Tout calcul fait et à y regarder de près, ce chiffre est en nette augmentation par rapport à l’année 2022 où il était de 4 623 418 918 Fcfa (quatre milliards six cent vingt-trois millions quatre cent dix-huit mille neuf cent dix-huit Fcfa). L’augmentation enregistrée qui est de 109 412 503 534 Fcfa (cent neuf milliards quatre cent douze millions cinq cent trois mille cinq cent trente-quatre Fcfa), s’explique selon le président de la Conac par le nombre de dossiers ayant donné aux missions d’enquête de la Conac (16) ; le nombre de décisions rendues par le Conseil de discipline budgétaire et financier et le Tcs (43) et la nature des affaires ayant donné lieu aux missions d’enquête de la Conac ainsi qu’aux décisions du Cdbf et du Tcs.
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Selon ledit rapport, le montant total des dommages et intérêts prononcés au bénéfice de l’Etat du Cameroun dans ces affaires s’élève à 38 565 720 294 (trente-huit milliards cinq cent soixante-cinq millions sept cent vingt mille deux cents quatre-vingt-quatorze) Fcfa. Par ailleurs, force est de noter que le préjudice financier subi par l’Etat du Cameroun à l’issue des missions d’enquête de la Conac est évalué à la somme de 69 290 676 621 (soixante-neuf milliards deux cent quatre-vingt-dix millions six cent soixante-seize mille six cent-vingt et un) Fcfa.
Au regard de ces montants qui donnent froid dans le dos et qui peut révolter plus d’un dans un pays qui manque de tout, il est regrettable de constater avec regret que dans l’ensemble la corruption a de beaux jours devant elle dans l’administration et la société camerounaise. En témoigne si besoin en était le nombre croissant des dénonciations reçues par la Conac qui se chiffre à 7 548 cas en 2023 contre 7061 en 2022, soit une augmentation de 487 dénonciations en valeur absolue et de 6,45% en valeur relative. 3273 dénonciations ont été reçues par voie de courrier administratif ; 1245 via la ligne verte (1517) ; 770 dénonciations par le courrier électronique et 2260 au numéro WhatsApp.
A noter que ce 13ème rapport du genre sur l’état de la corruption au Cameroun découle de l’exploitation de 84 contributions transmises à la Conac par : 2 institutions de contrôle ; 2 organes de régulation ; 14 juridictions ; 29 départements ministériels ; 27 établissements et entreprises publiques ; 17 collectivités territoriales décentralisées (Ctd) ; 1 organisation du secteur privé et 2 organisations de la société civile. En ce qui concerne les départements ministériels, il y a une stagnation qui tourne autour de 29 rapports. On apprend de ce fait que les ministères de la Défense ; des Domaines, du cadastre et des affaires foncières ; des Enseignements secondaires qui étaient absents en 2022 ont dressé cette année un rapport. Par contre, les ministères de l’Administration territoriale ; de l’Eau et de l’énergie ainsi que la délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn), n’ont pas donné suite aux attentes de la Conac.
Par ailleurs, pour la première fois, le procureur général près le Tcs a fait un état des restitutions du corps de délit dans le cadre des procédures traitées au sein de cette juridiction. Il en va de même du directeur général de la société de recouvrement des créances du Cameroun qui a dressé le bilan du recouvrement des créances issues des condamnations pécuniaires au profit de l’Etat du Cameroun.
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A propos du secteur privé, l’on note une diminution du nombre de contributions. Idem au sein des Osc et des communautés religieuses. Si en 2022, il y a eu 4 contributions du secteur privé, en 2023 il n’y a plus qu’une seule ; de 7 contributions à 2 pour les Osc et d’une contribution à aucune pour les communautés religieuses. Dans l’ensemble, on observe une amélioration qualitative des contributions en 2023.
Selon le Dr Dieudonné Massi Gams, ceci est à mettre à l’actif de l’atelier organisé à Ebolowa du 7 au 9 décembre 2023 à l’occasion de la 21ème édition de la Journée internationale de la lutte contre la corruption où il avait été question d’améliorer la qualité des rapports envoyés à la Conac.
« Le principal message que nous pouvons retenir est que l’année 2023 a permis de voir la contribution d’une manière exponentielle des structures administratives et des populations par rapport à la dénonciation. Et que les fonds récupérés sont très importants pour l’intérêt de la Nation », affirme le patron de la Conac.
Espérons tout simplement qu’en 2024, l’on notera quelques avancées positives et significatives.