À la suite des prises de position de BMW et Mercedes-Benz, le nouveau patron du quatrième constructeur automobile mondial, l’Italien Antonio Filosa, a lui aussi exprimé ses réserves. En effet, il remet en cause l’interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035 dans l’Union européenne. D’après lui, cet objectif, bien qu’ambitieux, reste difficile à atteindre sans l’introduction de flexibilités adaptées. De plus, ces ajustements sont, selon Filosa, indispensables pour soutenir les constructeurs, d’autant plus qu’ils sont déjà fragilisés par la crise actuelle.
« Les objectifs de baisse de 55 % des émissions (de gaz à effet de serre) d’ici 2030 et d’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 (dans l’Union européenne) ne sont pas réalistes tels que définis », a déclaré dans une interview aux Échos samedi le nouveau directeur général de Stellantis.
« Il faut introduire des flexibilités qui contribueront à la fois à la décarbonation et au maintien de l’activité industrielle », a ajouté le successeur de Carlos Tavares à la tête du 4ᵉ constructeur automobile mondial (Jeep, Peugeot et Fiat).
– Transition verte et appels à la flexibilité –
Depuis mars 2023, la Commission européenne a officiellement acté l’interdiction, prévue à partir de 2035, de la vente de voitures neuves à essence, diesel et hybrides dans l’Union européenne. Cette décision, qui s’inscrit dans le cadre du Pacte vert européen, marque une étape importante dans la stratégie climatique de l’UE. Par conséquent, les constructeurs automobiles devront adapter leurs modèles et leurs chaînes de production.
Toutefois, cette mesure suscite encore des débats, notamment en raison de ses implications économiques et industrielles. Cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre ambitieux du Pacte vert européen (Green Deal), représente un tournant majeur pour le secteur automobile. Toutefois, malgré son adoption, elle continue de susciter des réticences, notamment du côté de l’Allemagne.
Les autorités ont fixé une clause de revoyure pour 2026. Cette étape permettra de dresser un premier état des lieux. Elle ouvrira la voie à d’éventuels ajustements du texte. Ce mécanisme garantit un suivi régulier de la réglementation. Il offre une marge de flexibilité face aux évolutions du marché.
– Vers une flexibilité encadrée de la transition automobile –
Plusieurs constructeurs contestent cet objectif depuis des mois. Actuellement, les constructeurs font face à des ventes de véhicules électriques en net recul. Cette tendance, observée depuis plusieurs mois, reflète les difficultés du marché à absorber les coûts élevés et à convaincre les consommateurs. En conséquence, cette dynamique commerciale fragilisée contribue à ralentir la transition énergétique. Par ailleurs, elle accentue les tensions autour des objectifs climatiques fixés pour 2035, notamment en raison des contraintes économiques que subissent les constructeurs. La concurrence chinoise progresse rapidement. Les droits de douane américains compliquent les échanges. La baisse des bénéfices mondiaux fragilise le secteur.
Le ministère français de l’Industrie s’est exprimé en juin. Il a ouvert la porte à certains assouplissements. Ces ajustements restent possibles dans le cadre réglementaire. Certes, des ajustements peuvent être envisagés afin de mieux accompagner les acteurs concernés. Néanmoins, ces adaptations doivent rester limitées et ne doivent en aucun cas remettre en cause la sortie progressive des énergies fossiles.
De plus, cette transition énergétique constitue en effet l’un des piliers fondamentaux de la politique climatique européenne. À ce titre, elle guide les décisions stratégiques prises au niveau communautaire et structure les objectifs à long terme en matière de décarbonation. À ce titre, elle doit être préservée, même dans un contexte économique incertain. Cette position reflète la volonté de concilier flexibilité et transition énergétique.
– Pression de l’industrie –
Le constructeur allemand de voitures premium BMW a proposé vendredi de repousser à 2050 l’interdiction. La semaine précédente, Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz et président de l’Association des constructeurs européens (ACEA), avait qualifié l’objectif de 2035 d' »inatteignable ».
Sous la pression de l’industrie, la Commission européenne a déjà assoupli en mars les objectifs de réduction d’émissions de CO₂ à moyen terme et sa présidente Ursula von der Leyen doit ouvrir la semaine prochaine un « dialogue stratégique » avec les constructeurs automobiles, peu après le début du salon de l’automobile de Munich (IAA), rendez-vous incontournable pour le secteur.
« Il faut maintenant passer du dialogue stratégique à l’action stratégique. Et vite. Il ne faut pas sous-estimer le déclin rapide de l’industrie automobile européenne », a ajouté Antonio Filosa.
Les journalistes ont soulevé la question de l’échéance 2035. Le débat public met en avant la nécessité de plus de flexibilité. Les industriels réclament des leviers pour relancer le marché. La chute des ventes inquiète les acteurs du secteur. Les experts appellent à ajuster les objectifs pour éviter un blocage.
Ce recul freine le renouvellement du parc automobile. Le parc vieillit faute de demande suffisante.
Il propose de verdir le parc automobile. Il suggère une prime à la casse ou à la reconversion. Ces aides visent les véhicules plus récents et moins polluants. Il recommande d’accorder des supercrédits CO₂ aux petites voitures électriques.
Il demande une meilleure valorisation des véhicules hybrides. Ces mesures doivent soutenir la transition énergétique sans pénaliser les professionnels. Ces mesures visent à « redynamiser le marché » pour « réduire les coûts de production » et « rendre les voitures plus abordables ».
– Priorités aux utilitaires électriques –
Jean-Philippe Imparato avait déjà alerté en juillet. Antonio Filosa réaffirme la priorité à Bruxelles. Il appelle à clarifier la trajectoire de décarbonation des véhicules utilitaires légers. Ce segment souffre d’un manque de demande. Les professionnels hésitent face aux coûts élevés. Stellantis demande des décisions urgentes pour relancer ce marché.
Cette politique menace des dizaines de milliers d’emplois. Le dirigeant appelle à revoir les objectifs climatiques. Il propose de prolonger les délais de trois à cinq ans. Cette extension viserait le segment concerné par la mesure. Il estime que le calendrier actuel ne reflète pas les réalités industrielles.
L’axe industriel reste stratégique pour la France. L’usine d’utilitaires située à Hordain, dans le Nord, en est un exemple. Interrogé sur d’éventuelles fermetures, le dirigeant reste prudent.
Pour l’heure, il estime qu’il est difficile, voire impossible, de se prononcer, dans la mesure où plusieurs paramètres restent incertains. En attendant des clarifications, notamment sur la réglementation européenne, il préfère adopter une position prudente. Dans ce contexte, toute prise de décision prématurée pourrait compromettre l’adaptation stratégique du secteur.. Dans ce contexte, toute décision prématurée pourrait s’avérer risquée. L’évolution des échanges sur la réglementation européenne reste déterminante.
Le marché automobile mondial se régionalise. Il subit la pression des droits de douane et des réglementations. L’Europe a choisi l’électrification complète. Stellantis soutient cette orientation. L’entreprise y a fortement investi. Elle remet en question le rythme et la rigidité de cette transition. Les réalités du marché rendent cette stratégie difficile à suivre.
Source : Agence France-Presse