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Nigeria: des entreprises tentent de séduire les armées africaines avec des drones bon marché

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Légers, portables, bon marché, faciles à utiliser: sur leurs stands en marge du Sommet des chefs d’état-major africains, ouvert lundi à Abuja, une demi-douzaine d’entreprises nigérianes tentent de séduire les armées africaines avec des drones proches des modèles grand public adaptés aux besoins militaires.

Depuis le début de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, en 2022, les drones de tous types se sont montrés une arme redoutable, révolutionnant le paysage du champ de bataille. Et les observateurs du conflit ont ensuite suivi de près l’adaptation de drones commerciaux à des fins militaires, notamment pour des missions dites « suicides » – durant lesquelles le drone est détruit en explosant sur sa cible.

En ouvrant le Sommet des chefs d’état-major africains, le vice-président nigérian Kashim Shettima a appelé les pays du continent à investir dans « l’innovation militaire locale » africaine.

Actuellement, le drone tactique turc Bayraktar TB2, avec ses 12 mètres d’envergure et ses quelque 450 kg à vide, capable d’emporter des missiles à guidage laser, reste le modèle « traditionnel » le plus prisé des forces africaines.

Des experts ont indiqué à l’AFP qu’un « système » complet de trois de ces drones coûte environ cinq millions de dollars, un prix très inférieur aux dizaines de millions d’euros à dépenser pour un avion de chasse ou un hélicoptère de combat. L’entretien et la formation sont en outre également plus faciles et moins coûteux.

– nouveaux besoins défensifs –

Mais cela reste bien plus cher que les modèles de la société nigériane Epsilon qui propose des « drones-suicides » à usage unique à partir d’environ 830 euros – sans les explosifs. Des petits « quadricoptères » portatifs de quelques kilos qui tiennent dans un sac à dos.

« Il faut de la vitesse et de l’agilité », explique Oluwagbenga Karimu, spécialiste en systèmes autonomes de cette entreprise qui tenait un stand lors de la conférence du sommet.

Les drones s’imposent donc de plus en plus comme une option bon marché pour les armées souvent peu argentées du continent africain.

Sur un stand de l’armée de l’air nigériane, un gradé ne souhaitant pas donner son nom vante les mérites de drones portatifs qui ne nécessitent pas de piste d’envol et sont moins bruyants que d’autres engins plus puissants.

Ces appareils sont assemblés localement à partir de composants importés, assure-t-il, sans autre détail.

Même si l’armée nigériane dépend encore largement de drones importés et plus lourds, elle a multiplié les achats de ce nouveau type d’engins, complétant ainsi son arsenal avec des drones de surveillance et d’attaque moins coûteux, précise-t-il.

D’un pur point de vue économique, il est bien plus rationnel de sacrifier un petit drone à usage unique que de risquer un appareil militaire au coût très supérieur, explique Muhammad Umar, directeur technique de la société nigériane EIB Group qui fabrique des drones et travaille avec l’armée nigériane.

– Drones à usage unique –

D’un point de vue opérationnel, les soldats « les portent dans leur sac à dos, partent en mission et peuvent frapper si nécessaire », ajoute-t-il.

Mais selon une enquête de l’AFP publiée en juillet, les résultats des drones lors des opérations militaires sont souvent mitigés. S’ils permettent d’améliorer les capacités de certaines armées, ils ne suffisent pas à eux seul d’emporter la victoire. Et leurs conséquences sur les populations civiles sont souvent dramatiques.

Sur le continent, le Soudan a essuyé le plus grand nombre de frappes de drones en 2024, suivi du Burkina Faso, du Mali et de l’Ethiopie, selon les chiffres de l’ONG Acled qui collecte les données dans les zones de conflit.

Et l’essor des drones a parallèlement entraîné de nouveaux besoins défensifs.

Dans la région sahélienne, certains groupes jihadistes ont fabriqué leurs propres engins, en modifiant des modèles commerciaux pour leur permettre d’emporter et larguer bombes ou grenades.

Face à ces drones maison, l’armée nigériane qui affronte des groupes jihadistes dans le nord de son territoire, cherche donc désormais à se doter de systèmes de brouillage.

Source : Agence France-Presse

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