Accusation de complicité — Jeudi, le Hamas a accusé les États-Unis d’être “complices” des frappes israéliennes menées au Qatar. Selon le mouvement islamiste, l’attaque visait à torpiller les négociations pour une trêve à Gaza. Les responsables visés appartenaient au bureau politique du Hamas.
Fawzi Barhoum, responsable du Hamas, a dénoncé l’attaque comme “une mise à mort du processus de négociation”. Il s’est exprimé à la télévision pendant les funérailles des six victimes du raid.
« Nous affirmons que l’administration américaine est pleinement complice de ce crime », a-t-il ajouté.
L’attaque sans précédent menée mardi par Israël au Qatar visait des responsables du Hamas réunis dans un complexe résidentiel en plein cœur de Doha, la capitale de ce pays du Golfe allié des États-Unis.
Le Qatar a déclaré avoir reçu l’information de Washington dix minutes après l’attaque. Cette notification tardive a suscité l’indignation à Doha. L’événement a provoqué une rare réprimande du président américain Donald Trump. Malgré son alliance avec Israël, Trump s’est dit “très mécontent”.
L’administration Trump a indiqué avoir été prévenue à la dernière minute. Selon elle, l’armée américaine a transmis l’information juste avant l’attaque. « J’ai immédiatement demandé à l’émissaire spécial Steve Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente, ce qu’il a fait, mais malheureusement trop tard pour arrêter » les frappes, a-t-il dit.
Le Qatar héberge le bureau politique du Hamas depuis 2012. À l’époque, les États-Unis avaient soutenu cette décision pour garder un canal de communication ouvert. Le Hamas reste classé comme organisation terroriste par la majorité des pays occidentaux.
– Funérailles sous haute sécurité-
L’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a assisté aux funérailles jeudi. Il était entouré de dizaines d’hommes en tenue traditionnelle qatarie. D’autres participants portaient des vêtements civils ou des uniformes.
Les autorités ont déposé un cercueil enveloppé du drapeau qatari dans la mosquée Cheikh Mohammed ben Abdel Wahab. La cérémonie s’est tenue en présence de dignitaires et de proches des victimes. Cinq autres, drapés aux couleurs palestiniennes, l’ont rejoint. Qatar TV a diffusé les images de la cérémonie.
Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité, installant des points de contrôle tout autour de la mosquée.
Le Hamas a affirmé que les dirigeants du mouvement avaient survécu à l’attaque, mais a fait état de six morts: le fils du négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef du bureau de M. Hayya, trois gardes du corps et un policier qatari.
Le ministère qatari de l’Intérieur a confirmé la mort du caporal Badr Saad Mohammed Al-Humaidi Al-Dosari. Trois autres personnes ont également été tuées. Tous appartenaient aux forces de sécurité intérieure.
Fawzi Barhoum a précisé que plusieurs proches du négociateur en chef du Hamas ont été blessés. L’attaque a touché son épouse, la femme de son fils décédé et ses petits-enfants. Ils se trouvaient dans le bâtiment visé.
Selon les images visionnées par l’AFP, rien ne permettait de confirmer visuellement la présence de Khalil Al-Hayya aux funérailles.
Selon des sources du Hamas, six dirigeants, dont Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment au moment de l’attaque. L’AFP n’est parvenue à joindre aucun d’eux depuis.
– Doha réévalue son rôle –
Le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine du Golfe. Ce petit État gazier joue un rôle clé dans la médiation entre Israël et le Hamas. Il agit aux côtés de l’Égypte et des États-Unis pour tenter de résoudre le conflit à Gaza.
Après les frappes israéliennes, le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani a déclaré que son pays “réévalue tout” sur son rôle de médiateur. Il a annoncé la tenue prochaine d’un sommet arabo-islamique à Doha pour discuter de la réponse à l’attaque.
Mercredi, le Premier ministre qatari a exigé la traduction en justice de Benjamin Netanyahu. À la suite de l’attaque israélienne à Doha, il a directement mis en cause Benjamin Netanyahu.
L’attaque contre des responsables du Hamas à Doha a motivé sa prise de position. C’est après le raid israélien que le Premier ministre qatari a exigé des comptes. L’opération menée à Doha a poussé le chef du gouvernement qatari à réclamer justice. En réaction à l’attaque israélienne, il a dénoncé son homologue israélien.
Les frappes israéliennes ont choqué les monarchies du Golfe. Ces États, longtemps alliés des États-Unis, comptaient sur Washington pour leur sécurité. L’attaque a déclenché une vague de condamnations internationales.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné jeudi l’attaque et appelé à la « désescalade », sans toutefois nommer Israël. Il a exprimé sa « condamnation des récentes frappes à Doha, territoire d’un médiateur clé » et apporté son « soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Qatar ».
Les membres du Conseil saluent le rôle vital du Qatar. Ils soulignent son engagement dans la médiation régionale, aux côtés de l’Égypte et des États-Unis.
Source : Agence France-Presse