À la suite de la frappe israélienne à Sanaa, des milliers de Yéménites ont assisté lundi aux funérailles du Premier ministre houthi et de 11 autres responsables, tués dans une attaque qui a décimé près de la moitié du cabinet.
Les Houthis ont exposé douze cercueils recouverts de drapeaux yéménites dans la mosquée Al-Chaab. Ils ont organisé une cérémonie funèbre suivie d’une parade militaire. Des responsables politiques et militaires ont assisté à l’hommage. Depuis 2014, les Houthis contrôlent la capitale. Ce moment solennel illustre l’intensification des violences dans la région.
Le chef du gouvernement houthi, Ahmad Ghaleb al-Rahwi ainsi que neuf ministres et deux responsables ont péri dans le raid qui a ciblé le 28 août leur réunion à Sanaa, selon les autorités rebelles.
« Il n’y a pas d’inquiétude pour le fonctionnement de l’appareil gouvernemental, le sang des martyrs nous donne la motivation et la détermination nécessaires » pour poursuivre le travail, a déclaré son successeur Mohammed Ahmad Mouftah, nommé « Premier ministre par intérim », devant la foule à la mosquée.
Les raids israéliens ont tué Ahmad Ghaleb al-Rahwi, haut responsable politique des insurgés. Depuis le début de la guerre à Gaza, il est la figure la plus importante à avoir été éliminée. Le conflit a éclaté après l’attaque massive du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. L’armée israélienne cible désormais les dirigeants houthis liés à l’Iran. La tension régionale ne cesse de s’intensifier.
Après le début de cette guerre, les Houthis, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont lancé des drones et des missiles en direction du territoire israélien, la plupart interceptés, et mené des attaques contre des navires présentés comme liés à Israël en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden, au large du Yémen.
– « Mauvais jour » –
En réponse aux attaques houthis, l’armée israélienne a lancé plusieurs frappes ciblées. Les bombardements ont visé des infrastructures stratégiques. Parmi elles : des ports, l’aéroport de Sanaa, des installations électriques et le palais présidentiel. Les Houthis, alliés de l’Iran, sont considérés comme une menace directe par Israël. Cette riposte marque une nouvelle escalade dans les tensions régionales.
Mohammed Al Basha, analyste yéménite installé aux États-Unis, évoque une escalade inquiétante. Selon lui, la frappe du 28 août pourrait annoncer une série d’assassinats ciblés. Les dirigeants civils et militaires houthis seraient les principales cibles. Cette hypothèse reflète une intensification du conflit dans la région. Elle soulève des inquiétudes sur la stabilité politique et sécuritaire au Yémen.
C’est un « mauvais jour » pour les rebelles, a-t-il écrit sur X.
Les Houthis font partie de ce que l’Iran qualifie « axe de la résistance » face à Israël, une alliance informelle de groupes armés regroupant les alliés de la République islamique. Outre les Houthis, il regroupe le Hamas, le Hezbollah libanais ainsi que des groupes armés en Irak.
Israël a décimé la direction du Hamas après le début de la guerre à Gaza, et celle du Hezbollah durant la guerre au Liban en 2024.
Les Houthis contrôlent de vastes pans du territoire yéménite depuis le début de la guerre en 2014 contre le pouvoir dans ce pays pauvre de la péninsule arabique situé à environ 1.800 km d’Israël. Chassé de Sanaa, le pouvoir, internationalement reconnu, a son siège à Aden, la grande ville du sud du Yémen.
– Des employés de l’ONU arrêtés –
Le chef des Houthis, Abdelmalek al-Houthi, a menacé dimanche d’intensifier les attaques contre Israël, après la frappe qui a tué environ la moitié des 22 membres du gouvernement dont le rôle est surtout administratif. Il a prévenu que les frappes israéliennes ne les feraient pas « reculer ».
Les Houthis ont revendiqué le tir d’un missile contre le pétrolier israélien Scarlet Ray. L’attaque a eu lieu en mer Rouge, zone stratégique pour le commerce mondial. Ce geste s’inscrit dans un contexte de tensions régionales croissantes. Le navire visé transporte du pétrole, ce qui accentue les risques économiques. L’incident pourrait avoir des répercussions sur la sécurité maritime dans la région.
Dimanche soir, un projectile est tombé tout près d’un navire. L’agence britannique UKMTO parle d’une “proximité immédiate”. L’équipage est sain et sauf, selon les autorités. Le navire a pu poursuivre sa route sans encombre. L’incident souligne les risques croissants en mer Rouge.
Lundi, l’armée israélienne a annoncé avoir intercepté un drone. L’appareil venait du Yémen, selon les autorités militaires. Il a été stoppé avant d’entrer en territoire israélien. L’incident souligne les tensions régionales croissantes. Aucune victime ni dégât n’a été signalé.
Au Yémen, les rebelles ont arrêté au moins 11 employés de l’ONU à Sanaa et dans la ville côtière de Hodeida (ouest), a annoncé dimanche l’organisation internationale sans préciser leur nationalité. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a réclamé leur « libération immédiate et inconditionnelle ».
Samedi, les Houthis ont mené une série d’arrestations. Des dizaines de personnes ont été interpellées. Les opérations ont eu lieu à Sanaa, Amrane et Dhamar. Les autorités les soupçonnent de collaboration avec Israël. Une source de sécurité yéménite a confirmé ces arrestations à l’AFP.
Source : Agence France-Presse