Le mouvement Gen Z durcit la mobilisation. Instigateur des manifestations lancées à Madagascar depuis le 25 septembre, le mouvement Gen Z appelle à une grève générale et à un rassemblement jeudi matin. Mercredi, il a boycotté la rencontre organisée par le président Rajoelina, présentée comme un moment d’écoute. Pendant que ce dernier recueillait les doléances de dizaines de citoyens, Gen Z dénonçait une mise en scène politique sans réponse concrète.
Face à une contestation généralisée, Andry Rajoelina a renvoyé l’ensemble de son gouvernement. Lundi, il a repris la main en nommant un militaire Premier ministre : le général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo. Ce choix marque un tournant. Le président mise sur l’ordre pour contenir la crise qui secoue l’île, l’une des plus pauvres de l’océan Indien.
Pour renforcer encore le signal, les trois premiers ministres du nouveau gouvernement connus depuis mardi sont ceux des Armées, de la Sécurité publique et de la gendarmerie, car le pays « n’a plus besoin de perturbation mais de paix », a-t-il souligné.
« Parce qu’il a osé défier le peuple malgache en nommant des hommes pour rétablir l’ordre », le collectif Gen Z hausse le ton. Dans un communiqué, il appelle l’ensemble de la population à se mobiliser. Grève générale déclarée. Rendez-vous fixé : jeudi, 09h00, centre d’Antananarivo. Le face-à-face s’annonce frontal.
– La Gen Z refuse l’apaisement –
Le 1er octobre, le mouvement Gen Z a invité la fonction publique à rejoindre la grève générale. Mais sur le terrain, il est difficile de mesurer l’ampleur de la réponse. L’administration a vacillé, sans s’arrêter. Entre peur des sanctions et lassitude, l’adhésion reste floue.
La Gen Z n’a pas attendu l’échéance de son ultimatum, fixé à mercredi soir. Elle a boycotté la rencontre au palais présidentiel, où des dizaines d’intervenants ont défilé au micro. Chacun y a exposé ses blessures : mari emprisonné, fils au chômage, vie quotidienne brisée. Mais pour le collectif, ce déballage ne suffit pas. Il exige des actes, pas des confessions.
Lors d’échanges retransmis à la radio et à la télévision, Andry Rajoelina s’est engagé publiquement : Si les coupures d’électricité persistent à Antananarivo dans un an, il quittera ses fonctions. Le président a juré « devant Dieu », tentant de reprendre la main face à une contestation qui ne faiblit pas. Mais pour le mouvement Gen Z, cette promesse tardive ne suffit pas à restaurer la confiance.
– La Gen Z refuse la mise en scène –
La réunion convoquée par le président Rajoelina, présentée comme un espace d’écoute, a été qualifiée de « simulacre de dialogue » par le mouvement Gen Z. Avec des accents de « grand débat » à la Macron, l’initiative n’a pas convaincu. Le collectif a snobé l’invitation, dénonçant une mise en scène politique sans sincérité. Pour Gen Z, pas de discussion sans reconnaissance des violences et des responsabilités.
Ce qui n’a pas empêché l’un des leaders des manifestations étudiantes de prendre la parole parmi les premiers: « La pauvreté devient très dure ici à Madagascar parce qu’il y a trop de corruption dans le gouvernement », a-t-il asséné. « Ce que vous faites, M. le président, n’est pas bien. »
« Les étudiants ne peuvent se concentrer sur leurs études à cause du manque de lumière. Il n’y avait plus d’eau. Il y a même plein de rats où l’on dort », a-t-il lancé dans une tirade virulente qui a reçu la plus grande ovation de la journée parmi le petit millier de personnes rassemblées dans une annexe du palais présidentiel.
La rue s’est calmée, mais pas vaincue. Les premières nominations gouvernementales, marquées par une militarisation assumée, ravivent les tensions. Le président, désormais plus offensif qu’apaisé, abandonne la contrition. Ce virage pourrait relancer la mobilisation, en lui offrant un nouvel angle d’attaque.
– « Excuses publiques » –
Depuis le 25 septembre, Madagascar s’embrase. Au départ, les manifestants dénonçaient les coupures incessantes d’eau et d’électricité. Mais très vite, la contestation s’est élargie. Aujourd’hui, elle vise directement le président Andry Rajoelina, 51 ans, accusé d’inaction, de mépris et de dérive autoritaire.
Septembre a marqué le deuxième plus haut niveau de manifestations à Madagascar depuis que l’ACLED a commencé à collecter des données en 1997, estime cette organisation compilant des données sur les troubles et conflits. Seuls les manifestations de 2023 avant l’élection présidentielle l’ont surpassé.
Le 29 septembre, l’ONU a recensé au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés. Ce chiffre, établi après les manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité, inclut des passants et des manifestants tués par les forces de sécurité, mais aussi des victimes des pillages et violences qui ont suivi. Les autorités malgaches, elles, contestent ce bilan.
Malgré le reflux apparent de la mobilisation, les habitants d’Antananarivo et de plusieurs grandes villes continuent de manifester. Chaque jour ou presque, des cortèges se forment. La contestation persiste, portée par une détermination qui dépasse les fluctuations du mouvement.
– La Gen Z maintient la pression –
Mercredi encore, une centaine de personnes se sont rassemblées sur les rives du lac Anosy, au cœur de la capitale malgache. Malgré l’essoufflement apparent du mouvement, la présence reste visible. Ce rassemblement, observé par l’AFP, témoigne d’une contestation qui refuse de s’éteindre.
La tension monte à Antananarivo. La veille, les forces de l’ordre ont de nouveau tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Plusieurs blessés sont à déplorer, selon des journalistes de l’AFP. Malgré les risques, le mouvement Gen Z poursuit sa mobilisation. Il réclame des excuses publiques du chef de l’État, la refondation de la Haute Cour constitutionnelle, et la dissolution du Sénat — ou, à défaut, le départ de son président, Richard Ravalomanana.
Le collectif Gen Z revoit ses priorités. Soutenu par une vingtaine d’organisations, il ne réclame plus la démission du président Rajoelina. À la place, il durcit le ton. Trois exigences dominent désormais : des excuses publiques du chef de l’État, la refondation de la Haute Cour constitutionnelle, la dissolution complète du Sénat. Faute de réponse, le collectif hausse le seuil. Il exige le départ immédiat de Richard Ravalomanana, président du Sénat et ex-général de gendarmerie.
En plus du respect des libertés, le mouvement Gen Z durcit le ton. Il exige des excuses publiques du chef de l’État. Il réclame aussi la refondation de la Haute Cour constitutionnelle. Enfin, il demande la dissolution totale du Sénat. À défaut, il exige le départ immédiat de son président, Richard Ravalomanana, ancien général de gendarmerie.
Source: Agence France-Presse