Obamacare en péril : Rachel Mosley découvre le prix du basculement. En ouvrant son courrier, cette institutrice de Floride s’effondre. Sa couverture santé familiale atteindra près de 4 000 dollars par mois en 2026. Un montant insoutenable, conséquence directe de la fin annoncée des aides publiques liées à « Obamacare ». Ce n’est pas qu’une hausse : c’est l’effondrement d’un filet social. Et pour des millions d’Américains, le choc est brutal.
Alors Rachel est sortie. Sur son porche, elle a pleuré. Pas seulement pour elle. Mais pour tous ceux qui, comme elle, découvrent que le rêve américain coûte désormais trop cher.
Elle parle, mais sa voix tremble. « Cela représente un tiers de nos revenus. Je ne vois vraiment pas comment nous pourrions payer cela. » Cinq enfants à nourrir, à soigner, à protéger.
Et une facture qui menace l’équilibre fragile de toute une famille. Ce n’est plus une dépense : c’est une fracture. Une ligne de faille dans le rêve américain, qui s’élargit chaque jour.
Comme 20 millions d’Américains, elle et son mari touchaient des aides via « Obamacare ». Classe moyenne. Assurance santé publique. Mais ces aides vont disparaître.
Les aides expirent fin 2025. Le parti républicain, mené par Donald Trump, refuse de négocier. Pas d’accord. Pas de prolongation. Des millions de familles risquent de perdre leur couverture.
Le dossier est explosif. Républicains et démocrates s’affrontent. Le budget est bloqué. L’administration fédérale est paralysée depuis un mois.
1er novembre : ouverture des renouvellements. Les familles regardent les nouveaux tarifs. Et elles paniquent. Les prix explosent. L’assurance santé devient hors de portée.
– « Au centime près »-
« Cela rend fou », lâche Audrey Horn, jeune retraitée du Nebraska qui panique à l’idée de voir son budget exploser.
Aujourd’hui, l’État paie tout. Sa cotisation : 1 740 dollars par mois. En 2026, elle grimpera à plus de 2 430 dollars. La subvention ? Menacée. Le coût ? Insoutenable.
« Je surveille chaque centime. » Son mari est payé à l’heure, dans une petite boîte de BTP. Leur budget est serré. Impossible d’absorber une telle hausse.
« On vit avec peu », confie-t-elle. Une maison minuscule, des voitures à bout de souffle. Chaque objet raconte une vie de modestie, de choix contraints. Pas de superflu, juste l’essentiel. Et même cela semble menacé.
Aux États-Unis, un salarié sur deux n’a pas d’assurance via son employeur. Petites entreprises, indépendants, temps partiel : tous comptent sur « Obamacare ». Mais ce filet se fragilise.
Le programme permet notamment, via des aides, de « combler l’écart » entre les coûts exorbitants des assurances santé dans le pays et ce que les gens peuvent réellement se permettre, explique Mark Shepard, économiste de la santé à l’université Harvard.
Or, ce sont ces subventions, renforcées pendant la pandémie de Covid-19, qui doivent baisser voire disparaître, même si le coût de la vie, lui, ne cesse d’augmenter.
– « Fardeau » –
Selon le cercle de réflexion KFF, spécialisé sur les questions de santé, une personne payant le coût moyen de 888 dollars en 2025 devrait ainsi s’acquitter de 1 906 dollars en 2026.
Une augmentation drastique qui devrait pousser quatre millions d’Américains à renoncer à leur assurance santé, selon une estimation du Bureau budgétaire du Congrès.
Ce qui risque d’augmenter la mortalité et de constituer un « fardeau pour l’ensemble de la société », prévient l’économiste Mark Shepard.
« Lorsque les gens ne sont pas assurés, ils tombent quand même malades et ont tendance à se présenter aux urgences » où ils accumulent des dettes pouvant facilement s’élever à des dizaines de milliers de dollars, explique-t-il. Et ce sont les hôpitaux et les collectivités locales « qui finissent par assumer le coût de ces soins ».
« Si je résilie notre assurance maladie et que je dois aller à l’hôpital pour une crise cardiaque ou un AVC, comment vais-je payer la facture? Je ne pourrai vraiment pas », abonde Rachel Mosley, qui dit vouloir à tout prix éviter d’en arriver là.
La mère de famille est d’autant plus opposée à cette idée qu’elle a frôlé la mort l’an passé lors d’une crise cardiaque soudaine à 45 ans, alors qu’elle pensait être en parfaite santé.
Face à ce choix impossible, elle a contacté ces derniers jours les sénateurs républicains de son État pour les exhorter à revoir leur position, sans réponse.
À l’autre bout du pays, Claire Hartley, patronne d’un studio de yoga en Californie, a fait de même, mais pour enjoindre à ses élus démocrates de « tenir bon ».
« Plus les gens seront au courant des raisons pour lesquelles les prix sont si élevés, plus les chances sont grandes » que ça change, lance celle dont la cotisation pourrait doubler au 1er janvier.
Source: Agence France-Presse















