À cinq jours du scrutin présidentiel du 12 octobre, Paul Biya signe son retour politique. Après des mois d’absence, il tient mardi à Maroua son premier meeting de campagne. À 92 ans, le chef de l’État camerounais, au pouvoir depuis 1982, tente de rallier une région stratégique : l’Extrême-Nord.
« Ma détermination à vous servir demeure intacte », déclare le président d’une voix ferme. Devant la foule, il signe son retour sur la scène publique, absent depuis mai 2025. Il conclut : « Je vous demande, une fois de plus, de m’apporter votre précieux soutien. »
Le plus vieux chef d’État en exercice au monde, longtemps absent de la campagne, finit par tenir son meeting. Des journalistes de l’AFP confirment sa présence. Ce retour marque un tournant dans la mobilisation présidentielle.
Tandis que ses adversaires sillonnent le pays, Paul Biya lance sa campagne le 27 septembre. Il publie une vidéo sur les réseaux sociaux, aussitôt critiquée pour ses images générées par intelligence artificielle. Ce choix soulève des questions sur l’authenticité de sa communication.
– « Un certain mutisme » –
« Le candidat sortant brille par un certain mutisme », explique Aristide Mono, analyste politique au Cameroun. Son allocution à Maroua est son premier discours devant ses électeurs depuis l’annonce de sa candidature, le 13 juillet, dans un tweet publié sur le réseau social X.
Paul Biya rentre au Cameroun le 1er octobre, après un mystérieux « voyage privé » en Suisse. Ce déplacement avait suscité des inquiétudes sur son état de santé. En début d’après-midi, il atterrit à l’aéroport de Maroua, relançant sa présence sur le terrain.
Aux côtés de Chantal Biya, vêtue d’une robe blanche à fleurs bleues affichant le portrait de son mari, Paul Biya prend la parole. Pendant près de 25 minutes, il insiste sur les jeunes, les femmes et les infrastructures. Son discours vise à rassurer et mobiliser.
« Mon objectif est que chaque jeune, où qu’il soit, puisse trouver aisément un emploi ou devenir entrepreneur. « Aucun jeune, diplômé ou non, ne restera sur le bord de la route », a-t-il lancé. Devant plusieurs centaines de partisans du RDPC, réunis au stade municipal de Maroua, il a martelé son engagement. La forte présence policière souligne la tension ambiante.
Les organisateurs espéraient près de 25 000 participants. Pourtant, seules quelques centaines ont fait le déplacement, selon nos correspondants sur place. Ce contraste souligne le faible engouement autour de l’événement.
– Région cruciale –
Comme en 2018, Paul Biya choisit Maroua pour lancer sa campagne. Cette ville frontalière du Nigeria et du Tchad, située dans l’Extrême-Nord, reste un bastion électoral avec 1,22 million d’inscrits. Pourtant, elle subit régulièrement les attaques de Boko Haram.
Des figures du Nord, comme Tchiroma et Bello, ont rompu avec Biya pour briguer sa succession. Dès lors, cette région devient un levier décisif dans l’issue du scrutin du 12 octobre, analyse Arrey Ntui, de l’International Crisis Group.
Neuf jours après le lancement officiel de la campagne, Maurice Kamto fait sa première apparition publique. Pendant ce temps, plusieurs candidats — Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba Maïgari et Cabral Libii (troisième en 2018) — sillonnent le pays. Ainsi, chacun tente de mobiliser les électeurs sur le terrain.
Maurice Kamto, figure de l’opposition, a vu sa candidature rejetée en août. Malgré l’échec des négociations pour une candidature unique, il appelle les électeurs à voter librement. Ainsi, il maintient son engagement démocratique face aux divisions internes.
Le scrutin du 12 octobre sera le huitième auquel participera Paul Biya, candidat à un nouveau mandat de sept ans.
Source: Agence France-Presse
