Dans une ancienne école créée par Jean Prouvé, une barque en bois surchargée accueille le visiteur: l’artiste camerounais Barthélémy Toguo relève le « challenge » de faire dialoguer ses œuvres avec la réalisation de l’architecte d’après-guerre à Vantoux, dans le nord-est de la France.
Le dialogue s’écrit rapidement: sous les hublots caractéristiques des constructions de l’architecte et designer français Jean Prouvé (1901-1984), les poissons en encre sur toile de Barthélémy Toguo nagent dans l’espace, comme dans un aquarium, avec en arrière-plan de la salle vitrée une vue sur la verdure environnante.
Le lieu devient « comme un sous-marin », commente pour l’AFP Nathan Chicheportiche, fondateur de la galerie Nathan Chiche, qui a pris ses quartiers dans l’école l’an dernier.
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L’édifice, qui porte le nom de son créateur, a été créé « en deux semaines et à deux personnes », en 1951, dans ce village voisin de Metz (nord-est), rappelle Nathan Chicheportiche. Il a été classé « monument historique » en 2001 et a accueilli des élèves jusqu’en 2014.
Au fond, l’ancienne salle de classe, baignée de lumière, abrite des poissons en bronze, « au côté vert-gris, comme s’ils sortaient de l’eau, enfouis comme des artefacts depuis de nombreuses années », observe le galeriste.
– La mer dans tous ses états –
Dans un ancien atelier scolaire, des céramiques émaillées de la série « Balade Aquatique » de Barthélémy Toguo, en bleu Toguo, une couleur portant son nom, montrent différentes formes marines, dont le poulpe de « 20.000 Lieues sous les mers » de Jules Verne, en écho au titre de l’exposition, « 20.000 lieues sous les mers: le voyage de Barthélémy Toguo ».
Cela fait plusieurs années que M. Toguo travaille sur « les problématiques de la mer, de l’océan, de l’eau et du monde sous-marin », explique-t-il, avec un message à faire passer aux visiteurs, de « célébrer les fonds marins, avec tout ce qu’on peut découvrir dans cet environnement plein de surprises ». Il appelle aussi à « la protection de ceux qui y vivent ».
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La barque en bois surchargée, baptisée « Road to Exile » et déjà exposée au musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris, illustre aussi « un chargement qui peut coûter la vie aux gens qui vont monter » dedans, souvent de « jeunes Africains ».
Les migrations contemporaines sont aussi au cœur du travail de l’artiste né en 1967 à Mbalmayo, au Cameroun.
– Espace « unique » –
Au bord des immenses fenêtres, un pupitre à deux places rappelle la fonction première du lieu.
Jean Prouvé s’est distingué par ses pavillons préfabriqués et démontables, ordonnés autour d’un support central métallique.
L’école de Vantoux répond à ces mêmes critères et a été inventée avec un maximum de fonctionnalités. « Après-guerre, ça a choqué, parce que c’était tellement novateur », retrace M. Chicheportiche.
Quand Barthélémy Toguo a visité l’école pour la première fois il y a un peu plus d’un an, il a d’abord trouvé le lieu « étrange et bien pensé ».
« C’est intéressant pour moi de jouer avec cet espace, de partager mon travail avec cet espace qui est unique », raconte-t-il à l’AFP. « La création est sur tous les murs », et désormais, le « challenge » pour l’artiste repose sur « l’accrochage, l’agencement de (ses) travaux, parce que rien n’a été fait au hasard dans cet endroit très inspirant ».
Une sélection des œuvres de l’artiste camerounais est visible au musée de la Bibliothèque nationale de France à Paris, à travers l’exposition « Le monde pour horizon ».
Dans l’ancienne école de Vantoux, l’exposition est visible jusqu’au 31 mai.
Source: Agence France-Presse
