Conservation du léopard en Afrique de l’Ouest : comme tous les grands félins, l’espèce décline, traquée, fragmentée, menacée. Pourtant, dans la Comoé ivoirienne, un miracle subsiste. Selon Robin Horion, chercheur pour l’ONG Panthera, le léopard y résiste, mieux qu’ailleurs. Un bastion inattendu dans une région où sa survie semble compromise.
Cette organisation a mené en 2024 une mission d’observation dans ce parc national de l’extrême nord-est de la Côte d’Ivoire.
– Menaces en Afrique de l’Ouest –
« Si on prend le léopard à l’échelle de toute l’Afrique, la situation n’est pas trop mauvaise, grâce à l’Afrique du Sud et de l’Est », explique à l’AFP M. Horion. « Mais en Afrique de l’Ouest, les léopards sont en danger. Cela veut dire moins de 500 individus matures », répartis sur onze populations du Sénégal au Nigeria.
Pour le lion et le guépard, la situation n’est guère plus reluisante. « Il ne reste plus que deux populations de lions, dont l’une de 200 individus entre le Bénin, le Niger et le Burkina, avec une crise jihadiste là-bas qui les impacte énormément. L’autre population est au Sénégal, dans le Nyo-Kolokoba, où malheureusement on ne parle que de 30 lions », détaille ce responsable de Panthera.
Le guépard est en danger critique d’extinction, avec des espoirs assez faibles. Il est possible que cette espèce s’éteigne dans les 10, 20 prochaines années.
La situation en Afrique de l’Ouest est en fait plus dramatique qu’ailleurs. La démographie, le contexte social, les crises politiques et l’instabilité impactent la conservation.
– Espoir dans la Comoé –
« Le lion est éteint depuis la crise politico-militaire au début des années 2000. Pour les léopards, la situation n’était pas glorieuse à l’époque non plus, où on ne trouvait plus que de rares traces au milieu du parc », rappelle M. Horion.
Mais en 2024, Panthera, en collaboration avec l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), a mené un suivi sur 400-500 km². « Il y a un potentiel pour que ce soit la plus grosse population de léopards en Afrique de l’Ouest. Une très bonne surprise ».
C’était un suivi par piège photographique dans une zone refuge, « la densité est sûrement moindre dans tout le parc ».
C’est un très bon indicateur qui traduit les efforts de l’OIPR menés depuis des années et appuyés par la coopération allemande.
Un autre félin suscite un vif intérêt : le chat doré, considéré comme le félin forestier le plus méconnu au monde. On le trouve dans le sud du parc, au cœur de la zone boisée. Cette région abrite également le serval et le caracal, dont la situation est un peu moins préoccupante, ainsi que la hyène tachetée, réputée pour sa résilience.
– L’inconnu sécuritaire –
En Côte d’Ivoire, deux parcs sont très bien gérés par l’OIPR, Taï (ouest) et la Comoé, toujours selon M. Horion. « Les deux ont une solide population de léopards selon nos résultats. Deux populations distinctes, séparées, et en bonne santé ».
Des discussions sont par ailleurs en cours pour la réintroduction du lion dans la Comoé.
Avec toujours cependant un grand point d’interrogation et une menace latente, la situation sécuritaire dans le nord de la Côte d’Ivoire, où tout peut évoluer très vite, sachant que cela impacte directement aussi la conservation en général.
Source: Agence France-Presse
















