Israël intensifie mardi ses préparatifs militaires en réintégrant dans ses rangs des milliers de réservistes en vue d’une offensive annoncée sur la ville de Gaza après près de deux années de guerre contre le Hamas palestinien.
Mardi à Tel-Aviv, un groupe de réservistes israéliens a lancé un appel à leurs camarades. Ils leur ont demandé de ne pas répondre aux convocations militaires. Selon Max Kresch, l’un des porte-parole, « tout acte visant à légitimer la poursuite des hostilités au détriment d’un accord pour les otages est une trahison envers eux et envers le peuple israélien ». Ce mouvement reflète une fracture croissante au sein de la société israélienne, entre impératifs militaires et exigences humanitaires. Les réservistes réclament une priorité claire : la libération des otages retenus à Gaza.
Depuis le 7 octobre 2023, de nombreux réservistes israéliens ont été mobilisés à plusieurs reprises. Certains quittent leur famille, leur travail et leur quotidien pour la quatrième ou cinquième fois. La guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste, bouleverse profondément leur vie. Cette mobilisation répétée alimente la fatigue, les tensions sociales et les appels à privilégier un accord pour les otages. Le conflit continue de diviser l’opinion publique en Israël.
Mardi, les bombardements israéliens ont tué 85 personnes dans la bande de Gaza. La Défense civile, sous l’autorité du Hamas, a confirmé ce bilan. Le territoire reste ravagé par le conflit, avec des frappes quasi quotidiennes. Les équipes de secours peinent à intervenir dans les zones ciblées. La population civile continue de payer un lourd tribut.
– « Vers une victoire écrasante » –
En raison des fortes restrictions imposées aux médias à Gaza et des obstacles logistiques sur le terrain, l’AFP indique qu’elle ne peut pas vérifier ce bilan de manière indépendante. L’accès limité aux zones de conflit complique la collecte d’informations fiables. Les journalistes font face à des risques élevés et à des entraves à leur travail. Dans ce contexte, les chiffres avancés par les autorités locales restent difficiles à confirmer. La situation souligne l’importance de garantir la liberté de la presse en temps de guerre.
Malgré une pression internationale croissante, le gouvernement israélien maintient sa ligne dure. Il a ordonné à l’armée de lancer une offensive sur Gaza-ville. L’objectif affiché : éliminer le Hamas et libérer les otages du 7 octobre 2023. Cette décision intervient alors que les appels à un cessez-le-feu se multiplient, en Israël comme à l’étranger. La population civile reste prise au piège, dans un territoire déjà ravagé par les bombardements.
L’armée israélienne se prépare « sur le plan logistique et opérationnel à des opérations de combat étendues et à la mobilisation massive de réservistes », indique un communiqué militaire.
En approuvant fin août les plans militaires pour la conquête de Gaza, le ministre de la Défense Israël Katz avait autorisé la mobilisation d’environ 60.000 réservistes.
« Chers soldats, réguliers et réservistes, tout au long de cette guerre, nous avons pris des décisions très difficiles (…) Mais nous les avons mises en œuvre parce que vous nous avez donné, à moi et au pays, la force de faire avancer Israël vers une victoire écrasante » contre le Hamas, a dit mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans une vidéo.
– Famine, surpopulation et exode –
Dans une publication sur X mardi, le porte-parole de l’armée israélienne en arabe, Avichay Adraee, a averti les habitants de Gaza de « l’élargissement des opérations de combat vers la ville de Gaza ».
L’armée avait affirmé fin août que l’évacuation de Gaza-ville était « inévitable » en vue de l’offensive.
La majorité des plus de deux millions d’habitants de la bande de Gaza assiégée a déjà été déplacée au moins une fois depuis le début de la guerre.
Khalil al-Madhoun, 37 ans, qui vit dans un appartement partiellement détruit dans l’ouest de Gaza-ville, a expliqué avoir tenté deux fois de se rendre dans le sud, mais sans succès. « Le centre et le sud sont complètement surpeuplés », a-t-il dit à l’AFP par téléphone.
Les Nations unies estiment qu’environ un million de personnes vivent dans la ville de Gaza et ses environs, où une famine a été déclarée.
– Appel à Trump –
Mardi, une journaliste de l’AFP a filmé à Tel el-Hawa, au sud de Gaza-ville. Les images montrent des secouristes du Croissant-Rouge. Ils sortent des décombres le corps d’une petite fille. Son corps est sans vie, entièrement recouvert de poussière. La scène illustre la violence des frappes et la détresse des civils.
Sanaa al-Dreimli, habitante de Gaza-ville, a témoigné auprès de l’AFP : « Nous dormions dans nos maisons. Soudain, les bombardements ont éclaté. En nous réveillant, nous avons découvert nos voisins tués ou blessés. »
L’attaque du 7 octobre a coûté la vie à 1 219 personnes en Israël, selon un décompte de l’AFP fondé sur des données officielles. La majorité des victimes étaient des civils. Cet événement marque l’un des épisodes les plus meurtriers du conflit israélo-palestinien. Il a déclenché une riposte militaire massive dans la bande de Gaza. Depuis, les violences ont provoqué des déplacements massifs et une crise humanitaire sans précédent.
Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 47 restent retenues à Gaza, dont 25 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Des proches d’otages ont imploré mardi le président américain Donald Trump de « conclure un accord » pour ramener leurs proches, dans une conférence de presse à Tel-Aviv.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 63.633 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.
Source : Agence France-Presse
