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Coup d’État militaire en Guinée-Bissau : président arrêté et élections suspendues

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Trans Afrique

Mercredi, un Coup d’État militaire en Guinée-Bissau a plongé le pays dans le chaos : les militaires ont proclamé détenir le contrôle total, arrêté le président sortant et suspendu le processus électoral, brisant l’espoir démocratique.

Alors que la nation attendait les résultats de la présidentielle et des législatives, l’espoir d’une transition démocratique s’est figé. Le geste des militaires ne se limite pas à une prise de pouvoir : il symbolise la rupture entre l’attente populaire et la logique des armes.

Dans ce basculement, la tension dramatique s’impose : un pays suspendu entre la voix des urnes et le silence des casernes.

La Guinée-Bissau occupe une position côtière en Afrique de l’Ouest. Elle s’étend entre le Sénégal et la Guinée-Conakry.Depuis son indépendance en 1974, elle a subi quatre coups d’État. Elle a aussi connu une série de tentatives de putsch. Ainsi, l’instabilité politique reste une constante.

C’est un nouveau coup d’État en Afrique de l’Ouest. Depuis 2020, la région a déjà connu une série de putschs. Le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée-Conakry ont tous basculé. Ainsi, l’instabilité s’étend encore.

– Haut commandement militaire –

Le putsch s’est déclenché à la mi-journée. Des tirs ont retenti près du palais présidentiel à Bissau. Des hommes en uniforme militaire ont pris le contrôle de l’artère principale menant au palais. Les journalistes de l’AFP présents sur place l’ont confirmé.

Des centaines de personnes ont fui la zone du palais présidentiel. À pied ou en voiture, elles cherchaient un abri. Des tirs nourris ont retenti à plusieurs reprises. Ainsi, la panique s’est propagée dans la capitale.

En début d’après-midi, le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a pris la parole au siège de l’état-major. Assis derrière une table, entouré de militaires armés, il a annoncé la création d’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre ».

Ce commandement, composé de toutes les branches de l’armée, prend la direction du pays jusqu’à nouvel ordre. Les journalistes de l’AFP présents ont constaté la scène.

« Les militaires ont arrêté le président sortant Umaro Sissoco Embalo, favori de la présidentielle de dimanche, et l’ont placé en prison mercredi à l’état-major. L’AFP a confirmé l’information.

Une autre source militaire a confirmé à l’AFP l’arrestation du président Embalo. Il a été détenu avec le chef d’état-major et le ministre de l’Intérieur. Tous trois ont été arrêtés par les militaires. Ainsi, le putsch a touché les plus hauts responsables civils et militaires.

– « Rétablir l’ordre » –

Le général N’Canha a justifié le putsch par une double nécessité : assurer la sécurité nationale et rétablir l’ordre. Assis au cœur du dispositif militaire, il a invoqué la menace d’un complot révélé par les services de renseignement. Selon lui, ce plan visait à déstabiliser le pays, avec l’implication directe des barons de la drogue.

Cette déclaration ne se limite pas à une justification tactique : elle inscrit le coup d’État dans une dramaturgie plus large. La lutte contre l’instabilité se mêle à la dénonciation d’un pouvoir occulte, celui des trafics qui gangrènent l’État.

Ainsi, le putsch se présente comme une réponse symbolique à une menace souterraine, où la sécurité nationale devient l’argument central pour légitimer la prise de pouvoir.

Les forces de sécurité ont déployé plus de 6 780 membres en Guinée-Bissau.Parmi eux, des éléments de la Force de stabilisation de la CEDEAO. Leur mission : sécuriser le scrutin et la période post-électorale.

– Tentative de perturbation démocratique –

Les missions d’observation de l’Union africaine et de la CEDEAO, ainsi que le Forum des sages de l’Afrique de l’Ouest, ont publié un communiqué. Elles y expriment leur « profonde préoccupation ». Elles dénoncent une « tentative flagrante de perturber le processus démocratique ».

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, suit la situation avec « une profonde préoccupation ». Son porte-parole l’a souligné. Il exhorte toutes les parties à « faire preuve de retenue » et à respecter l’État de droit.

Le Portugal – ancienne puissance coloniale – a appelé au calme et à la reprise du processus électoral.

La Guinée-Bissau, pays très pauvre de 2,2 millions d’habitants, légèrement plus vaste que la Belgique, demeure minée par la corruption. Le pays sert de plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

Les renseignements généraux « ont confirmé l’introduction d’armes dans le pays pour changer l’ordre constitutionnel », a ajouté le général N’Canha.

Le général a annoncé la suspension de « tout le processus électoral ». Il a ordonné la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes. Il a instauré un « couvre-feu obligatoire ».

Ainsi, le pays se retrouve sous contrôle total des militaires. Toutes les institutions sont désormais placées sous leur autorité.

– Opposant arrêté –

Mercredi, les militaires ont arrêté Domingos Simoes Pereira, principal opposant bissau-guinéen. Chef du PAIGC, parti historique qui a mené la Guinée-Bissau à l’indépendance, il avait été écarté de la présidentielle de dimanche. Des proches et un collaborateur ont confirmé son arrestation.

M. Pereira a été arrêté par les militaires. Son sort reste incertain. Un membre de sa famille affirme qu’il « n’est pas en sécurité ». Ainsi, son sort reste incertain.

Des « hommes armés » se sont présentés au siège de campagne du candidat Fernando Dias mercredi et ont lancé des gaz lacrymogènes « pour arrêter MM. Dias et Pereira » qui tenaient une réunion, a indiqué à l’AFP un responsable de son équipe de campagne.

Mercredi en fin de journée, la situation de M. Dias restait inconnue. Aucune information officielle n’a été communiquée. Le silence des autorités entretient l’incertitude.

Les rues à Bissau étaient désertes dans la soirée avec l’entrée en vigueur du couvre-feu et les militaires avaient pris le contrôle de toutes les grandes artères, a constaté l’AFP.

– Attaque armée contre la Commission électorale –

Mercredi, des hommes armés non identifiés ont attaqué la Commission nationale des élections (CNE). Un responsable de la communication, Abdourahmane Djalo, l’a indiqué à l’AFP.

Mardi, le camp de M. Embalo a revendiqué la victoire à la présidentielle. Le candidat de l’opposition, Fernando Dias de Costa, a fait de même.Les résultats provisoires officiels étaient attendus jeudi. Le pays devait patienter avant de connaître l’issue du scrutin. Pourtant, les camps politiques avaient déjà revendiqué la victoire.

Fin octobre, l’armée bissau-guinéenne avait annoncé avoir déjoué une « tentative de subversion de l’ordre constitutionnel », avec l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs.

La proclamation des résultats électoraux a ainsi souvent donné lieu à des mouvements de contestation dans ce pays.

La précédente présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, M. Embalo et son adversaire M. Pereira revendiquant tous deux la victoire.

Source: Agence France-Presse

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