Malgré des progrès économiques enregistrés récemment, l’inflation alimentaire reste un défi majeur au Nigeria, où la flambée des prix des denrées touche lourdement les ménages les plus pauvres, a indiqué mercredi la Banque mondiale, dans un nouveau rapport.
En mai 2023, Bola Tinubu prend les rênes du Nigeria. Pour relancer l’économie, il supprime les subventions sur les carburants. Il met aussi fin au contrôle des devises. Ces mesures marquent un tournant.
Mais ces réformes ont eu un effet brutal. Elles ont déclenché l’une des pires crises du coût de la vie au Nigeria depuis des décennies. Les ménages peinent à suivre.
« L’inflation alimentaire reste une préoccupation majeure. Les ménages pauvres, qui consacrent jusqu’à 70% de leurs revenus à l’alimentation, ont vu le coût d’un panier alimentaire de base quintupler entre 2019 et 2024, précise le rapport.
Le Nigeria reste l’une des premières économies d’Afrique. Pourtant, la pauvreté y frappe fort. Selon la Banque mondiale, 61 % des habitants vivent dans une extrême précarité.
– Entre reprise économique et inflation persistante –
L’inflation recule au Nigeria depuis cinq mois, d’avril à août. Pourtant, elle reste élevée. En août, elle atteint 20,1 %, contre un taux inférieur à la même période en 2024. C’est ce que montrent les derniers chiffres de la banque centrale.
Au premier semestre 2025, l’économie nigériane a progressé de 3,9 %. C’est mieux que les 3,5 % enregistrés l’an dernier sur la même période. Les services, l’agriculture et les industries hors pétrole ont porté cette croissance.
Les réserves de change du Nigeria ont dépassé les 42 milliards de dollars. C’est leur plus haut niveau depuis 2019. Ce rebond offre un peu d’air aux autorités financières.
Le déficit reste stable à 2,6 % du PIB. La dette publique recule, passant de 42,9 % à 39,8 %. Pourtant, les autorités nigérianes font face à de sérieux défis. En tête : la flambée des prix des produits de première nécessité.
Au Nigeria, le prix du riz jollof a explosé. Entre mars 2023 et juin 2025, il a augmenté de 153 %. Ce plat populaire d’Afrique de l’Ouest, à base de riz, tomate, viande et légumes, devient de plus en plus inaccessible. C’est ce qu’indique le cabinet SBM Intelligence.
Mathew Verghis, directeur pays de la Banque mondiale pour le Nigeria, rappelle que « la stabilité macroéconomique ne suffit pas ».
« La réussite se mesurera à l’amélioration des conditions de vie, surtout pour les plus vulnérables », explique-t-il dans le rapport.
M. Tinubu lancera de nouvelles réformes fiscales début 2026. Il veut alléger la charge des plus modestes. Il vise aussi à soutenir les petites entreprises.
Source: Agence France-Presse