Présents en nombre dans une église de Moscou pour Pâques, hommes et femmes de tous âges font le signe de croix en écoutant le chant du prêtre. Parmi les fidèles, beaucoup disent espérer une fin prochaine des hostilités avec l’Ukraine.
Portant des habits rituels blancs, le prêtre entonne la liturgie orthodoxe devant une banderole marquée des mots « le Christ est ressuscité », à laquelle la foule répond périodiquement en choeur : « il est vraiment ressuscité ! », la formule traditionnelle en Russie pour Pâques, l’une des fêtes les plus importantes du calendrier chrétien.
Après avoir allumé quelques cierges, l’assistance sort ensuite de l’église pour défiler en procession dans la rue, tenant des icônes et entonnant des chants religieux, avant d’être aspergée d’eau bénite.
« Tout ira bien, je le crois. Pâques est toujours synonyme d’espoir – espoir de bonnes choses, de quelque chose de meilleur », dit à l’AFP Alexandre Jidtchenko, chercheur à l’Académie russe des sciences.
Comme d’autres, il se félicite du cessez-le-feu en Ukraine annoncé par le président Vladimir Poutine pour Pâques, samedi et dimanche, et accepté par son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
– « Être avec sa famille » –
Si la Russie et l’Ukraine se sont accusées de nombreuses violations de cette trêve, le front était beaucoup plus calme que d’ordinaire dimanche, ont constaté les journalistes de l’AFP et des soldats ukrainiens interrogés.
« Nous devrions vivre dans l’unité et non dans le conflit et ne rien laisser nous diviser », poursuit M. Jidtchenko, âgé de 33 ans.
Ukraine : Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu’elle a annoncé
« Je crois qu’un jour cette folie prendra fin mais pas tout de suite. Tout est encore incertain car nos relations avec l’Ukraine sont loin d’être stables. Des gens meurent, de jeunes hommes périssent. C’est très dur », acquiesce Irina Volkova, une retraitée de 73 ans.
Pour Pâques, « tout le monde devrait être à la maison, avec sa famille (…), avec ses proches, apportant de la joie à ses proches, à sa terre, à son pays – et non pas là-bas », en Ukraine, juge pour sa part Marina, comptable 39 ans.
Vladimir, un retraité de 65 ans, considère de son côté que la « Russie doit être forte et puissante ». « Il n’y a pas d’autre solution, sinon nous serons écrasés. Alors il y aura la paix ! Les gens ont peur des forts », veut-il croire.
– Espoirs de paix –
Galina Evseïeva, 68 ans, ne tarit pas d’éloges pour Vladimir Poutine et son annonce de cessez-le-feu de 30 heures. « Je pense qu’il est vraiment remarquable. Notre président est l’un des meilleurs. Si seulement il y avait plus d’hommes intelligents et de dirigeants comme lui », lance-t-elle.
Des tentatives d’instaurer un cessez-le-feu pour Pâques ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en Ukraine, en avril 2022 et en janvier 2023, mais elles ont échoué face au refus de Moscou pour la première et de Kiev pour la seconde de faire taire les armes.
Si l’intensité des combats semble avoir diminué ce week-end à l’occasion de cette trêve surprise, les discussions en vue d’une cessation plus longue des hostilités ou d’un règlement du conflit plus global sont au point mort.
Kiev et Moscou acceptent de cesser les hostilités en mer Noire, annonce Washington
Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois proposé dimanche un « cessez-le-feu inconditionnel » de 30 jours. Une initiative américaine similaire avait déjà été récemment rejetée par Vladimir Poutine, qui a dit vouloir un accord global plutôt qu’une pause dans les affrontements.
Les efforts de paix de Donald Trump, qui veut mettre un terme à l’offensive russe en Ukraine le plus vite possible, n’ont pour leur part abouti qu’à deux trêves limitées et à la mise en oeuvre restée incertaine.
Visiblement frustré par l’absence de progrès dans les pourparlers, le président américain a menacé de se retirer des négociations, une éventualité qui laisserait le pire conflit en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, déclenché il y a plus de trois ans, se poursuivre.
Source : Agence France-Presse