Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont eu une « bonne » rencontre mercredi à La Haye, un succès en demi-teinte, arraché de haute lutte par l’Ukraine, après un rendez-vous raté au G7 la semaine dernière.
Les deux hommes se sont rencontrés un peu moins d’une heure à l’issue d’un sommet de l’Otan, sans aucun accès pour la presse. La présidence ukrainienne a toutefois diffusé quelques photos de la poignée de mains.
« Nous avons discuté des moyens de parvenir à un cessez-le-feu et à une vraie paix » en Ukraine, a indiqué le président ukrainien sur X, jugeant sa réunion avec le président américain « longue et constructive ».
Donald Trump a évoqué de son côté une « bonne rencontre », mais sans détails sur son contenu.
« Nous avons eu des moments difficiles parfois mais il ne pouvait pas être plus agréable », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse. En février, les deux hommes ont eu une altercation, en direct, depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche.
Ils se sont ensuite retrouvés à la faveur d’un entretien fin avril à Rome, en marge des funérailles du pape François.
– Accentuer la pression –
Fort de ces retrouvailles, le président ukrainien comptait retrouver son homologue américain la semaine dernière au Canada, en marge du G7, pour le convaincre d’accentuer la pression sur le président russe Vladimir Poutine.
Las, le départ précipité de Donald Trump a tout fait capoter, contraignant le président ukrainien à ronger son frein jusqu’au sommet de La Haye.
Et rien n’indiquait que les deux présidents allaient pouvoir se parler. L’Ukraine a été invitée au sommet, mais son président a été prié de rester à l’écart de la réunion de travail mercredi.
Donald Trump s’est finalement laissé convaincre.
Zelensky est « un type sympa (…) nous allons parler de l’Ukraine », a-t-il lancé peu avant de le rencontrer.
« Il mène un combat courageux, c’est un combat difficile », a-t-il ajouté devant la presse.
Selon un responsable à Kiev, Volodymyr Zelensky entendait évoquer, une nouvelle fois, le renforcement de « sanctions contre la Russie » et l’achat d’armes à Washington, notamment des systèmes de défense aérienne Patriot.
« L’Ukraine est prête à acheter ces équipements », a affirmé mercredi le président ukrainien sur X.
« Nous allons voir comment on peut en rendre quelques-uns disponibles », a indiqué Donald Trump, ajoutant cependant qu’ils étaient « difficiles » à obtenir.
Quant aux sanctions envers Moscou, le président américain est resté muet sur le sujet.
– Tribunal spécial –
Les alliés européens de l’Ukraine ne cessent de réclamer leur renforcement, pour contraindre Vladimir Poutine à accepter un cessez-le-feu.
« Nous continuerons avec nos partenaires à mettre la pression pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine », a assuré le président français Emmanuel Macron, après avoir rencontré Volodymyr Zelensky.
Mais rien ne dit que le président américain se laissera convaincre.
En attendant, les principaux alliés européens de l’Ukraine, France, Allemagne, Pologne, Italie et Grande-Bretagne ont renouvelé leurs promesses d’aide lors d’une réunion à l’issue du sommet.
M. Zelensky est pourtant reparti les mains vides en ce qui concerne une future adhésion de son pays à l’Otan, seule garantie de sécurité à ses yeux contre la Russie.
Lors du sommet de Washington l’an dernier, l’Otan avait assuré que l’Ukraine était sur un « chemin irréversible » vers cette adhésion.
– Justice pour l’Ukraine –
Rien cette fois dans la déclaration à La Haye, face à l’opposition des Etats-Unis et de quelques autres pays.
« L’Ukraine ne fait pas partie de l’Otan, tout comme la Russie. Mon travail consiste à ce que cela reste comme ça », a affirmé mercredi à La Haye le Premier ministre hongrois Viktor Orban, ennemi juré de Kiev en Europe.
Après son entrevue avec Donald Trump, le président ukrainien s’est rendu au Conseil de l’Europe à Strasbourg, où il a signé un accord pour la création d’un tribunal spécial pour poursuivre et juger les responsables du « crime d’agression » contre son pays.
« Tous les criminels de guerre doivent savoir que justice sera rendue, et cela inclut la Russie », a déclaré à cette occasion M. Zelensky.
« Nous nous rencontrons à un moment critique dans notre soutien collectif à l’Ukraine, à la justice, au combat contre l’impunité, afin que l’ordre et l’Etat de droit s’imposent », a ajouté le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Alain Berset.
Source : Agence France-Presse