Les dirigeants arabes et musulmans réunis à Doha appellent à revoir les liens avec Israël. Réunis en sommet lundi, ils réagissent à l’attaque israélienne qui a visé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière. Cette déclaration marque un tournant diplomatique dans un contexte régional déjà tendu.
Ce sommet conjoint exceptionnel de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) visait à hausser le ton face à cette attaque sans précédent à Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.
Selon le texte final consulté par l’AFP, les dirigeants arabes et musulmans exhortent « tous les États (…) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre ».
Les voisins arabes du Qatar, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ainsi que l’Égypte, la Jordanie et le Maroc figuraient parmi les pays présents qui reconnaissent Israël.
Les dirigeants des Émirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc n’ont pas participé aux discussions, envoyant à leur place de hauts représentants.
La déclaration finale appelle également les États membres à « coordonner les efforts visant à suspendre l’adhésion d’Israël aux Nations unies ».
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio se trouvait lundi à Jérusalem – un voyage prévu avant les frappes au Qatar – pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d’un État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU à la fin du mois. Il est attendu mardi à Doha.
Depuis Jérusalem, M. Rubio a affirmé le « soutien indéfectible » de son pays à Israël pour éliminer le Hamas, près de deux ans après une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza.
– « Faire échouer les négociations » –
Dans son discours d’ouverture, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a accusé Israël de vouloir « faire échouer les négociations ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « rêve que la région arabe devienne une sphère d’influence israélienne. Et c’est une dangereuse illusion », a-t-il poursuivi devant les dirigeants arabes et musulmans réunis à Doha, parmi lesquels les présidents palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais, le roi de Jordanie et le prince héritier saoudien.
L’attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataris, a suscité une vague de condamnations internationales, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington, ainsi qu’une rare réprobation des États-Unis, alliés numéro un d’Israël mais également proches alliés du Qatar.
« Demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique », a averti le président iranien, Massoud Pezeshkian, dont le pays avait attaqué une base américaine au Qatar lors de sa guerre de 12 jours contre Israël en juin.
« Le choix est clair. Nous devons nous unir », a-t-il martelé.
– Contenir Israël –
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi réagit. L’Égypte fut le premier État arabe à reconnaître Israël. Selon lui, l’attaque complique toute perspective de paix. Elle « érige des obstacles » à de nouveaux accords. Et elle compromet même ceux déjà signés dans la région.
Israël et Washington veulent élargir les accords d’Abraham. Ces accords ont permis des relations avec les Émirats, Bahreïn et le Maroc en 2020. L’Arabie saoudite est désormais courtisée. Poids lourd pétrolier, elle joue un rôle central dans la région. L’objectif : renforcer les alliances face aux tensions croissantes.
Recep Tayyip Erdogan hausse le ton. Le président turc accuse Israël. Selon lui, le gouvernement israélien veut « poursuivre les massacres et le génocide en Palestine ». Il dénonce aussi une volonté de déstabiliser la région. Une déclaration forte, dans un contexte de tensions croissantes.
Les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui se sont rencontrées en marge du sommet à Doha, ont appelé les États-Unis à « user de leur influence » pour contenir Israël.
Le CCG appelle les États-Unis à agir. « Nous attendons de notre partenaire stratégique qu’il use de son influence sur Israël. » Objectif : mettre fin à ces agissements. Déclaration faite à Doha par Jassem Al-Budaiwi. Il est secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe. Le CCG regroupe six pays : Arabie saoudite, Émirats, Bahreïn, Qatar, Koweït et Oman.
Source : Agence France-Presse