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Yémen: Israël frappe fort le gouvernement des rebelles mais sans les ébranler

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Trans Afrique

Un raid aérien israélien a décimé la semaine dernière une partie du gouvernement houthi au Yémen. Spectaculaire, l’attaque n’a toutefois pas touché le noyau dur du groupe rebelle soutenu par l’Iran, soulignent des experts.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs de drones et de missiles contre Israël et des navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

En représailles, Israël a frappé leurs positions à plusieurs reprises.

Et un raid israélien mené jeudi dans la capitale Sanaa, aux mains des rebelles, a tué le chef de leur gouvernement, Ahmad Ghaleb al-Rahwi, le plus haut responsable politique houthi éliminé par Israël, ainsi que 11 autres personnes, dont neuf ministres, alors qu’ils étaient en réunion.

De violentes explosions ont secoué le sud de Sanaa, provoquant d’épais nuages de fumée et de fortes secousses ressenties jusque dans les quartiers voisins.

– Un coup fatal ? –

C’est une « frappe spectaculaire, mais pas nécessairement un tournant décisif dans la guerre », estime Andreas Krieg du King’s College de Londres, soulignant que le noyau militaire du mouvement, à savoir ses unités de missiles et de drones, ainsi que ses filières de contrebande et son alliance avec Téhéran, restaient intacts.

Le poste de Premier ministre dans l’administration houthie est surtout « symbolique », rappelle de son côté Elisabeth Kendall de l’université de Cambridge. Le « vrai pouvoir », dit-elle, se concentre autour du chef des insurgés, Abdelmalek al-Houthi.

Israël a « supprimé une grande partie de la couche visible du pouvoir, mais pas sa colonne vertébrale », abonde l’analyste yéménite Fatima Abo Alasrar.

– Les Houthis sont-ils infiltrés? –

La frappe montre toutefois qu’Israël a renforcé sa capacité de renseignement sur le Yémen, selon Thomas Juneau, professeur à l’université d’Ottawa.

Ces 18 derniers mois, Israël a frappé « des cibles de plus en plus importantes » dans le pays même s’il n’a pas encore atteint le degré de précision démontré en Iran ou au Liban. Israël a mené des frappes en Iran lors d’une guerre en juin, tuant plusieurs hauts gradés, ainsi qu’au Liban lors d’un conflit en 2024 avec le mouvement Hezbollah, dont la direction a été décapitée.

« Les Houthis ne sont pas structurés comme une armée conventionnelle ni même comme le Hezbollah », note M. Krieg. « Ils fonctionnent comme une insurrection en réseau, tribale, religieuse et milicienne ».

Pour le chercheur, Israël s’appuie probablement sur des « satellites, drones et interceptions de communications, sans doute avec une assistance américaine ou du Golfe ». Mais rien ne prouve une « pénétration humaine en profondeur », estime-t-il.

– Israël peut-il accroître la pression?  –

Après la frappe, Abdelmalek al-Houthi a menacé d’intensifier les attaques contre Israël.

Dimanche, le mouvement a tiré un missile contre un pétrolier détenu par Israël en mer Rouge, axe vital pour le commerce mondial, et mercredi les Houthis ont dit avoir tiré deux missiles balistiques contre Israël, interceptés par l’armée.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait prévenu que « le régime terroriste houthi paiera un prix très élevé pour son agression contre l’État d’Israël ».

Le Yémen se trouve à environ 1.800 km au sud d’Israël. Pendant longtemps, les services de renseignement israéliens et occidentaux l’ont considéré comme une zone périphérique. C’est ce qu’observe Fabian Hinz, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques. Mais le contexte régional évolue. Le pays attire désormais davantage l’attention stratégique.

« Le fait qu’Israël réussisse à cibler cette réunion (à Sanaa) pourrait indiquer qu’ils ont fait des progrès », ajoute-t-il.

« En s’attaquant à des dirigeants, Israël élargit son champ d’action », analyse M. Krieg tandis que M. Juneau estime que le pays « représente une menace croissante pour la direction houthie ».

– Une répression accrue? –

Dimanche, les rebelles houthis ont procédé à l’arrestation d’au moins 11 employés de l’ONU au Yémen. Une source sécuritaire locale a également rapporté des dizaines d’arrestations supplémentaires, visant des personnes accusées de collaboration avec Israël. Ces opérations s’inscrivent dans un climat de répression croissante dans les zones contrôlées par les Houthis. Les tensions régionales, exacerbées par les frappes israéliennes, semblent alimenter une chasse aux informateurs et aux supposés alliés étrangers.

Mme Kendall avertit : les Houthis vont durcir leur contrôle. Ils cherchent à se protéger des espions et des informateurs. Les frappes israéliennes risquent d’aggraver la situation. La population pourrait en subir les principales conséquences. La direction houthie, elle, resterait peu affectée.

Source : Agence France-Presse

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