Le déraillement d’un funiculaire à Lisbonne a fait 16 morts, dont au moins 8 étrangers, selon les éléments de l’enquête révélés jeudi par les autorités portugaises, qui ont promis de faire la lumière sur le drame, sans avancer à ce stade d’hypothèse sur ses causes.
– Qui sont les victimes? –
Le dernier bilan a été établi à 16 morts et cinq blessés graves selon le Premier ministre Luis Montenegro, qui a évoqué « une des plus grandes tragédies humaines » de l’histoire récente du Portugal, après qu’il a décrété une journée de deuil national.
Parmi les personnes mortes dans l’accident, survenu mercredi, se trouvent cinq Portugais, deux Sud-Coréens et un Suisse, a ensuite précisé le parquet.
La police judiciaire a de son côté déclaré avoir mené des recherches permettant de conclure « avec un haut degré de probabilité » qu’il y avait aussi parmi ce groupe de victimes décédées deux Canadiens, un Américain, un Allemand et un Ukrainien, portant donc à huit le nombre d’étrangers tués dans la catastrophe.
Il reste donc encore à déterminer la nationalité de trois personnes décédées dans l’accident.
Certains médias locaux évoquaient la présence d’une famille de touristes allemands parmi les victimes, une hypothèse partiellement confirmée par la police.
D’après elle, un homme originaire du pays est décédé dans l’accident. Une femme allemande a été grièvement blessée. Un jeune enfant, également allemand, a été plus légèrement touché. Les enquêteurs n’ont pas confirmé de lien familial entre eux. L’identification des victimes se poursuit.
Parmi la vingtaine de blessés recensés, les secours avaient aussi dénombré au moins 11 étrangers: deux Allemands, deux Espagnols, une Française, un Italien, un Suisse, un Canadien, un Sud-Coréen, un Marocain et un Cap-Verdien.
– Que s’est-il passé? –
Selon un témoignage relayé par les médias locaux, l’un des deux wagons jaunes de l’ascenseur de la Glória a violemment percuté la station d’arrêt située en bas de la pente. Ce funiculaire emblématique fonctionne par un système de contrepoids, alternant montée et descente sur un dénivelé de 48 mètres. L’accident s’est produit au pied de la chaussée, longue de 265 mètres. La scène a choqué les passants et relance les interrogations sur la sécurité de l’installation.
Cette femme et d’autres personnes ont alors aperçu l’autre véhicule dévaler la rue pentue à toute allure, avant qu’il déraille au niveau d’un léger virage et se fracasse contre un immeuble mercredi vers 18 H 00 locales (17 H 00 GMT).
Jeudi, la rue du Funiculaire restait bouclée aux deux extrémités. Pendant plusieurs heures, des enquêteurs en gants bleus et gilets fluorescents ont fouillé les lieux. Ils ont collecté des indices autour de la carcasse du véhicule. En fin de journée, celle-ci gisait toujours là où elle s’était disloquée. L’enquête se poursuit dans un climat de tension et de prudence.
Dans la soirée, les plus hautes autorités portugaises se sont réunies pour rendre hommage aux victimes. Le président Marcelo Rebelo de Sousa, le Premier ministre Luis Montenegro et le maire Carlos Moedas ont assisté à une messe au cœur de Lisbonne. Après la cérémonie, ils ont déposé des fleurs près du site de l’accident. Un geste solennel, marqué par l’émotion et la solidarité nationale.
Lors d’une allocution télévisée, le chef du gouvernement a promis que les autorités allaient « établir toutes les responsabilités » dans le drame.
– Quelle est la cause de la catastrophe? –
Pedro de Brito Boga, patron de Carris, a affirmé en conférence de presse : « La sécurité est une priorité absolue depuis 152 ans. Nous serons intraitables dans la recherche des causes et des responsabilités de cet accident. »
Plusieurs médias ont évoqué la possible rupture d’un câble de sécurité. Le patron de Carris n’a pas confirmé cette hypothèse. Il préfère laisser l’enquête en cours établir les faits. La cause exacte de l’accident reste à déterminer. Les spéculations se multiplient, mais aucune piste n’est validée pour l’instant.
Le directeur de la police judiciaire a été interrogé à plusieurs reprises. Il a affirmé que toutes les pistes restaient ouvertes. Aucune hypothèse n’est écartée pour l’instant. L’enquête se poursuit sans exclusion. Les causes de l’accident restent à déterminer.
« Rien n’est exclu. Nous ne pourrons prendre position que quand nous serons sûrs. À ce stade, il faut garder l’esprit ouvert », a déclaré Luis Neves : « Face à l’avalanche de victimes, de faits et d’éléments à recueillir, avec l’implication de plusieurs structures de l’État, nous ne pouvons pas parler sur ce thème car cela n’aurait pas de consistance. »
Après cet « accident sans précédent », « la ville a besoin de réponses », a insisté le maire de Lisbonne, Carlos Moedas.
– Lisbonne suspend ses funiculaires –
La mairie a suspendu les trois autres funiculaires. Elle veut vérifier leur fonctionnement et leur sécurité. C’est une mesure de prévention. Margarida Castro, responsable de la protection civile, l’a confirmé. Lisbonne agit pour éviter tout nouveau risque.
Car la question de l’entretien du funiculaire, confié à un sous-traitant par Carris, est aussi sur toutes les lèvres.
« La maintenance de cet équipement (…) est externalisée depuis au moins 2007.
M. de Brito Bogas a précisé que la maintenance s’effectue actuellement dans le cadre d’un contrat signé le 20 août et entré en vigueur le 31 août.
« Les inspections périodiques se sont déroulées sans aucune faille (…) Le plan de maintenance de cet équipement a été scrupuleusement respecté », a aussi insisté le patron du gestionnaire des transports lisboètes.
Source : Agence France-Presse