Le Sahara occidental incarne une anomalie historique. Ancienne colonie espagnole, il est toujours considéré par l’ONU comme un « territoire non autonome », faute de règlement définitif. À l’échelle du continent, il demeure l’unique exemple d’un statut post-colonial non résolu — une terre suspendue entre héritage colonial et quête de souveraineté, où chaque grain de sable semble attendre une décision qui ne vient pas.
Le Maroc tient la majorité du territoire. Il propose une autonomie, mais sous sa souveraineté. En face, le Front Polisario, appuyé par l’Algérie, exige un référendum d’autodétermination. Depuis des années, le bras de fer continue. Aucun compromis. Aucune issue en vue.
Sous l’impulsion des États-Unis de Donald Trump, l’ONU a tranché. Vendredi, le Conseil de sécurité a soutenu le plan marocain d’autonomie. Il le juge « le plus réalisable ». Le signal est clair : Washington pousse pour une solution rapide.
– Désert face à l’Atlantique –
Le Sahara occidental s’étend sur 266 000 km². C’est un désert bordé par l’Atlantique, le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie. Le sol regorge de phosphates. Les eaux sont poissonneuses. Le contraste est frappant : richesse naturelle, vide humain.
Plus de 600 000 personnes vivent sur ce territoire. Depuis les années 1980, un « mur de défense » le coupe du nord au sud. Long de 2 700 kilomètres, il a été construit par le Maroc. Rabat le présente comme une barrière de sécurité. Mais il symbolise aussi la fracture.
Le Maroc investit massivement dans le Sahara occidental. Routes, ports, énergie : les projets se multiplient. Mais le Front Polisario accuse. Il parle d’ »exploitation illégale » des ressources. Il s’appuie sur le droit international. Le conflit s’enracine.
Près de Tindouf, en Algérie, 175 000 Sahraouis vivent dans des camps. Le HCR confirme ce chiffre. Ces réfugiés sont installés non loin de la frontière marocaine. L’exil dure depuis des décennies. L’attente aussi.
– Conflit –
En novembre 1975, une « Marche verte », à l’appel du roi Hassan II, mobilise 350 000 Marocains qui franchissent la frontière, revendiquant une « appartenance » historique du territoire au royaume avant l’occupation espagnole (fin du XIXe siècle).
Un accord avec le régime franquiste met fin à la colonisation espagnole du Sahara: l’Espagne cède au Maroc le nord et le centre du territoire. Le sud revient à la Mauritanie.
En 1976, les Sahraouis indépendantistes autoproclament une République arabe sahraouie démocratique (RASD), avec le soutien de l’Algérie et de la Libye.
En 1979, le Maroc prend le contrôle de la quasi-totalité du territoire après le retrait de la Mauritanie.
Un cessez-le-feu entre en vigueur en 1991 après 16 ans de conflit, avec l’établissement d’une zone tampon contrôlée par des Casques bleus de la mission de paix onusienne, Minurso.
Un référendum que devait organiser la Minurso a été sans cesse repoussé en raison d’un différend sur la composition du corps électoral et le statut du territoire entre le Maroc et le Polisario, attaché au principe onusien d’autodétermination.
En novembre 2020, le cessez-le-feu a volé en éclats après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquent la seule route vers la Mauritanie, construite illégalement selon eux.
– Discussions au point mort –
Depuis sa nomination en tant que nouvel émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental en octobre 2021, Staffan de Mistura a effectué plusieurs visites dans la région sans parvenir à relancer le processus politique en vue d’un règlement.
L’ONU appelait depuis plusieurs années le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie à reprendre des négociations – interrompues depuis 2019 – pour parvenir à une « solution politique réaliste, réalisable, durable et mutuellement acceptable ». L’Algérie soutient des négociations directes entre les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc.
– Principal contentieux entre Rabat et Alger –
Le statut du Sahara occidental constitue le principal contentieux entre le Maroc et l’Algérie, les deux poids lourds du Maghreb.
En 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat, notamment à cause de ce dossier épineux qui alimente des tensions régulières. Une décision jugée « complètement injustifiée » par le Maroc.
– Soutiens au plan marocain –
Proposé par le Maroc à l’ONU en 2007, le plan d’autonomie pour le Sahara occidental a obtenu successivement le soutien ces dernières années de l’Allemagne, de l’Espagne et du Royaume-Uni.
À l’été 2024, la France a apporté un appui renforcé à ce projet en reconnaissant « la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ».
Cette dynamique a été impulsée par la reconnaissance par les États-Unis fin 2020 de la souveraineté du Maroc sur ce territoire contesté, en échange de la normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël.
Source: Agence France-Presse
















