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Mairie de Dibombari : cafouillage dans les comptes

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La mairie de Dibombari connait une situation d’exception. Pour certains observateurs, cette collectivité territoriale décentralisées fonctionne en régime spécial. Rien n’est fait dans l’orthodoxie.

Après la session convoquée le 22 novembre 2024 et dont les comptes n’avaient pas été adoptés faute de quorum, une autre a été convoquée le mercredi 27 novembre 2024, soit 6 jours après. Rendus donc à l’hôtel de ville ce jour, les journalistes, ont été interdits comme le 22 novembre, de vivre l’instant des travaux « Nous avons reçu les consignes de ne laisser aucun journaliste franchir le seuil de la porte d’entrée là où va se tenir la session. Nous n’allons pas vous brutaliser, mais il faut garder la distance », nous a dit très poliment un des agents. C’est donc sous les arbres du petit jardin municipal que nous avons trouvé l’espace, le temps d’attendre glaner quelques informations.

C’est alors qu’on a vu le groupe de 17 conseillers contestataires se mobiliser en direction du hall de la mairie. Impossible de le suivre, la barrière de sécurité est immense. Mais une fois à l’intérieur, les informations tombent « ils sont assis devant la porte de la salle des actes. Ils veulent empêcher l’entrée du préfet qui selon eux, cautionnent le jeu malsain du maire qui a choisi de faire avec 14 conseillers pour voter les comptes de l’institution », nous informe une source avec des images à l’appui.

Autour de 13h, c’est l’arrivée de Nwin Sintat, adjoint du sous-préfet de Dibombari représentant, Yves Bertrand Noël Ndjana, préfet du Moungo et avec lui, un fort dispositif de force de maintien de l’ordre. Gendarmes et policiers sont à sa suite, « C’est carrément un spectacle désolant. Une bagarre sans fin et comme les autorités administratives sont sourdes et muettes face à tout ce qui se passe ici à Dibombari, jusqu’à ce que le pire arrive… », a déclaré un agent communal.

Quelques 5 à 10 minutes après, le groupe de 17 est dehors et les médias accourent pour avoir des réactions. Dr Philibert Komé, l’un des contestataires ne se fait pas prier. Cette fois-ci, les agents mis pour interdire les journalistes d’effectuer leur travail, ne sont plus là. Le ton est à l’énervement

«La situation est telle que le préfet n’a pas décidé de venir, il a donné mandat au sous-préfet de le représenter, c’est ce qui est fait. Alors nous les 18 conseillers, avons décidé une fois de plus de ne pas prendre part audit conseil. C’est pour cela que nous nous sommes regroupés à l’entrée de la salle du conseil pour exprimer notre mécontentement et notre indignation.

Parce que, figurez-vous, le conseil municipal de Dibombari est composé de 35 conseillers municipaux. Alors, à date, nous avons un décédé, c’est-à-dire que nous avons 34 conseillers actifs. Seulement, nous constatons que le maire fait des convocations aujourd’hui à tête chercheuse, il convoque 30 conseillers sur les 34, on ne sait pas pourquoi.

Raison pour laquelle nous lui avons demandé de nous expliquer pourquoi est-ce qu’il convoque 30 conseillers et pas les 34.

Moi qui parle personnellement, je n’ai pas reçu de convocation ni de document de travail, je ne sais pas pourquoi. La déchéance des conseils municipaux ne se proclame pas.

Elle se constate par un acte administratif ou judiciaire. Alors, d’où vient-il que le maire aujourd’hui cherche à convoquer X et à ne pas convoquer Y ? Parce qu’il voudrait avoir 15 conseillers, n’est-ce pas ? 30 conseillers à l’intérieur, ça fait une égalité, n’est-ce pas ? 15 contre 15. Et la voix du Président doit être plus prépondérante. C’est ça la stratégie. Il nous a demandé d’entrer en salle. On va en débattre ensemble. Et nous lui avons dit non. Nous avons expliqué aux représentants du préfet les faits. Et nous lui avons dit gentiment que nous ne pouvons pas prendre part à cette mascarade », a déclaré le conseiller municipal qui ne s’est pas arrêté là : « Je pense que l’autorité administrative est passée complice de ce que nous décrions aujourd’hui. Mais nous n’allons pas nous fatiguer. Nous allons le crier haut et fort jusqu’à ce que justice soit rendue. On s’intéresse quand même à voir les choses qui sont reprochées aux maires aujourd’hui

Cette manifestation n’a pas empêché la tenue du conseil qui n’a duré que le temps d’approuver les comptes. 10 à 15 minutes à peine, on a suivi l’échos de l’hymne national pour marquer la fin des travaux. « Le conseil s’est tenu et les comptes ont été adoptés avec une majorité relative de 15 voix. Comme les autres ont refusé de participer, il fallait qu’on avance vite pour quitte sur cette affaire. Le travail ne va pas s’arrêter », a dit sous anonymat un conseiller qui a participé au vote.

Commune de Dibombari : le Conseil communal paralysé

Les origines du mal

Les informations recueillies au sein de la mairie révèlent l’autoritarisme du maire. Agents communaux et l’immense majorité des conseillers disent que le maire fait à sa tête : « Il y a un certain nombre de manquements que nous avions constatés et qui sont perpétrés par l’exécutif communal. Premièrement, nous avions constaté qu’il y a eu une absence de délibération, par exemple pour le cas de l’aménagement du stade municipal de Dibombari.

Deuxièmement, il y a eu la construction d’un pont reliant Njouki à Bomono ba Jedu, là aussi il n’y a pas eu de délibération. Il y a le site, de Solé, cet espace devait abriter un stade de football et c’est là où monsieur le maire est allé construire sans avis de personne la cité municipale alors même qu’il y a un espace de 4000 m2 acquis par l’ancien maire pour construire la cité municipale. Le maire actuel a délocalisé ce projet pour le mettre à Solé. On est en train d’investir sur un espace non sécurisé, là aussi il n’y a pas eu de délibération. Il y a la construction d’une salle de classe à l’école publique de Nkapa au beau milieu de l’aire de jeu. Le problème c’est que les jeunes écoliers auront des problèmes d’espace de jeu. Il y a le manque d’eau dans tout l’espace communal, Ensuite il y a l’aliénation de nos engins emblématiques, les Caterpillars qui sont sans moteurs. Des moteurs ont été dépiécés. On ne sait pas si c’est vendu aux enchères », révèle le conseiller Herman Kinguè Njoh.

Le préfet Moungo pointé du doigt

Les populations, du moins la classe politique de l’arrondissement soutient que c’est « le préfet qui cautionne ce désordre. Il a dit qu’il ne viendra plus à Dibombari, parce que la dernière fois, on l’avait filmé et balancé ses textes fabriqués dans les réseaux sociaux. Il ne veut plus tomber dans le même piège. Seulement c’est lui qui manœuvre pour faire de la mairie de Dibombari une collectivité avec un régime spécial où le maire décide tout et tout seul. En fin de course, tout est bloqué. Même le Feicom ne peut reverser les centimes additionnels dès que les comptes administratifs n’ont aucune majorité qui adopte. Sur 34 conseillers, on fait voter 15 alors qu’il faut dans les usages au moins 17. Le compte administratif qui a été adopté est sans fondement. La cour des comptes ne peut pas valider ce genre de document. C’est embêtant », relate un ancien adjoint au maire qui pense qu’il faut convoquer une session extraordinaire. Toute chose qui set de l’avis des contestataires : « Nous attendons une session de conseil extraordinaire. C’est ce que nous attendons depuis. Le préfet, c’est la tutelle qui doit la convoquer. Mais jusqu’ici. C’est une boule de cristal », nous fait encore savoir M. Kinguè Njoh.

Mairie de Dibombari : le préfet du Moungo à la manœuvre

Comment sortir de l’impasse ?

Une question bien difficile. D’un coté on dit avoir tout essayé. De l’autre côté, c’est le mutisme complet : «… Toutes les tentatives ont déjà été faites. Nous avons essayé depuis le début, avec des concertations, pour que nous sortions de cette impasse. La tutelle a fait tout pour qu’on fasse la paix, On a multiplié des réunions, des concertations avec le secrétaire général du ministère de la décentralisation, avec tous les ministres. Nous avons fait des correspondances, ça n’a rien donné jusqu’à présent. Nous continuons dans ce sillage. Nous avons donc vu que pour sortir de cette impasse, il faut d’abord mettre de côté le chef de l’exécutif municipal, afin de bien observer le fonctionnement de cette commune », a déclaré Anthony Ngilla, l’un des doyens du conseil municipal. Les journalistes déjà indésirables dans l’enceinte de l’Hôtel de ville de Dibombari, n’ont pas été autorisés d’approcher le Maire pour prendre sa version des faits. Impossible pour les journalistes de franchir les portes de la mairie. Les lendemains s’annoncent encre bien mouvementés de ce côté-là..

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