Le gouvernement israélien approuve l’accord sur Gaza. Tôt vendredi, il a validé la première phase du cessez-le-feu et la libération des otages. Cette décision intervient après de fortes pressions du président américain Donald Trump, déterminé à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien.
« Le gouvernement vient d’approuver le cadre pour la libération de tous les otages – qu’ils soient vivants ou décédés », indique le bureau du gouvernement, permettant l’entrée en vigueur de l’accord.
Cet accord conclu la nuit précédente en Égypte s’intègre dans un plan de paix en 20 points pour Gaza annoncé le 29 septembre par M. Trump, après deux ans d’une guerre dévastatrice déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Sur les 251 personnes enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, 47 y sont toujours retenues, dont au moins 25 sont mortes, selon l’armée. L’offensive de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza.
La libération des captifs « devrait mettre fin à la guerre », a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, affirmant avoir « reçu des assurances de la part des frères médiateurs et de l’administration américaine, confirmant toutes que la guerre est complètement terminée ».
« Ce qui s’est passé aujourd’hui est un moment historique », a déclaré pour sa part le président palestinien, Mahmoud Abbas, dans un entretien accordé à une télévision israélienne – fait rare -, dans lequel il dit souhaiter « la paix, la sécurité et la stabilité » entre les Palestiniens et Israël.
– Venue « probable » de Trump –
Selon Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, « la version finale de la première phase a été signée ce matin en Égypte par toutes les parties en vue de la libération de tous les otages » retenus à Gaza.
Mme Bedrosian a précisé à l’AFP que tous les otages, vivants ou décédés, seront libérés au plus tard 72 heures après le début du cessez-le-feu. Cela nous mène à lundi.
M. Trump a toutefois observé que les corps de certains otages seraient « un peu difficiles à trouver ».
Avant d’être validé par le gouvernement, l’accord a été validé par le cabinet de sécurité israélien. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir (extrême droite), s’y est opposé.
Dans les 24 heures suivant le cessez-le-feu, l’armée israélienne quittera certaines zones. Elle restera cependant présente sur 53 % du territoire de Gaza, selon Mme Bedrosian.
La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Égypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les États-Unis.
Le président Trump a dit qu’il prévoyait de partir pour le Moyen-Orient. « Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. J’espère être là. Nous prévoyons de partir dimanche, et j’ai hâte d’y être », a-t-il dit.
– « Heureux aujourd’hui » –
À Khan Younès, dans le sud de Gaza, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l’annonce de l’accord. Le territoire, dévasté et affamé, a brièvement vibré d’espoir. Plusieurs pays ont salué l’accord, dont l’Iran, allié du Hamas et adversaire déclaré d’Israël.
« Dieu merci! Malgré tous les morts et la perte d’êtres chers, nous sommes heureux aujourd’hui », a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.
À Tel-Aviv, sur la « place des Otages », des centaines de personnes se sont réunies. Beaucoup portaient un autocollant marqué « Ils reviennent ». D’autres s’embrassaient, se félicitaient et laissaient éclater leur émotion.
« Nous attendons ce jour depuis 734 jours », a dit Laurence Yitzhak, 54 ans.
Avant l’approbation officielle de l’accord par le gouvernement israélien, le texte n’était pas encore en vigueur. Pendant ce temps, des journalistes de l’AFP et des témoins ont entendu des explosions et des tirs d’artillerie dans le centre et le sud du territoire palestinien.
Un responsable du Hamas a précisé les termes de l’échange. Les otages vivants seront libérés contre près de 2 000 prisonniers palestiniens. Cette libération interviendra en parallèle à des retraits israéliens ciblés de Gaza et à l’entrée de nouvelles aides humanitaires. Il n’a pas mentionné les captifs morts.
L’armée israélienne a confirmé se préparer à repositionner ses troupes dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre israélien a remercié M. Trump « pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible ».
Comme Abdel Fattah al-Sissi, il estime que le président américain mérite le prix Nobel de la Paix. Tous deux ont salué son rôle dans l’accord sur Gaza.
– Prochaine étape –
Un responsable du Hamas a indiqué que les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devaient commencer immédiatement. Elles devaient démarrer dès la signature de l’accord sur la première phase.
Celle-ci porte notamment sur un désarmement du Hamas et un retrait des troupes israéliennes.
Jeudi, le président américain a promis un désarmement et un retrait. Il n’a donné aucun calendrier. Il a précisé que la priorité restait le retour des otages.
L’accord prévoit aussi la création d’un « comité de la paix » présidé par M. Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition à Gaza.
Interrogé par la chaîne Al Araby sur ce comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré: « Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent ceci. »
Jeudi, un haut responsable américain a annoncé, sous couvert d’anonymat, le déploiement de 200 militaires. Leur mission : superviser et observer la mise en œuvre de l’accord sur Gaza.
L’attaque du 7 octobre a tué 1 219 personnes. La majorité était des civils. Ce bilan, établi par l’AFP, repose sur des données officielles.
En riposte, Israël a lancé une offensive militaire. Elle a ravagé le territoire, déclenché une grave crise humanitaire et, selon le ministère de la Santé du Hamas, causé plus de 67 194 morts, majoritairement des civils.