« Il est temps pour le politique, les faiseurs de lois de marquer un temps d’arrêt sur cet énième incident, afin de comprendre ce qui se cache derrière toute cette violence »
Suite à la récente bousculade qui a viré en « émeute » au lycée d’Etoug-Ebe dans la ville de Yaoundé le 22 Janvier 2024 où les élèves retardataires ont bravé l’ordre de la fermeture du portail, la Parapsychologue clinicienne Psychonutritionniste Sarah Hope s’exprime sur ce refus de l’autorité que manifestent de plus en plus les élèves au Cameroun.
Qu’est ce qui de votre avis peut justifier en contexte camerounais cette défiance des jeunes vis –vis de l’autorité ? Pensez-vous que ce soit un problème systémique ?
Je pense oui. L’incident du lycée d’Etoug-Ebe est un parmi d’autres. Souvenez-vous qu’il y a eu des agressions meurtrières sur des enseignants par les élèves, du vandalisme après la consommation de drogue, les prises en otage de plusieurs établissements… Celui-ci montre le mal-être de la jeunesse sous une autre forme plus agressive. Il est temps pour le politique, les faiseurs de lois de marquer un temps d’arrêt sur cet énième incident, afin de comprendre ce qui se cache derrière toute cette violence, et de coopérer au risque de perdre tout un peuple.
Lorsque des jeunes comme ceux qu’on a observé au lycée d’Etoug Ebe se mettent dans une telle colère au point de vandaliser un établissement sans aucun remord. Qu’est ce qui peut de votre avis de Psychologue, se passer dans leur esprit pour qu’ils puissent agir de la sorte en la présence des enseignants et sans aucune crainte ?
Pour agir ainsi, une bonne dose de colère, la détresse d’un sentiment d’errance pourraient être des déclencheurs. Ça pourrait aussi être leur façon d’exprimer leurs émotions non identifiées, refoulées, non canalisées. Leur manière d’attirer l’attention sur eux.
Après un tel drame qui vient s’ajouter à de nombreux autres enregistrés dans nos établissements ces dix dernières années, peut-on croire encore au pouvoir des enseignants et du personnel éducatif dans nos établissements scolaires?
Bien sûr, il existera toujours un sentiment d’admiration, de reconnaissance, entre l’enseignant et l’élève qui nait et vit dans l’inconscient collectif. Aujourd’hui, bien que ce sentiment soit fragile, il est urgent que les politiques prennent des mesures nécessaires afin que chacun reprenne d’à place.
A qui la faute ? Quand on sait qu’il y’a quelques années en arrière, l’autorité scolaire était sacrée aux yeux des élèves et étudiants.
À qui la faute? D’abord aux politiques, faiseurs de lois. Sans elles, des dispositions ne peuvent pas être mises en place ni appliquées par le corps éducatif, ni par les parents, ni par les adultes et les jeunes… Tout le monde est responsable et à son rôle à jouer.
Doit-on craindre le pire pour les années futures ?
Si rien n’est fait, bien sûr que nous allons vers le pire. Il est temps que l’état prenne ses responsabilités et donne le coup d’envoi et surtout veille à ce que les lois soient appliquées.
Propos recueillis par Felcy Fossi