Lundi, la Knesset l’a ovationné. Puis, en Égypte, un sommet sur Gaza l’a encensé. Trump président de la paix ? Il y croit. Et il a célébré son triomphe sans retenue.
D’abord, Israël l’a célébré en héros. Le Parlement a distribué des couvre-chefs écarlates au public. Dessus, on lisait : « Trump, le président de la paix ». Un hommage explicite à son discours.
À Jérusalem, Trump a savouré les éloges. Le Premier ministre Netanyahu l’a encensé. Puis, Yaïr Lapid, chef de l’opposition, a fait de même. Le républicain de 79 ans n’a rien caché de son plaisir.
« Un homme nommé Donald Trump est devenu président. Et, mesdames et messieurs, tout a changé. Du jour au lendemain.» Le dirigeant israélien a martelé son message.
– Nobel –
Yaïr Lapid n’a pas mâché ses mots. Selon lui, refuser le Nobel de la paix à Donald Trump fut une grave erreur. Une reconnaissance manquée, malgré les éloges.
Le Nobel l’obsède. Toute la journée, Trump y a fait allusion. Jusqu’à Charm el-Cheikh, station balnéaire égyptienne. Là, il a co-présidé un sommet sur Gaza. Le fil rouge était clair.
À Charm el-Cheikh, Trump n’a rien laissé au hasard. Le sommet sur Gaza, co-présidé avec plusieurs chefs d’État, s’est transformé en tribune personnelle. Sous les projecteurs, le président américain a savouré chaque geste d’admiration. Puis, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a pris la parole. Sous le regard approbateur de Trump, il a annoncé une nouvelle nomination au Nobel de la paix.
Ce n’était pas une première : déjà cette année, Sharif l’avait proposé pour sa médiation dans le conflit indo-pakistanais. Cette insistance, répétée et publique, a renforcé le fil rouge de la journée — une quête de reconnaissance mondiale, orchestrée avec méthode.
Solennel par moments, Donald Trump a parlé à Jérusalem d’un « triomphe incroyable pour Israël et le monde » après la conclusion d’un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages par le Hamas.
– « Beaucoup d’argent » –
« Nous avons réussi ensemble ce que tout le monde pensait impossible. Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient », a clamé le président américain en Égypte, sans s’attarder sur la mise en œuvre à long terme de son plan de paix en 20 points qui s’annonce ardue.
« Tu es le seul capable d’apporter la paix dans notre région », a déclaré le dirigeant égyptien.
A Charm el-Cheikh, Donald Trump s’est conduit en maître de maison, saluant les participants un à un, posant avec un large sourire et un pouce levé, distribuant les bons points.
« Beaucoup d’argent. De l’argent sans limite. C’est aussi un homme bien!, a par exemple déclaré le milliardaire en saluant Mansour ben Zayed Al Nahyan, membre de la famille régnante d’Abou Dhabi.
– « Pas commode » –
Le patron émirati de Manchester City ne se limite pas au football. Il dirige aussi une société d’investissement. Selon la presse, cette structure a injecté des fonds dans une entreprise de cryptomonnaies. Aux commandes : la famille Trump et son émissaire spécial, Steve Witkoff. Une alliance discrète, mais stratégique.
Trump a distribué les compliments. Il a salué Abdel Fattah al-Sissi en l’appelant « général ». Puis, il a évoqué Recep Tayyip Erdogan : « Il n’est pas commode, mais c’est mon ami. » Enfin, il a lancé à Viktor Orban : « Vous êtes fantastique ! » Trois leaders, trois styles, une même stratégie : afficher des alliances sans détour.
Ces trois dirigeants sont critiqués pour leur exercice autoritaire du pouvoir.
Giorgia Meloni était la seule femme cheffe de gouvernement présente au sommet. Trump, fidèle à ses provocations, l’a qualifiée de « belle jeune femme ». Une remarque sexiste de plus, lancée sous les projecteurs. Et un contraste saisissant avec les éloges réservés à ses homologues masculins.
– « Son triomphe » –
Le républicain s’est même invité dans les affaires intérieures israéliennes, en suggérant qu’une grâce soit accordée au Premier ministre, poursuivi pour corruption.
« Les cigares et le champagne ? Franchement, qui s’en soucie ?» Trump a balayé la polémique d’un revers de phrase. Il visait les accusations visant Benjamin Netanyahu et son épouse Sara, soupçonnés d’avoir accepté des cadeaux de luxe contre des faveurs politiques. Une provocation assumée, lancée sous les projecteurs, dans un climat déjà chargé.
Aux États-Unis, le président américain retrouvera une réalité politique moins glorieuse, celle d’une paralysie budgétaire qui se poursuit.
Même chez les démocrates, quelques voix ont salué son action. Bill Clinton, ancien président, a reconnu le mérite de l’accord sur Gaza. Rare compliment, mais lourd de sens. Trump, républicain clivant, a ainsi franchi une ligne : celle qui sépare la critique partisane de la reconnaissance diplomatique.
Donald Trump trouvera aussi en rentrant au pays sa photographie en une du magazine Time, avec ce titre: « Son triomphe ».
Source: Agence France-Presse