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Présidentielle au Cameroun: de jeunes votants entre Espoir et résignation

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La majorité des Camerounais qui voteront dimanche à la présidentielle n’ont connu qu’un seul chef d’État : Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans. Alors qu’il brigue un huitième mandat à 92 ans, les jeunes électeurs oscillent entre espoir et résignation.

Avec l’exclusion du scrutin de Maurice Kamto, son plus farouche rival, et une opposition qui reste divisée, peu d’observateurs anticipent un autre scénario qu’une nouvelle réélection de Paul Biya.

Mardi à Maroua (nord), lors de son premier et peut-être seul meeting de campagne, le président a promis aux jeunes « qu’aucun d’eux, qu’il soit diplômé ou non, ne serait laissé au bord du chemin ».

Les candidats de l’opposition, notamment Issa Tchiroma Bakary, ministre démissionnaire du gouvernement de Paul Biya, Cabral Libii, 45 ans, et Bello Bouba Maigari, 78 ans, multiplient quant à eux les déplacements à travers le pays.

Au Cameroun, où une personne sur deux a moins de 20 ans et le taux de chômage peut parfois atteindre 35% dans les grandes villes, selon le Fonds national de l’emploi (FNE) du Cameroun, une partie de la jeunesse « réclame le départ des vieux », estime le Dr Aristide Mono, enseignant-chercheur en sociologie politique et directeur de cabinet de la Société camerounaise d’intelligence et de recherche. « Mais elle est très mal organisée et divisée », notamment par « le tribalisme », ajoute-t-il.

À quelques jours du scrutin, l’AFP a recueilli les témoignages de plusieurs jeunes qui y voteront pour la première fois.

– « Joué d’avance »: Sylvie, 20 ans, étudiante à Douala –

« Vu la manière dont les choses se passent ici, je pense que l’élection est jouée d’avance.

Mais je voudrais qu’on change de président. Pour avoir plus d’opportunités et que nous, les étudiants, puissions espérer trouver rapidement un emploi.

Un président à cet âge au pouvoir est mauvais pour le pays. C’est mieux qu’il s’en aille et laisse la place aux jeunes. Il y a tellement de choses à faire : les routes, l’éducation, le chômage.

Je n’ai pas l’intention d’aller ailleurs, j’ai espoir en mon pays. Mais les vieux qui occupent le pouvoir doivent laisser la place à la jeunesse d’aujourd’hui. »

– « Convaincu par Paul Biya »: Giovanni, 20 ans, étudiant à Douala –

« Certains pensent qu’il doit quitter le pouvoir. Mais moi, je me dis que Paul Biya a encore des choses à apporter.

Malgré le fait que certaines promesses n’aient pas été réalisées, je compte sur lui, c’est un sage. Je ne regarde ni son âge ni son état de santé, mais plutôt son expérience, son parcours.

Je veux un président qui ait une bonne vision pour nous ,les futurs travailleurs. Certains candidats comme Cabral Libii et Hiram Iyodi qui est aussi un jeune ont de bons programmes, mais je reste convaincu par l’idée d’un nouveau mandat de Paul Biya. »

– « Je crois au changement »: Boris, 26 ans, ingénieur en informatique à Buéa (sud-est) –

« J’ai hâte que le vote arrive. Je crois au changement et c’est uniquement à travers une élection qu’il peut arriver.

Je garde espoir en un meilleur Cameroun où la jeunesse pourrait avoir du travail. J’imagine qu’un jour le Cameroun ressemblera à Paris, avec une éducation accessible et peu chère, où on peut conduire en toute sécurité sur nos routes…

Cela fait plus de 10 ans que la région dans laquelle je vis est en crise. Pour le moment, tout va bien, mais on ne sait jamais quand ils (les séparatistes de la zone anglophone) peuvent frapper. Je suis en colère car nous perdons nos frères et sœurs dans cette crise. Avant tout, je veux vivre dans un pays uni. »

– « Aucun espoir »: Théophile, 24 ans, artiste plasticien à Douala –

« Je ne compte pas voter, j’avais un choix : Maurice Kamto. Ce choix n’est plus disponible. Son exclusion de la course a été une énorme déception ; je vois ça comme une arnaque.

À présent, je n’ai plus aucun espoir pour le pays. Tout ce que je fais actuellement au Cameroun est par dépit. Je suis artiste plasticien et je me retrouve à vendre des sous-vêtements au marché pour régler mes factures.

Je suis comme en escale, dès que l’opportunité de partir arrive, je m’en vais. Peu importe le pays, le plus important est que je sois quelque part où je peux exprimer mon talent et vivre de mon art de la manière la plus digne possible.

Tant que le système perdurera, il n’y aura rien à faire. Il faut qu’il y ait une alternance. Rester 43 ans au pouvoir est une manière de se moquer de nous. Ce n’est pas le seul Camerounais qui est capable de proposer quelque chose. »

Source: Agence France-Presse

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