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Visites en série au Sahara occidental, le soutien français au Maroc s’affirme

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Un ambassadeur, une ministre, le président du Sénat français au Sahara occidental: ces visites hautement symboliques illustrent le soutien de plus en plus décomplexé de Paris en faveur de la souveraineté marocaine sur le territoire indépendantiste, sur fond de crise diplomatique majeure avec Alger.

Arrivé lundi à Laâyoune, principale ville du Sahara occidental, Gérard Larcher, deuxième personnage de l’Etat français, a souligné un « moment singulier » dans les relations franco-marocaines, quand Rachida Dati, ministre de la Culture, évoquait une visite « historique » mi-février en foulant le sol sahraoui pour la première fois.

Ces visites font suite au virage spectaculaire opéré par le président Emmanuel Macron en juillet 2024, qui a rompu avec la position traditionnelle de la France jusque-là alignée sur l’ONU. Paris a apporté un soutien appuyé au plan d’autonomie du territoire « sous souveraineté marocaine » proposé par Rabat, déclenchant l’ire d’Alger.

L’ex-colonie espagnole du Sahara occidental, vaste zone désertique considérée comme un territoire au statut non défini par l’ONU, est contrôlée à environ 80% par le Maroc mais revendiquée depuis 50 ans par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

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« Le soutien de la France au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme seul et unique cadre de règlement est aujourd’hui acquis », a déclaré M. Larcher, avant de marteler: « il est désormais la politique de la République française ».

La venue de M. Larcher a « une portée très forte, elle montre que la France ne se contente pas de déclarations d’intentions », s’est félicité Abdelhak Bassou, du Policy Center for the New South basé à Rabat.

« C’est une manière d’accélérer, de dire que la France ne changera pas de position quelles que soient les pressions de l’Algérie », confirme Riccardo Fabiani, directeur Afrique du Nord à International Crisis Group (ICG).

– « Fait accompli » –

Alger avait vivement réagi à la visite de Mme Dati, première responsable politique occidentale à utiliser la terminologie de « provinces du Sud », employée par le Maroc pour désigner ce territoire.

« Elle traduit un mépris insigne de la légalité internationale de la part d’un membre permanent du Conseil de Sécurité » et « renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle », avait dénoncé le ministère algérien des Affaires étrangères.

Un référendum d’autodétermination a été prévu par l’ONU lors de la signature d’un cessez-le-feu en 1991 mais ne s’est jamais concrétisé.

Or, M. Macron, qui s’est lui-même rendu au Maroc en octobre, a promis l’engagement « diplomatique » de la France pour pousser la solution marocaine sur le Sahara occidental à l’ONU et au sein de l’Union européenne.

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« La France a un poids particulier au Conseil de sécurité. Non seulement elle peut inciter d’autres pays à adopter la même position, mais Rabat peut espérer qu’elle joue un rôle décisif quand ce sera nécessaire, quitte à utiliser son droit de veto », affirme Riccardo Fabiani.

Paris mène « une politique du fait accompli pour obliger l’ONU à clore le dossier », aquiesce Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, basé à Genève, qui souligne la « théâtralisation » de ces visites répétées.

Rachida Dati s’est promenée couverte d’une melhfa, long voile porté par les femmes de la région, tandis que l’ambassadeur de France au Maroc Christophe Lecourtier, avait salué les autorités locales en novembre, vêtu de la daraa, le vêtement traditionnel masculin.

Fervents soutiens de la position marocaine, tous deux ont en commun avec M. Larcher d’être considérés de longue date comme des « amis du Maroc », dont les réseaux de lobbying sont réputés particulièrement actifs au sein de la droite française.

– « Provocation » –

Paris s’est engagé à soutenir le développement économique au Sahara occidental, dont les énormes ressources solaires et éoliennes sont stratégiques pour le royaume, qui s’est résolument tourné vers les énergies renouvelables, et espère se positionner sur le marché de l’hydrogène vert.

Des entreprises occidentales, dont françaises, y sont d’ailleurs déjà présentes. Le groupe énergétique Engie construit actuellement avec le marocain Nareva une station de dessalement d’eau de mer à Dakhla, ainsi qu’un parc éolien. Le groupe français Sade-CGTH a remporté un appel d’offre pour un projet de raccordement du réseau d’eau à Dakhla.

Vu d’Alger, ces visites représentent en tous cas « une provocation » et s’inscrivent dans un « nouveau durcissement de ton de Paris », selon Hasni Abidi. Les deux pays sont au bord de la rupture, notamment après l’attaque meurtrière au couteau de Mulhouse (est de la France), perpétrée par un Algérien que son pays a refusé de reprendre à 10 reprises, selon le gouvernement français. Paris menace Alger de mesures de rétorsion, notamment sur les visas.

 

Source: Agence France-Presse

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