Dimanche, la Cedeao a choisi la fermeté. Face au chaos provoqué par le coup d’État en Guinée-Bissau, la Cedeao brandit l’arme des sanctions pour rappeler sa tolérance zéro. Le message est sans équivoque : toute tentative d’entraver le retour à un régime civil sera isolée et punie.
Dans ces mots résonne plus qu’un avertissement : c’est l’expression d’une volonté de défendre la stabilité régionale, de rappeler que la démocratie ne peut être suspendue sans conséquence.
– La Cedeao réaffirme son mandat face aux coups d’État –
La Guinée-Bissau devient ainsi le théâtre d’une lutte symbolique, où l’avenir politique d’un pays incarne la crédibilité de toute l’Afrique de l’Ouest.
Cette décision a suivi le sommet ordinaire des chefs d’État de la Cedeao à Abuja. Le putsch en Guinée-Bissau a dominé l’ordre du jour. Une semaine plus tôt, le Bénin avait connu une tentative avortée. Deux crises successives. Deux signaux d’instabilité. Ainsi, la région reste sous tension.
Les autorités annoncent des sanctions ciblées. Elles visent ceux qui entravent la transition. Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Cedeao, l’a affirmé à l’issue de la réunion. Ainsi, le message est clair : la tolérance zéro s’impose face aux blocages.
Le coup d’État en Guinée-Bissau a éclaté fin novembre. Il est survenu juste avant l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielles et législatives du 23 novembre. La chronologie révèle la tension : les militaires ont brutalement interrompu la transition politique.
Le camp du président sortant Umaro Sissoco Embalo, comme celui de l’opposant Fernando Dias de Costa, revendiquait la victoire. Deux prétentions, une confrontation ouverte.
Les militaires déclarent avoir pris le contrôle total du pays. Ils arrêtent le président sortant, Umaro Sissoco Embalo, et suspendent le processus électoral. La rupture institutionnelle frappe aussitôt : les militaires stoppent net la transition.
La Guinée-Bissau, enclavée entre le Sénégal et la Guinée, a déjà subi quatre coups d’État. Depuis son indépendance en 1974, elle a aussi connu une série de tentatives de putsch. L’instabilité politique reste une constante.
M. Touray souligne que la force de maintien de la paix de la Cedeao, déployée depuis 2022, a pour mandat de protéger les dirigeants politiques et les institutions nationales. Sa mission est explicite : assurer la sécurité face aux menaces.
– « Solidarité régionale » –
Dimanche, la Cedeao a condamné le coup d’État en Guinée-Bissau et la tentative avortée au Bénin. En réaction, le Nigeria a déployé des avions de chasse et des troupes, épaulé par des soldats ivoiriens, pour soutenir le gouvernement civil. La réponse régionale s’affirme, rapide et ferme.
L’organisation régionale a annoncé l’arrivée prochaine de nouveaux soldats venus du Ghana et de la Sierra Leone. Le renfort vise à consolider la présence militaire.
Entre 2020 et 2023, le bloc régional a été secoué par une série de coups d’État. Ils ont frappé le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Niger, aujourd’hui encore dirigés par des juntes militaires. L’instabilité persiste.
« Les événements récents illustrent concrètement la solidarité régionale », a déclaré M. Touray lors de l’ouverture du sommet à Abuja. Le propos souligne l’importance d’une réponse collective face aux crises.
La rencontre régionale avait été planifiée avant le coup d’État en Guinée-Bissau et la tentative militaire déjouée au Bénin. Le calendrier souligne que ces crises se sont imposées après coup dans l’agenda.
Ces thèmes se sont imposés comme prioritaires à l’ordre du jour, au même titre que l’élection présidentielle du 28 décembre en Guinée. M. Touray l’a qualifiée de « progrès significatif » dans le « processus de transition ».
Ces déclarations surviennent alors que Mamady Doumbouya, chef de la junte en Guinée, brigue la présidence malgré une promesse de ne pas se présenter. Dans le même temps, l’opposant exilé et ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, est exclu du scrutin. La tension politique s’accroît.
Interrogé sur la crédibilité du scrutin en Guinée, M. Touray a affirmé : « Nous espérons des élections crédibles, transparentes et équitables.» Le message est clair : la légitimité du processus électoral reste une exigence centrale.
– Questions sécuritaires communes –
Les participants ont discuté de la sécurité dans le Sahel. Des groupes jihadistes y mènent des insurrections dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. La menace régionale reste au cœur des préoccupations.
Dirigés par des juntes militaires, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la Cedeao. Ils ont créé leur propre organisation : l’Alliance des États du Sahel (AES). La rupture est nette ; l’axe sahélien s’affirme.
La semaine dernière, M. Touray a appelé à des négociations avec l’AES sur les enjeux sécuritaires communs. Le conflit, lui, continue de s’étendre vers le sud, accentuant la pression régionale.
« Aucune frontière ne peut nous protéger de la violence », a affirmé dimanche Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone et actuel dirigeant tournant de la Cedeao. Le message est sans détour : la menace dépasse les limites nationales.
Source: Agence France-Presse















