Le Hamas promet de restituer à Israël toutes les dépouilles d’otages encore présentes à Gaza. Mais l’équipe turque de secours, prête à fouiller les décombres, reste bloquée. Elle attend l’autorisation d’Israël. Pendant ce temps, les corps demeurent enfouis. Et le cessez-le-feu vacille.
La Turquie, alliée politique du Hamas, veut peser sur le cessez-le-feu. L’accord, soutenu par Washington, est en vigueur depuis le 10 octobre. Ankara se positionne comme médiateur. Et attend le feu vert d’Israël pour agir sur le terrain.
Une équipe de 81 membres de l’Afad, l’agence turque de gestion des catastrophes, « attend actuellement à la frontière côté égyptien. Ils sont prêts à mener des opérations de recherches et de secours dans les ruines », a déclaré vendredi un responsable turc, précisant que cette mission portait sur la recherche de corps de victimes « israéliennes comme palestiniennes ».
La délégation turque doit entrer à Gaza dimanche. Le Hamas, via des médiateurs, confirme son arrivée. Le territoire est ravagé depuis l’attaque du 7 octobre. Et les corps restent enfouis. Israël n’a pas encore donné son feu vert.
– Matériel spécialisé –
Les spécialistes turcs sont prêts. Ils disposent de chiens de recherche et d’appareils pour détecter les signes de vie. Leur matériel est conçu pour les zones sinistrées. Mais sans feu vert d’Israël, leur mission reste à l’arrêt.
Le Hamas doit fournir des emplacements précis. Les corps sont difficiles à localiser. Certains sont sous les décombres. D’autres ont été enterrés dans des tunnels détruits. La recherche reste lente. Et l’accord vacille.
Vendredi, le Hamas a réaffirmé son engagement. Il promet de rendre les dépouilles. Mais il prévient : la tâche est complexe. Les corps sont dispersés, enfouis, parfois introuvables. Et le temps joue contre la trêve.
Le Hamas l’a reconnu. Certains corps ont été enterrés dans des tunnels détruits par l’armée israélienne. D’autres gisent sous les décombres des bâtiments bombardés. La localisation est difficile. Et le temps presse.
Israël accuse le Hamas de violer l’accord. Le cessez-le-feu prévoyait le retour de tous les otages avant le 13 octobre. Vivants ou morts. Mais certains corps manquent toujours. Et la tension remonte.
Le Hamas a libéré les 20 derniers otages vivants dans les délais. Mais depuis lundi, il n’a rendu que neuf dépouilles sur les 28 restantes. Israël s’impatiente. L’accord de cessez-le-feu vacille. Et les familles attendent.
– Corps rendus, douleurs partagées –
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est à nouveau dit jeudi « déterminé » à ramener « tous les otages », alors que les familles l’ont appelé « à cesser immédiatement la mise en oeuvre de toute autre étape de l’accord », tant que tous les corps ne seraient pas rendus.
En échange du retour des dépouilles, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Vendredi, des personnes en deuil, portant des drapeaux israéliens, ont pris part à Rishon Lezion, dans le centre-sud d’Israël, au cortège funéraire de l’ex-otage Inbar Hayman, dont le corps a été rapatrié mercredi.
Le même jour dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens se retrouvaient dans une mosquée largement détruite de Khan Younès pour les premières prières du vendredi depuis le début du cessez-le-feu, a constaté un photographe de l’AFP.
Des familles se rassemblaient par ailleurs à l’hôpital Nasser pour examiner des photos sur un écran, tentant d’identifier les corps de leurs proches qu’Israël a restitués. Akram Khalid al-Manasra explique à l’AFP avoir identifié son fils « grâce à son grain de beauté sur le nez et à ses dents ».
– Accès restreints –
Les accès à Gaza, tous contrôlés par Israël, restent très restreints. Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en principe ouvrir à l’aide humanitaire le point de passage crucial de Rafah, entre l’Égypte et le territoire palestinien.
Le responsable de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, est entré vendredi dans la bande de Gaza où il a visité une boulangerie qui a « désormais accès au carburant et à la farine, ce qui lui permet de produire jusqu’à 300.000 pains pita par jour », a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Mais alors que l’ONU a déclaré fin août une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël, remédier à la situation « prendra du temps », a estimé vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM), appelant à l’ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien pour « l’inonder de nourriture ».
Une étape ultérieure du plan de Donald Trump prévoit notamment le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.
L’attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1 221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.
L’offensive israélienne menée en représailles a fait 67 967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.
Source: Agence France-Presse