La campagne du parti travailliste britannique, favori des législatives, a subi mercredi un premier accroc significatif en raison de la confusion autour de la candidature de Diane Abbott, figure de l’aile gauche du Labour qui s’est dite privée d’investiture.
L’affaire, qui place le chef du parti Keir Starmer sur la défensive, a pris une telle ampleur qu’elle est venue faire de l’ombre aux promesses du jour du Labour pour les élections du 4 juillet, visant à réduire les listes d’attente qui minent le système public de santé, le NHS.
Elle trouve son origine dans une lettre polémique sur le racisme dans le journal The Observer il y a un an, dans laquelle Diane Abbott affirmait que les juifs, les Irlandais, les gens du voyage sont « sans aucun doute victimes de préjugés », mais « ne sont pas soumis toute leur vie au racisme », contrairement aux personnes noires.
Face aux vives réactions, Diane Abbott avait présenté ses excuses et retiré « pleinement et sans réserve » ses propos. « Le racisme prend de nombreuses formes et il est tout à fait indéniable que le peuple juif a souffert de ses effets monstrueux, tout comme les Irlandais, les gens du voyage et bien d’autres », avait-elle fait valoir.
Cette proche de l’ex-chef des travaillistes Jeremy Corbyn, élue depuis 37 ans du nord de Londres, a été réintégrée au sein du groupe parlementaire.
La députée de 70 ans a d’abord affirmé mercredi à la BBC qu’il lui avait été « interdit de se présenter pour le Labour » malgré sa réintégration.
Puis, sur le réseau social X, elle s’est dite « consternée » face aux nombreuses informations de presse selon lesquelles il lui était interdit par le parti de se présenter en son nom, semblant tempérer ses précédentes déclarations.
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« Aucune décision n’a été prise », a assuré Keir Starmer sur Sky News.
– « Gifle en pleine figure » –
Depuis son arrivée à la tête du Labour en 2020, il s’est efforcé de se montrer intraitable face à l’antisémitisme, que son prédécesseur Jeremy Corbyn a été accusé d’avoir laissé prospérer au sein du parti.
Dans une série de messages sur le réseau social X, Momentum, un groupe de l’aile gauche du parti travailliste, a jugé qu’il serait « scandaleux » de réintégrer Diane Abbott pour ensuite bloquer sa candidature, alors qu’elle a été choisie « à l’unanimité » par la section locale du parti.
Il s’agirait d’une « gifle en pleine figure pour Diane, ses administrés et les millions de personnes inspirées par son exemple », a estimé Momentum.
Selon la BBC, Diane Abbott avait été informée dès décembre que l’enquête interne concernant ses propos litigieux était achevée.
Dans la même journée, un autre député du Labour, Lloyd Russell-Moyle, a annoncé sa suspension du parti après la réception par celui-ci il y a quelques jours d’une plainte concernant son « comportement » – sans plus de précisions.
« Une personne (anonyme) a déposé une plainte vexatoire et à caractère politique concernant mon comportement d’il y a huit ans », a déclaré sur X l’élu du sud-est de l’Angleterre, qui ne pourra pas se présenter le 4 juillet pour le Labour.
Le parti travailliste a dit, de son côté, prendre « toutes les plaintes extrêmement au sérieux », ajoutant que celles-ci font chacune « l’objet d’une enquête approfondie conformément à nos règles et procédures ».
Source: Agence France-Presse