L’histoire des jugements des civils dans les tribunaux militaires au Cameroun fait débat. Le ministre Jean de Dieu Momo et Me Sikati se sont livrés à une confrontation sur la politisation de ces structures.
Les deux personnalités ont exprimé chacun sa version des faits sur l’existence des tribunaux militaires et leurs missions. Et tout est parti par une publication du ministre délégué auprès du ministre de la Justice.
Les tribunaux d’exception ont toujours existé
Alors, Jean de Dieu Momo, a imputé à Maurice Kamto la responsabilité du jugement des civils. Par les tribunaux militaires au Cameroun. Ainsi donc. Dans ses écrits, Jean de Dieu Momo, va prendre les émeutes de 2008 comme référence.
Bref, « après les émeutes de 2008, une commission aurait été créée pour réécrire les textes encadrant le tribunal militaire. Lui conférant le droit de juger des civils. Le président de cette commission était Maurice Kamto. Qui était par ailleurs ministre délégué auprès du ministre de la Justice », va écrire le ministre Momo.
Et comme il fallait s’y attendre. Les historiens du droit sont sortis pour recadrer le ministre Momo. D’aucuns ont dit de lui, « avoir menti sur tous les bords. Les tribunaux d’exception ont toujours existé et ont contribué à museler les opinions au Cameroun, bien longtemps avant 2008. Il ne faut pas que parce qu’on est ministre, qu’on pense que le Cameroun a commencé que par eux. Lui-même Momo avait critiqué la justice à une époque », va dire Olivier Ekouma, acteur politique.
Selon Me Sikati, « cette pratique existait bien avant 2008 », va dire l’avocat au barreau du Cameroun. Et par ailleurs cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Alors pour bien situer les citoyens, l’homme va s’appuyer sur des faits historiques. Me Désiré Sika va citer l’affaire du 19 février 1990.
Peines de 2 à 5 ans pour sédition
Avec plusieurs figures politiques comme Maître Yondo Black, Anicet Ekane, Albert Mukong, Francis Kwa Moutome, Rodolphe Bwanga. Vincent Feko, Henriette Ekwe, Charles René Djoudjoce et dame Badje. « Tous furent interpellées à Douala pour avoir tenté de créer un parti politique. Et jugées par le tribunal militaire de Yaoundé. Avec des peines de 2 à 5 ans pour sédition, subversion et affront au chef de l’État ».
Aussi, « devenu avocat quatre ans plus tard, le ministre Jean de Dieu Momo ne saurait ignorer cette phase très émouvante de l’histoire judiciaire du Cameroun», va souligner Me Sikati. Ce dernier va rester dans l’histoire du Cameroun.
«Comme nous le savons tous, Maurice Kamto n’était pas ministre en 1990. Mais le tribunal militaire a pourtant jugé et condamné des civils au Cameroun. L’attribution de cette responsabilité à Kamto constitue un grossier mensonge et un acte de malhonnêteté politique», va-t-il conclure.
Autant donc le dire, ce débat montre les opinions divergentes sur les affaires civiles portées dans les tribunaux militaires. Cela traduit encore les tensions entre l’obligation de juger certains actes conformément au droit militaire. et les accusations répétées de manipulation politique. D’aucuns veulent toujours comprendre la légitimité de poursuivre les civils devant des juridictions militaires.