Le ministre des Affaires étrangères rwandais a dénoncé samedi une récente déclaration du président congolais Félix Tshisekedi évoquant selon lui la théorie complotiste du « grand remplacement », et qu’il a jugée « irresponsable » à la veille d’un sommet crucial sur la situation dans l’Est de la RDC.
Les présidents de la République démocratique du Congo et du Rwanda sont attendus dimanche à Luanda, en Angola. Les deux pays avaient confirmé vendredi à l’AFP qu’un projet de texte visant à rétablir la paix après 30 ans de conflits était sur la table.
Le 11 décembre, M. Tshisekedi s’est alarmé du « dépeuplement progressif de certains territoires stratégiques, suivi de leur repeuplement par des populations étrangères implantées par le Rwanda », dans un discours au Parlement.
« Cette dynamique soulève des enjeux majeurs en termes de souveraineté nationale, d’équilibre démographique et de cohésion sociale, nécessitant une réponse urgente et coordonnée », avait-il ajouté.
Pour Kigali, la déclaration du président de la RDC cautionne « les théories du complot comme le +grand remplacement+ de l’extrême droite en Europe ».
Cette théorie aux origines néo-nazies est « dangereuse et alimente la xénophobie contre les Tutsis congolais de l’Est de la RDC », a déclaré dans un communiqué le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
« Une telle déclaration est irresponsable à la veille du sommet de Luanda », a-t-il poursuivi. « L’objectif principal sera de s’assurer que le gouvernement de la RDC s’engage à engager des pourparlers directs avec ses compatriotes, le M23, qui représente cette communauté tutsie congolaise marginalisée », a-t-il ajouté.
Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), groupe armé soutenu par Kigali et son armée, s’est emparé depuis novembre 2021 de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC riche en minerais et théâtre de violences depuis 30 ans.
Goma – capitale de la province du Nord-Kivu qui compterait plus d’un million d’habitants et près d’un million de déplacés de guerre entassés dans des camps – est encerclée par les rebelles et des unités de l’armée rwandaise.
Fin octobre, la RDC et le Rwanda ont déjà approuvé un document établissant, sur le papier, les modalités de départ des soldats rwandais et la neutralisation par l’armée congolaise des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Ce groupe armé, formé par d’anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 depuis réfugiés en RDC, et qui combat le M23 tout comme une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l’Est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.
Source: Agence France-Presse
















