Sanctions militaires israéliennes : l’annonce résonne comme un séisme au sein de l’armée. Trois généraux, figures centrales le 7 octobre 2023, sont exclus de leurs rangs. Autour d’eux, une douzaine de hauts gradés subissent des sanctions pour n’avoir pas su prévenir de l’attaque la plus meurtrière de l’histoire du pays.
Ce geste traduit une volonté de rupture : reconnaître les failles, désigner les responsables et tenter de restaurer la confiance. Mais derrière ces décisions disciplinaires se dessine une tension plus profonde : celle d’une nation confrontée à ses vulnérabilités, cherchant à transformer l’échec en symbole de résilience.
Ces mesures, décidées par le chef d’état‑major Eyal Zamir, ont ravivé les tensions. Le ministre de la Défense d’Israël Katz a réagi lundi. Il a demandé un « examen approfondi » du rapport militaire qui a servi de base aux sanctions. Ainsi, la fracture au sommet de l’armée et du pouvoir politique s’affiche au grand jour.
– Responsabilités militaires actées –
Le limogeage de trois généraux de division intervient alors que Benjamin Netanyahu refuse de céder. Le Premier ministre rejette les appels de l’opinion publique et de l’opposition. Motif : la création d’une commission d’enquête nationale sur la tragédie du 7 octobre. Ainsi, la fracture politique s’accentue.
Pour Benjamin Netanyahu, l’heure n’est pas aux comptes. L’institution examinera plus tard les fautes de la direction politique. Pas avant la fin de la guerre de Gaza. L’attaque sans précédent du Hamas contre le sud d’Israël déclenche cette séquence.Ainsi, le Premier ministre repousse toute enquête nationale.
Le lieutenant‑général Eyal Zamir ordonne l’exclusion de trois hauts responsables. Aaron Haliva, ex‑chef du renseignement militaire, Oded Basyuk, ancien chef des opérations, et Yaron Finkelman, commandant de la région sud en octobre 2023, sont déchargés du cadre de réserve. Ainsi, l’armée acte leur sortie définitive. Ils ne feront plus partie de l’armée, a annoncé l’institution dimanche soir. Ainsi, la sanction frappe le sommet de la hiérarchie.
Le général Haliva a été le premier à démissionner, en avril 2024, assumant sa responsabilité dans le fiasco du 7 octobre. Le général Finkelman a suivi pour les mêmes raisons. De son côté, le général Basyuk a pris sa retraite après la guerre de 12 jours contre l’Iran en juin. Tous trois restaient disponibles pour l’armée.
– Réexamen –
Le communiqué de l’armée est sans détour. Chacun des trois généraux porte une responsabilité personnelle. Leur commandement est jugé défaillant. L’institution militaire leur impute l’échec à prévoir et repousser l’attaque du Hamas. Ainsi, la faute est clairement individualisée.
Ces mesures font suite à la publication au début du mois du rapport d’un comité d’experts mandaté par le général Zamir, qui a marqué la fin des enquêtes au sein de l’armée sur le 7 octobre.
Le rapport concluait à une « défaillance systémique et organisationnelle de longue date » au sein de l’appareil militaire.
Le comité déplore des processus de décision et de déploiement défaillants dans la nuit du 7 octobre 2023. Il pointe des échecs à tous les niveaux : état‑major général, direction des opérations, renseignement militaire, Commandement Sud, mais aussi armée de l’Air et Marine. Ainsi, la chaîne de commandement apparaît fragilisée.
M. Katz, en conflit ouvert avec le chef d’état‑major, a annoncé avoir mandaté un général en retraite. Mission : réexaminer en profondeur le rapport du comité et formuler une recommandation sur les sanctions visant les cadres militaires jugés défaillants. Ainsi, le ministre de la Défense accentue la pression sur l’armée.
– « Décision déroutante » –
« La décision de remettre en cause ce rapport » présenté personnellement à M. Katz à l’issue de « sept mois d’enquête » est « déroutante », a réagi le général Zamir dans un communiqué.
« L’armée est la seule institution du pays à avoir enquêté de manière approfondie sur ses propres défaillances et à en avoir assumé la responsabilité », a-t-il insisté.
Il affirme que tout examen complémentaire doit être confié à une commission externe. Elle devra analyser les processus inter‑organisationnels et multi‑niveaux qui ont précédé la défaillance du 7 octobre, y compris l’interface entre l’échelon militaire et politique. Seul un regard extérieur peut juger la responsabilité.
Outre Haliva, Basyuk et Finkelman, le général Zamir a rayé des cadres deux généraux de brigade et trois colonels. Tous avaient déjà démissionné. Ainsi, l’exclusion formelle confirme leur sortie définitive de l’armée.
– La hiérarchie militaire face à ses failles –
Un général de brigade, en poste à l’Aman le 7 octobre, sera mis en retraite. Ainsi, l’armée poursuit sa série de sanctions. Détaché du Mossad, il restera dans la réserve. Le Bureau du Premier ministre l’a précisé dimanche. Contrairement aux autres officiers, il conserve un lien avec l’armée.
Le général de division aérienne Tomer Bar et le vice‑amiral David Saar Salma, responsables de l’Air et de la Marine, écopent d’un blâme. Même sanction pour le général de division Shlomi Binder, qui dirigeait la division des opérations le 7 octobre. L’armée met directement en cause la chaîne de commandement.
Ce dernier a pris la tête de l’Aman après la démission du général Haliva. Il reste en fonction. Mais ce poste sera le dernier de sa carrière. Ainsi, son parcours militaire touche à sa fin.
Aucune sanction n’a visé le lieutenant‑général Herzi Halevi. En mars, il avait cédé son poste au général Zamir. Il avait pourtant reconnu sa « responsabilité dans l’échec de l’armée le 7 octobre ». Ainsi, l’ex‑chef d’état‑major échappe aux mesures disciplinaires.
Source: Agence France-Presse















