Le chef du Hezbollah pro-iranien au Liban a affirmé dimanche que sa formation, sortie très affaiblie de la guerre avec Israël, n’allait pas « capituler » ou rendre ses armes, alors qu’elle est sous forte pression pour désarmer.
Naïm Qassem s’est exprimé à la veille d’une visite à Beyrouth de l’émissaire américain, Tom Barrack, à qui les autorités libanaises doivent transmettre leur réponse à sa demande de désarmer la formation chiite, selon une source officielle qui a requis l’anonymat.
« La menace ne nous fera pas capituler (..) qu’on ne nous dise pas aujourd’hui assouplissez vos positions (..) rendez vos armes », a déclaré M. Qassem dans un discours télévisé retransmis devant des milliers de partisans dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, à l’occasion de la commémoration religieuse chiite de l’Achoura.
Il a affirmé qu’Israël devait d’abord appliquer l’accord de cessez-le-feu avec le Liban, entré en vigueur le 27 novembre après plus d’un an d’hostilités dont deux mois de guerre ouverte.
Israël, qui maintient toujours des positions dans le sud du Liban, doit « se retirer des territoires occupés, arrêter son agression (..), libérer les prisonniers » libanais, a-t-il dit.
A ce moment là , « nous serons prêts pour la deuxième étape, qui est de discuter de la sécurité nationale et de la stratégie de défense » du Liban, un terme qui inclut la question du désarmement du Hezbollah, a-t-il ajouté.
– Pas de normalisation avec Israël –
Des milliers de partisans du Hezbollah ont défilé avant le discours dans la banlieue sud de Beyrouth, brandissant des drapeaux du mouvement ainsi que des drapeaux libanais, palestiniens et iraniens.
Ils portaient également des portraits du prédécesseur de Naïm Qassem, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud en septembre dernier.
« Les armes ne peuvent être rendues, ni maintenant ni plus tard. Ceux qui pensent que le Hezbollah va rendre ses armes sont des ignorants », affirme à l’AFP Hussein Jaber, 28 ans, originaire du sud du Liban.
En dépit du cessez-le-feu, l’armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser la formation pro-iranienne et accusant les autorités libanaises de ne pas en faire assez pour la désarmer.
Dimanche encore, l’Agence de presse officielle libanaise ANI a fait état de bombardements israéliens sur le sud et l’est du pays. Samedi, les autorités avaient annoncé qu’une personne avait été tuée et six autres blessées lors de raids israéliens dans le sud.
L’armée israélienne, qui devait retirer ses troupes du Liban en vertu du cessez-le-feu, maintient cinq positions dans le sud du pays, qu’elle juge stratégiques, et détient des prisonniers libanais.
Le chef du Hezbollah a aussi affirmé que son parti « n’accepterait pas une normalisation (…) avec l’ennemi israélien ».
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a récemment affirmé qu’Israël était intéressé par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban, avec lesquels il est toujours en état de guerre.
Le Liban n’a pas commenté et la Syrie a jugé « prématurées » les discussions à ce sujet.
– Achoura sous protection à Damas –
L’Achoura, marquant la mort du petit-fils du prophète Mahomet, l’imam Hussein, tué lors d’une bataille au VIIe siècle, est commémoré ces jours-ci par les chiites des pays de la région.
Les commémorations les plus massives ont eu lieu dimanche en Irak, notamment dans les villes saintes de Najaf et Kerbala (centre).
Dans le sud du Liban, des centaines de personnes se sont rassemblées à Nabatiyé, localité régulièrement visée par les frappes israéliennes.
Ali Mazraani, un habitant, affirme à l’AFP qu’il y avait moins de monde que de coutume, « en raison (…) des frappes israéliennes qui ont détruit le souk et plusieurs quartiers de la ville ».
A Damas, où la petite communauté chiite vit dans l’inquiétude depuis qu’une coalition islamiste sunnite a renversé en décembre le régime de Bachar al-Assad soutenu par l’Iran, quelques centaines de fidèles ont commémoré l’Achoura sous protection des forces de sécurité au mausolée de Sayyeda Zeinab, selon un correspondant de l’AFP.
Source : Agence France-Presse