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Agrégation : le Cameroun dans l’impasse du Cames

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Comment la débâcle a été organisée au sommet. Pr Aimé BONNY, Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques, Université de Douala, Cameroun et le Pr Jean BAHEBECK, Faculté de médecine et des sciences biologiques, Université de Yaoundé 1 donnent quelques clés de compréhension. Le Cameroun est classé dernier sur 17 pays au concours d’agrégation de médecine au dernier concours du CAMES qui s’est tenu cette année à Conakry. Loin derrière le Tchad, la république centrafricaine, le Gabon. En d’autres termes, le Cameroun est désormais le dernier pays intellectuel de la dernière région du dernier continent du Monde.

Le CAMES, ou le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur, est l’organe supra étatique de 17 pays à expression française qui coordonne et promeut la production intellectuelle de ces États. L’une de ses missions principales est d’organiser tous les deux ans, dans l’un de ses pays membres, le concours consacrant la promotion des enseignants via le changement de grades universitaires.

Concernant les spécialités médicales, les futurs Maîtres-assistants, Maîtres de conférences (MC) et Professeurs titulaires (PT) desdits pays sont mis à l’épreuve de la vérité scientifique. Après validation des dossiers administratifs dont l’ancienneté comme enseignant (5 ans) et l’ancienneté au grade de Maître-assistant, les candidats à l’agrégation (MC) sont soumis à trois valences d’évaluation de leur aptitude à entrer dans le cercle fermé des sachants. Le premier niveau d’évaluation est l’épreuve de titres ou encore appelé titres et travaux, rend compte de la qualité de chercheur de l’enseignant.

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Les publications dans les revues scientifiques de bon niveau (impact factor) renseignent sur le niveau de l’enseignant à impacter l’évolution positive de la connaissance scientifique dans son domaine. Le second encore appelé la leçon magistrale, consiste à juger la capacité de l’enseignant à transmettre ses connaissances aux étudiants, les membres du jury se transformant en étudiants assidus écoutant leur Maître dérouler son savoir. La leçon évalue également le bagage intellectuel, la capacité de discernement et le niveau de culture médicale et générale du candidat. La troisième valence met le candidat dans une situation de prise en charge d’un patient (cas-clinique).

Alors que plusieurs pays ont proposé à l’agrégation de médecine quelques dizaines de candidats (41 pour le Sénégal et 73 pour la Côte d’Ivoire), des dossiers ne souffrant d’aucune irrégularité administrative, le Cameroun a brillé par deux faits rédhibitoires majeurs : un faible taux de participation (17 candidats) et, bien plus grave, l’irrégularité de 13 dossiers administratifs au préalable admis par le CAMES.

« En effet, les organisateurs du concours ont constaté à posteriori que lesdits candidats présentaient des faux documents de prise de service, afin de respecter la conditionnalité d’ancienneté à la fonction d’enseignant recruté par les universités camerounaises. La raison essentielle de ce délit en faux et usage de faux dont est coutumier l’institution universitaire du Cameroun est la volonté de la haute hiérarchie de l’enseignement supérieur du Cameroun de forcer à tout prix et à tous les prix le passage au grade de professeur agrégé une protégée du système », analyse ces deux enseignants à la réputation confirmée.

Ils poursuivent: « En shuntant tous les filtres de validation des dossiers de candidatures (conseil départemental et conseil de faculté au niveau de la faculté de l’enseignant, conseil universitaire au niveau de l’université et la tutelle ministérielle), le Pr ZE MIKANDE, vice-recteur à l’université de Yaoundé 1, digne fille du « pays organisateur » (originaire du Ministre FAME NDONGO et le Président de la république Paul BIYA), aurait obtenu la caution du Ministre de l’enseignement supérieur pour fabriquer un faux certificat de prise de fonction au profit de sa fille dont l’ancienneté rédhibitoire n’autorisait le dépôt de dossier.

Pour « noyer le poisson » et passer entre les mailles du filet, la protégée du Ministre FAME NDONGO a embarqué dans sa forfaiture 12 autres « naïfs » dont le sort était scellé par anticipation. La détermination du Pr ZE MINKANDE à grossier d’une seconde agrégée sa fratrie n’a d’égal que sa tentative de s’imposer comme membre du jury de sa propre fille ». Pour ces enseignants chevronnés.

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« Il est de notoriété que l’institution universitaire du Cameroun a mis en place un mécanisme de promotion des enseignants aux parchemins douteux, non sans museler les plus brillants. Le Pr Jean BAHEBECK, professeur de chirurgie traumatique dont la compétence ne souffre d’aucune discussion, a été injustement et grossièrement suspendu par le ministre de l’Enseignement supérieur. La procédure contentieuse introduite par lui est pendante au Tribunal administratif. Le Pr Aimé BONNY, agrégé de cardiologie, a fait invalider par le Tribunal administratif de Douala une décision d’un conseil de discipline (blâme avec inscription au dossier). Il est donc aisé de comprendre pourquoi tout un pays comme le Cameroun ne présente que 4 candidats réguliers contre 8 pour le Tchad, 11 (Niger), 16 (Gabon), 17 (République du Congo), 26 (Togo), 22 (Guinée Conakry), 33 (Benin), 49 (Burkina Faso) et maliens ».

Selon eux, « le recrutement des enseignants obéit à des critères peu académiques, privilégiant la proximité idéologique au régime du Président Paul BIYA. Des anciens recalés au concours d’agrégation CAMES se comptant en nombre, sont proposés par le ministre de l’Enseignement supérieur (FAME NDONGO) à la nomination par le chef de l’État comme doyens des facultés et recteurs d’université. Un Ministre dont la longévité à ce poste (plus de vingt ans) ne peut que justifier la sclérose de l’enseignement supérieur du Cameroun. La recherche n’est pas financée et les travaux de thèses des étudiants d’une qualité inadéquate pour déboucher sur des publications sérieuses. Dès lors, la création des revues des facultés de médecine locales est la solution pour que ces enseignants « bichonnés » par le pouvoir puissent justifier d’une épreuve de titres (publication) dont la quantité compenserait la qualité exigée par le CAMES ou les universités des pays occidentaux ».

Toutes choses qui de leurs points de vue » explique dont le très faible nombre de candidats camerounais (17) en comparaison avec les pays de même taille socio-économique tels le Sénégal ou la Côte-d’Ivoire. Des pays plus petits (Benin, Togo, Burkina Faso, Tchad, Gabon, République du Congo, etc.) sont d’ailleurs mieux lotis que le Cameroun en termes de rapport quantité/qualité, reléguant le Cameroun au dernier rang du CAMES ».

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