L’ex-cheffe de la Cour suprême du Népal, Sushila Karki, 73 ans, est devenue vendredi Première ministre d’un gouvernement provisoire. Le gouvernement provisoire lui confie la transition après les émeutes meurtrières de la semaine. Elle organisera les élections prévues en mars prochain.
Première femme à occuper ce poste au Népal, l’ex-plus haute magistrate du pays a prêté serment en soirée devant le président Ramchandra Paudel. « Félicitations ! Je vous souhaite le succès, ainsi qu’au pays », lui a-t-il lancé devant les caméras de la télévision nationale.
– Transition politique au Népal : dissolution du Parlement et élections anticipées –
Dans le cadre de la transition, la nouvelle Première ministre a un mandat clair. Elle doit organiser des élections à la Chambre des représentants dans les six mois. L’information a été précisée par le secrétaire général de la présidence, Dipak Kaphle.
Sitôt Mme Karki nommée, le chef de l’État a agi sur sa recommandation. Il a ordonné la dissolution du Parlement. Il a fixé les élections législatives au 5 mars 2026. L’annonce a été faite à l’AFP par son porte-parole, Kiran Pokharel.
La dissolution du Parlement était la principale revendication des manifestants. Des jeunes ont pris la tête de la contestation. Ils se mobilisent sous la bannière de la « Génération Z ».
« On a réussi », s’est réjoui le mouvement de jeunes Hami Nepal dans un message publié sur son compte Instagram. « Honneur à ceux qui ont sacrifié leur vie pour permettre ce moment. »
Sushila Karki est une magistrate réputée pour son indépendance. Sa nomination intervient après deux jours de tractations intenses. Le chef d’état-major de l’armée, le général Ashok Raj Sigdel, a dirigé les discussions.
Présent à la cérémonie d’investiture, Sudan Gurung, une des figures de la contestation, a félicité Mme Kurka.
Son nom ne faisait pas l’unanimité chez les protestataires. Ces derniers réclament des changements radicaux. Ils veulent des réformes dans tous les domaines.
L’Inde voisine a salué la nomination de Sushila Karki. Elle espère que cette décision facilitera le retour à la paix et à la stabilité.
– Parlement incendié –
« La transparence du gouvernement est notre priorité. Une éducation de qualité doit être garantie à tous. De vraies opportunités d’emploi et une vie digne sont nos droits », a déclaré James Karki, 24 ans, porte-parole du mouvement.
La crise est la plus meurtrière au Népal depuis l’abolition de la monarchie en 2008. Elle a débuté lundi. La police a ouvert le feu sur de jeunes manifestants. Ces derniers dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites.
Les forces de sécurité ont tué une vingtaine de manifestants. Elles ont blessé des centaines d’autres personnes.
Le lendemain, KP Sharma Oli a tenté de reprendre la main. L’ancien Premier ministre a ordonné le rétablissement de Facebook, YouTube et X. Il a aussi promis une enquête indépendante sur les violences policières.
Mais rien n’y a fait. Mardi, des groupes de jeunes ont repris les rues de Katmandou. Ils ont saccagé plusieurs bâtiments publics. Les manifestants ont aussi visé des résidences de dirigeants politiques. Ils ont attaqué d’autres symboles du pouvoir.
Le Parlement a été incendié, comme la résidence de M. Oli, qui n’a eu d’autre choix que de démissionner.
Âgé de 73 ans, il dirige le Parti communiste (maoïste) népalais. Depuis 2015, il a occupé à quatre reprises le poste de Premier ministre. En 2024, il a formé une coalition avec un parti de centre gauche.
Il incarnait l’élite au pouvoir. La jeunesse, sans perspectives d’avenir, réclamait son départ. L’instabilité politique l’a lassée. La corruption l’a écœurée.
– « Très tendu » –
Depuis le début de la semaine, les troubles ont fait au moins 51 morts. Parmi eux figurent 21 manifestants et trois policiers. Ce bilan a été communiqué vendredi à l’AFP par le porte-parole de la police, Binod Ghimire.
L’armée a repris le contrôle de Katmandou. Vendredi, ses soldats patrouillaient dans les rues désertes. Ils étaient armés et appuyés par des blindés et des chars. La ville restait sous couvre-feu.
Les habitants ont pu sortir quelques heures pour se ravitailler. En parallèle, les équipes poursuivaient le nettoyage. Objectif : effacer les traces des destructions.
« Notre priorité est de faire le plein de carburant. Nous avons besoin de notre moto pour aller travailler », a déclaré à l’AFP Laxmi Thapa, 32 ans. Elle s’est dite ravie de pouvoir enfin sortir.
« On est sortis aujourd’hui car la situation s’améliore », s’est-elle réjouie. « C’était très tendu. »
Une chasse à l’homme de grande ampleur est en cours. Elle vise à retrouver environ 13 500 détenus évadés lors des troubles. Les recherches se poursuivent dans tout le pays.
Moins d’un millier ont été rattrapés. Certains se trouvent en Inde voisine. Vendredi, le porte-parole de la police a donné ce bilan. Il a précisé que 12 533 personnes sont toujours en cavale.
Source : Agence France-Presse