Quand les morts démentent la paix : mercredi, la bande de Gaza a été de nouveau ravagée par les frappes israéliennes. Vingt‑sept vies ont été fauchées, selon les autorités locales. Mais derrière les chiffres, un autre champ de bataille s’impose : celui des récits. Israël accuse le Hamas d’avoir brisé le fragile cessez‑le‑feu, tandis que Gaza s’enfonce dans un cycle où chaque mort devient la preuve que la paix n’est qu’une illusion suspendue.
Le Hamas renvoie la responsabilité à Israël. Ainsi, la guerre ne se limite pas aux armes : elle s’étend au langage, chaque camp cherchant à imposer sa version. Dans ce duel de feu et de mots, Gaza devient le symbole d’une paix toujours suspendue, fragile, prête à se briser au moindre éclat.
C’est l’une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre. La trêve, imposée par les États‑Unis après plus de deux ans de guerre, vacille déjà.
– Violences persistantes au Liban et à Gaza –
Israël a frappé mercredi le sud du Liban. Avant l’opération, l’armée avait appelé les habitants à évacuer. Elle affirme viser le Hezbollah, accusé de se réarmer en violation du cessez‑le‑feu en vigueur depuis près d’un an à la frontière nord.
« Les bombardements et les morts ont repris. Ils ne nous laissent pas respirer », déplore Ahraf Abu Sultan, 50 ans. Il venait de rentrer à Gaza‑ville pour réparer sa maison détruite, après un an de déplacement dans le sud.
« Il n’y a aucun espoir à Gaza », lâche Nivine Ahmed. Sous une tente à Khan Younès, elle raconte les explosions. La fumée s’élève. Les habitants fuient. Les sirènes hurlent. Chaque instant rappelle la guerre.
« Nous n’en pouvons plus. La guerre doit cesser ou les passages s’ouvrir », affirme Noha Fathi. Déplacée dans le sud de Gaza, elle exprime l’épuisement. Chaque jour, l’attente. Chaque nuit, la peur. Son appel résonne comme un cri de survie.
La Défense civile de Gaza, placée sous l’autorité du Hamas, annonce 14 morts mercredi à Gaza-ville et 13 à Khan Younès. Deux hôpitaux interrogés par l’AFP confirment ce bilan. Les chiffres traduisent l’ampleur des frappes.
– « Escalade dangereuse » –
L’armée israélienne a affirmé « frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza » en riposte à des tirs « en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès ».
Ces tirs n’ont fait aucun blessé, a précisé l’armée, mais constituent « une violation de l’accord de cessez-le-feu ».
Le Hamas rejette une « piètre tentative de justifier des violations sans fin ». Il dénonce une « escalade dangereuse » et exhorte Washington à exercer une pression immédiate pour contraindre Israël au cessez-le-feu. Le ton est accusateur, l’appel urgent.
Les restrictions imposées aux médias et les obstacles d’accès empêchent l’AFP de vérifier indépendamment les informations des différentes parties. Ce constat marque la limite du reportage.
La trêve a déjà été brisée par plusieurs accès de violences. Le territoire palestinien, ravagé par plus de deux ans d’hostilités, reste marqué par l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. La paix demeure fragile, la tension palpable.
Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas. L’armée israélienne assure qu’elle agit uniquement en riposte aux violations de la trêve. Les bilans s’opposent, la tension demeure.
Le 29 octobre, les raids israéliens les plus meurtriers ont tué plus de cent Gazaouis. La Défense civile et cinq hôpitaux interrogés par l’AFP confirment ce bilan. Un chiffre qui illustre la violence des frappes.
La Défense civile, qui ne mentionne jamais de combattants tués, rapporte que les bombardements de mercredi ont coûté la vie à un couple et à ses trois enfants à Gaza-ville, ainsi qu’à deux mineurs à Khan Younès. Le bilan souligne la brutalité des frappes.
– Deuxième phase ? –
Le porte-parole de l’organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.
L’accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7 octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d’otages morts, sur 28 que le Hamas s’est engagé à rendre.
Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.
La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n’a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d’une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d’une force internationale de stabilisation.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui « ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains » du peuple palestinien.
L’attaque du 7 octobre 2023 a fait 1 221 morts en Israël, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Le bilan souligne la gravité de l’assaut.
Plus de 69 500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne, selon le ministère de la Santé de Gaza. Jugés fiables par l’ONU, ces chiffres ne distinguent pas les combattants. Ils révèlent que plus de la moitié des victimes sont des mineurs et des femmes.
Source: Agence France-Presse















