Le groupe armé antigouvernemental M23 se trouvait toujours dimanche à Walikale, selon des habitants de cette ville récemment conquise dans l’est de la RDC, dont il avait annoncé la veille son intention de se retirer pour « favoriser » le dialogue avec le gouvernement.
Selon ces habitants et une source militaire congolaise, ayant tous requis l’anonymat, aucun combat n’était signalé dimanche autour de Walikale, située dans la province du Nord-Kivu et bombardée par l’aviation de la République démocratique du Congo (RDC) les jours précédents.
Des combats opposent en revanche dimanche, selon des témoins, le M23 et des miliciens progouvernement Wazalendo (« patriotes ») à Nyangezi, dans la province voisine du Sud-Kivu, à une vingtaine de km au sud de Bukavu, son chef-lieu aux mains du groupe armé depuis la mi-février.
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Le M23 a annoncé samedi « repositionner ses forces » hors « de Walikale et ses environs », afin de « favoriser des conditions propices aux initiatives de paix et à un dialogue politique », mais a prévenu qu’il ne laisserait pas l’armée de la RDC revenir dans cette ville de quelque 60.000 habitants, et que toute « provocation ou attaque (…) entraînera une annulation automatique de cette décision ».
En prenant position à Walikale, c’est la première fois depuis son apparition en 2012 que le M23 avance aussi loin vers l’ouest à l’intérieur de la RDC.
– M23 « encore ici »
Samedi soir, les forces armées de RDC (FARDC) ont répondu qu’elles allaient « observer avec vigilance » ce retrait annoncé et s’abstenir de « toute action offensive », invitant les milices progouvernementales « à en faire autant afin d’encourager la désescalade ».
« Nous allons évidemment voir si le M23 va se retirer de Walikale » et s’il cherche à « privilégier le dialogue », a déclaré la ministre des Affaires étrangères de RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, citée par la presse locale.
Le Rwanda – dont quelque 4.000 soldats appuient le M23 dans l’est de la RDC, selon des experts de l’ONU – a « salué » dimanche les annonces du M23 et des FARDC, disant souhaiter « un règlement politique et sécuritaire durable pour la région ».
A Walikale, « il n’y a pas eu de bombardements ce (dimanche) matin. Les (combattants du) M23 sont encore ici », a déclaré à l’AFP un habitant de la ville.
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Dimanche, « l’avion des FARDC n’est pas venue bombarder » et les troupes du M23 « sont toujours avec nous » à Walikale, a confirmé une source médicale locale.
« La situation est calme », a abondé un militaire des FARDC, précisant que celles-ci se trouvaient à une vingtaine de km au nord-ouest de Walikale, sans pouvoir confirmer si le M23 avait entamé son retrait.
Mais à Nyangezi, localité à une vingtaine de km au sud de Bukavu, des habitants joints par l’AFP ont fait état de combats entre le M23 et Wazalendo.
« Nous sommes enfermés dans nos maisons » car « les affrontements ont repris », au lendemain de combats similaires, a raconté un habitant à la mi-journée. « La situation est chaotique, tout le monde est enfermé chez soi », a confirmé un acteur de la société civile locale.
– trêves jamais respectées
Des discussions directes prévues le 18 mars à Luanda entre Kinshasa et le M23 – les premières depuis que le mouvement a repris les armes en 2021 – ont été annulées à la dernière minute.
Mais le même jour, les présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame ont « réaffirmé leur engagement à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », à l’issue d’une rencontre-surprise organisée par le Qatar à Doha.
Sur le terrain, des combats s’étaient poursuivis, le M23 prenant le lendemain Walikale, située à la jonction de deux routes menant l’une à Goma – chef-lieu du Nord-Kivu, dont il s’est emparé fin janvier – l’autre à Bukavu, toutes deux situées à environ 230 km de là.
Walikale est proche de gisements d’or et de la mine d’étain de Bisie, la troisième du monde en terme de production, où les opérations sont arrêtées depuis la mi-mars.
En poursuivant vers le nord-ouest, la route mène à la grande ville de Kisangani, où, a annoncé sur X Muhoosi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise et fils du chef de l’Etat Yoweri Museveni, les troupes ougandaises ou le M23 entreront « dans une semaine ».
L’Ouganda, dont des soldats sont présents dans l’est de la RDC, y joue un jeu ambigü, selon des analystes. Et Muhoozi Kainerugaba est connu pour ses commentaires débridés et ses provocations sur X.
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont été décrétés depuis 2021 mais jamais longtemps respectés.
Source: Agence France-Presse
















