L’ancien président nigérian Muhammadu Buhari, décédé dimanche à 82 ans, sera enterré mardi selon les rites musulmans dans son fief de Daura, dans le nord du pays, ont annoncé les autorités locales lundi.
La dépouille de l’ancien président, hospitalisé à Londres, sera rapatriée au Nigeria en compagnie du vice-président Kashim Shettima avant les funérailles qui auront lieu à Daura mardi « à partir de 14 heures », selon le porte-parole du gouverneur de Katsina.
Depuis son départ de la magistrature suprême en 2023, Muhammadu Buhari était retourné vivre principalement à Daura, sa ville de naissance, située dans l’Etat de Katsina, dans le nord du pays le plus peuplé d’Afrique, non loin de la frontière avec le Niger.
Lundi matin, l’atmosphère de Daura restait calme, comme à l’accoutumée, seule la présence accrue de forces de l’ordre autour du domicile de Muhammadu Buhari et des principaux carrefours de la ville trahissant quelque chose d’inhabituel, selon un journaliste de l’AFP.
– Un parcours militaire à la présidence nigériane –
Avant son élection en 2015, Muhammadu Buhari avait gouverné le Nigeria d’une main de fer en tant que militaire dans les années 1980, avant de se réinventer en « démocrate converti ».
Pendant son deuxième mandat -il a été réélu en 2019 – ses fréquents déplacements à l’étranger, principalement dans la capitale britannique, pour des soins médicaux ont régulièrement suscité des inquiétudes sur son état de santé et sa capacité à assurer le pouvoir.
Depuis dimanche, de nombreux dirigeants ont adressé des messages de condoléances, comme le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président sierra-léonais Julius Maada Bio, la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ou encore le premier ministre indien Narendra Modi.
Le gouverneur de Katsina, Dikko Radda, a décrété lundi jour férié afin de permettre aux habitants de l’Etat de se recueillir.
A Daura, toutefois, la plupart des commerces sont restés ouverts, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Des écoliers ont été contraints de faire demi-tour et de rentrer chez eux après avoir trouvé leurs écoles fermées, faute d’avoir été informés.
« On nous a dit de rentrer chez nous, qu’il n’y avait pas école aujourd’hui », a déclaré le lycéen Ismail Kabir à l’AFP alors qu’il rentrait chez lui à pied.
– « On ne peut pas pleurer le ventre vide » –
Dans la rue, de petits groupes discutent du décès de l’ancien président.
« Malgré sa santé fragile et son âge avancé, sa mort nous a choqués », a déclaré Abba Musa, un jardinier de 28 ans.
« J’ai été très triste quand j’ai appris la mort de Buhari hier. C’était un homme influent et très respecté ici. Quand il parlait, les gens l’écoutaient », a-t-il ajouté. Bien qu’Abba Musa se dise « en deuil », il ne peut pas se permettre de fermer son commerce et de perdre une journée de revenus.
« Tout le monde est en deuil, mais les commerces restent ouverts parce que les gens doivent survivre. On ne peut pas pleurer le ventre vide », a commenté Aminu Lawan, boucher de 46 ans, tout en débitant un morceau de boeuf.
Pour Nasiru Abdullahi, mécanicien de 35 ans, la mort de Buhari est une « perte énorme » et appelle à un deuil non seulement à Daura, mais dans tout le Nigeria.
« Le vide qu’il laisse sera difficile à combler », a-t-il expliqué, listant les accomplissements de M. Buhari à Daura: la création d’une université, d’une centrale électrique, de systèmes de drainage, l’amélioration de la sécurité…
« Il était sympathique et avait un bon sens de l’humour », a regretté de son côté Sanusi Sani, 55 ans et grand admirateur du défunt président.
Source : Agence France-Presse