Défilé militaire à Pékin : Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong Un réunis mercredi au cœur de la capitale chinoise. Cette image historique marquera les célébrations des 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les trois dirigeants assisteront ensemble à un défilé géant, symbole d’un rapprochement stratégique en pleine recomposition géopolitique.
Le symbole se veut fort : les trois hommes réunis dans la célébration de la victoire sur les menées hégémoniques du Japon et de l’Allemagne nazie au moment où ils sont engagés dans une épreuve de force stratégique avec les Occidentaux, les États-Unis en tête.
La présence de Kim Jong Un en compagnie de ses deux puissants voisins sera une première. A fortiori quand ils se retrouveront au milieu de la vingtaine d’autres chefs d’État et de gouvernement assistant eux aussi à ce qui s’annonce comme une démonstration de force chinoise.
Les invités verront pendant 70 minutes les troupes marcher à une cadence impeccable, les avions survoler l’avenue de la Paix éternelle en formations serrées et de nouveaux armements se succéder sur de lourdes remorques.
Le défilé sera précédé vers 09 H 00 heure locale (01 H 00 GMT) par un discours du président Xi dont des millions de compatriotes ont péri pendant la longue guerre contre le Japon dans les années 1930 et 1940.
La capitale chinoise est placée depuis des jours sous très haute surveillance militaire et policière. Un vaste périmètre est fermé à la circulation autour de la place Tiananmen.
– Un grand coup diplomatique –
Jamais depuis son accession au pouvoir fin 2011, Kim Jong Un, avare de sorties hors de son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales, ne s’est montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers.
Sa proximité avec MM. Xi et Poutine et ses interactions avec eux et les autres seront scrutées. Comme le seront les armes présentées pendant le défilé.
C’est pour la Chine un grand coup diplomatique et le point d’orgue d’une séquence de quelques jours au cours de laquelle elle a également accueilli un sommet régional des dirigeants d’une vingtaine de pays eurasiatiques.
Le président indonésien Prabowo Subianto participera finalement au défilé à Tianjin, a confirmé son gouvernement mardi. Initialement absent en raison de violentes manifestations dans son pays, il revient sur sa décision. Sa présence marque un geste diplomatique fort, malgré les tensions internes. Le sommet prend ainsi une dimension plus symbolique, avec la participation de plusieurs chefs d’État. Ce revirement souligne l’importance stratégique des relations entre l’Indonésie et la Chine.
La Chine multiplie les démonstrations de force. Elle cherche à affirmer son influence diplomatique sur la scène mondiale. En parallèle, elle renforce ses capacités militaires. Ces initiatives s’inscrivent dans un climat de tensions géopolitiques croissantes. La guerre commerciale avec les États-Unis accentue cette rivalité stratégique.
Lundi, M. Xi a critiqué ce qu’il considère comme des « actes d’intimidation » dans les relations internationales. Il a dénoncé une « mentalité de guerre froide » et une logique de « confrontation de blocs ». En contraste, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont affiché leur unité. Les deux dirigeants, réunis en Chine depuis dimanche, ont renforcé leur partenariat stratégique. Ce rapprochement illustre leur volonté commune de contester l’ordre mondial dominé par l’Occident.
– Une rare sortie de Corée du Nord –
De retour à la Maison Blanche, Donald Trump relance la guerre commerciale. Il impose de nouveaux droits de douane à la Chine. Pékin réplique avec ses propres mesures. La tension monte entre les deux puissances. Une pause intervient après plusieurs mois d’escalade.
Il vient d’accueillir M. Poutine en Alaska pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine. Mais M. Poutine n’a montré aucun signe de conciliation pendant son séjour en Chine.
Quant à la Corée du Nord, les trois rencontres historiques de M. Trump avec M. Kim en 2018 et 2019 au cours de son premier mandat pour enrayer la menace nucléaire et balistique que fait peser la Corée du Nord sur les alliés régionaux des États-Unis sont restées sans lendemain.
M. Kim a pris du recul sur la scène internationale depuis. Il n’a pas quitté son pays depuis un déplacement en Russie en septembre 2023. Ce sera seulement sa neuvième sortie de Corée du Nord depuis son accession au pouvoir, sans compter deux brefs passages dans la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud.
Il a rallié la Chine dans la plus grande discrétion. Des images vidéo de l’AFP ont montré son train arborant des drapeaux nord-coréens s’approcher de la gare de Pékin après un voyage de près d’une journée entre lundi et mardi.
Le séjour du dirigeant nord-coréen reste enveloppé de mystère. La KCNA affirme que Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, l’a accueilli à Pékin. Le maire Yin Yong et des responsables du Parti communiste chinois étaient également présents. Les services de renseignement sud-coréens précisent qu’il voyage avec sa fille, Kim Ju Ae. Cette visite, hautement symbolique, renforce les liens entre Pyongyang et Pékin dans un contexte géopolitique tendu.
Source : Agence France-Presse
